VITICULTURE/GASTRONOMIE
Sur la Jet Blue Airways on survole les Etats Unis en dégustant le Royal Seyssel

Fleuron des vins de Seyssel, le Royal Seyssel millésimé retrouve ses lettres de noblesses. On parle de lui dans le New York Times et il remplace désormais le Champagne sur les vols de la Jet Blue Airways.
 Sur la Jet Blue Airways on survole les Etats Unis  en dégustant le Royal Seyssel

Fruit du mariage de deux cépages uniques, l'Altesse et la Molette, le pétillant Royal Seyssel appartient à l'AOC des vins de Seyssel qui comprend également des blancs tranquilles (100% altesse) et des rouges (Gamay ou Mondeuse). C'est la plus petite AOC de France avec une centaine d'hectares sur trois communes : Seyssel et Corbonod dans l'Ain et Seyssel en Haute Savoie. C'est sans doute aussi l'une des plus ancienne puisque Seyssel fut parmi les premières villes, en 1927, à avoir demandé la reconnaissance de ses vins et d'une aire d'appellation. La validation n'est intervenue qu'en 1947.

Un peu d'histoire

Le vignoble de Seyssel daterait semble-t-il du XIe siècle. C'est au début de XXème, qu'il acquiert une réelle notoriété. A cette époque, la mode est au vin pétillant. Pour répondre à cet engouement, les familles Varichon et Clerc créent en 1901 le "Royal Carte Bleu", un pétillant destiné aux têtes couronnées qui prennent les eaux à Aix-les-Bains. On rapporte que la Reine Victoria qui appréciait énormément ce pétillant fut un peu son ambassadrice.
Jusqu'en 1960, il bénéficie d'une grande notoriété qui va progressivement se ternir. Lorsqu'en 2007, la société Boisset, seul producteur de Royal Seyssel, annonce la fermeture du site de production, la décision fait l'effet d'un coup de tonnerre à Seyssel. Totalement anéantis, les vignerons parlent tous d'arracher leur vigne
Seysselan d'origine, 5e génération d'une famille de vignerons, Gérard Lambert était à l'époque propriétaire des caves de Seyssel. « J'étais révolté d'apprendre que ce patrimoine local risquait de disparaître. Avec Catherine, mon épouse tout aussi passionnée que moi, nous avons fait le pari, un peu fou de sauver la viticulture de Seyssel et le Royal Seyssel en particulier ».
Ils décident alors d'acheter les récoltes de la vingtaine de vignerons encore en activité. Gérard Lambert vinifie et élève les vins selon la méthode champenoise. Il mise sur la qualité ce qui jusqu'ici avait été négligée. Il laisse aux vins le temps de se faire. Ainsi, la prise de mousse s'effectue sur une longue durée, au départ de 36 à 48 mois au lieu des 9 mois réglementaires. Aujourd'hui, les Royal Seyssel mâture pendant 5 à 7 ans. Durant cette période, le vin s'assouplit, les bulles s'affinent et les arômes s'expriment pleinement.

 

Le nouveau Royal Seyssel millésimé aux côtés des bouteilles du début du XXème siècle. Extrait de l’article du New York Times qui évoque le Royal Seyssel.

Des cépages à part

« Notre vin est tout à fait unique parce que nos cépages sont liés à notre terroir » rappelle Gérard Lambert. « L'Altesse (ou Roussette) a toutefois de lointaines origines chypriotes. En 1432, le duc Amédée de Savoie a marié son fils (le futur duc Louis I) à la fille du roi de Chypre, Anne de Lusignan. Cette princesse rapporta de son île natale le cépage qui prendra ensuite en son honneur le nom d'Altesse » précise-t-il. « Quant à la Molette, nous connaissions peu de choses sur elle. Lorsque l'on participe à des concours internationaux, on nous demande de cocher les cépages de nos vins. C'est là que je me suis rendu compte que la Molette n'était pas présente dans la liste proposée. Mes réclamations ont attiré l'attention d'œnologues. Grâce à leurs recherches nous avons eu la surprise d'apprendre que la molette était un cépage extrêmement ancien, un ancêtre ou un dérivé du Gouais, lui-même ancêtre de quasiment tous les cépages blancs de France ».

Des efforts récompensés

« En 2016, nous avons racheté 3 ha des vignes cultivé en bio, le reste du domaine est en conversion. Nous allons proposer fin 2020 notre 1ère cuvée Royal Seyssel en biodynamie, millésime 2017 » précise Gérard Lambert. « En tant que président de l'Appellation, après avoir fédéré l'ensemble des acteurs autour du Royal Seyssel, j'aimerais réussir à les amener vers la biodynamie ou au moins la culture bio, ce serait une belle valorisation de notre appellation ».
Au bout de dix ans de travail sur la qualité, le domaine Lambert voit le bout du tunnel. Le Royal Seyssel enfin reconnu a remporté de nombreuses récompenses nationales et internationales. «Dernièrement, nous avons obtenu de bonnes critiques, Guénaël Revel, « monsieurbulles.com ». Spécialiste québécois des vins effervescents, il a décrit le Royal Seyssel : « C'est un mousseux bien élaboré à découvrir pour son cépage très rare dans l'univers des bulles, de plus en plus populaires dans le monde viticole ». Un article dans le New York Times, nous a permis de décrocher un contrat avec la Jet Blue Airways qui, sur ses vols, a remplacé le champagne par le Royal Seyssel ».

Magdeleine Barralon