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PISCICULTURE

Les étangs de la Dombes victimes de la sécheresse

Les étangs piscicoles de la Dombes souffrent d'un déficit en eau depuis plusieurs mois. En mars, le niveau était déjà 50 cm en dessous de la normale. La production risque de subir de lourdes pertes cette année. Un manque d'empoissonnage est d'ores et déjà à craindre pour l'année prochaine.
Les étangs de la Dombes victimes de la sécheresse

Les pisciculteurs de la Dombes tirent la sonnette d'alarme. Alors que nous ne sommes qu'au début de l'été, 80 % des étangs enregistrent déjà des déficits importants en eau. Le niveau de l'étang Léchère, à Chalamont, a baissé de 80 cm, ne laissant que 30 à 40 cm d'eau aux poissons pour survivre. Le propriétaire, Stéphane Mérieux, exploite six étangs pour une surface de 50 ha. « L'hiver a été déficitaire en eau. Nous avons enregistré une baisse de 60 % du niveau des précipitations, alors que c'est à ce moment-là que les étangs se remplissent. Il manquait jusqu'à 50 cm d'eau en mars. Les seuls étangs qui ont fait le plein sont ceux qui ont récupéré l'eau des étangs situés en amont », explique Sylvain Bernard, conseiller piscicole à la chambre d'agriculture. A cela s'est ajouté un mois de juin historiquement chaud et un premier épisode caniculaire aux premiers jours de l'été. Résultats : l'eau s'est réchauffée très rapidement, accélérant l'évaporation et la baisse du niveau des étangs.

Les conséquences pour la filière piscicole sont multiples. En termes de prédation, tout d'abord : les oiseaux piscivores n'ont pas à aller chercher très profond pour attraper leurs proies. En termes de reproduction, également : les déficits en eau étant survenus dès le mois de mars, les espaces végétatifs entourant les étangs ont été insuffisamment immergés et les poissons ont eu beaucoup plus de difficultés à trouver des surfaces de ponte. Une perte en productivité est aussi constatée, conséquence directe d'un ralentissement de la croissance des poissons et d'une mortalité accrue. « Ceux qui meurent les premiers sont les carnassiers, sandres et brochets. Ce sont malheureusement ceux qui ont la meilleure valeur économique », déplore Fabien Chatelet. Salarié de la société civile Passot, il s'occupe de 13 étangs, dont trois aujourd'hui en assec, pour une surface totale de 120 ha. La hausse excessive de la température de l'eau s'accompagne d'une baisse du volume d'oxygène, « les poissons sont à un stade de survie », complète Sylvain Bernard.

Pêches de sauvetage

Les pertes restent pour l'instant très aléatoires. Une réunion est d'ailleurs prévue avec les négociants dans le courant de la semaine du 14 juillet, pour commencer à évaluer le manque à gagner pour la filière. Elles s'élèvent à 100 % dans certains étangs, d'autres, encore en eau, ont été repêchés pour écouler leur production auprès du négoce ou la transférer vers des étangs plus grands. « Ce sont des pêches de sauvetage », précise le conseiller. Et ça n'est que le début de l'été ! En période de canicule, un étang perd entre 1 et 1,5 cm d'eau par jour. Et ce ne sont pas les 40 mm de pluie enregistrés en début de semaine dernière qui suffiront à combler le manque.Les excès du climat se répètent, constate Fabien Chatelet : « soit nous subissons un excès d'eau et des températures trop basse, comme en 2016. Soit c'est l'inverse, il fait trop chaud et trop sec. » « 2014 a été une bonne année. Depuis, c'est difficile : en 2015, il y a eu la canicule ; en 2016, nous avons subi le froid et un manque d'empoissonnage [...] 2017 va être compliquée pour la production. Mais l'année prochaine le sera aussi, car nous allons devoir gérer un nouveau problème d'empoissonnage, dû à la chute de la reproduction cette année. Notre filière est fragile », résume Sylvain Bernard.Les solutions correctives restent limitées. Moins d'un étang sur dix dispose d'un équipement électrique pour d'installer des aérateurs à leur surface et brasser l'eau afin de réintroduire un peu d'oxygène. Les équipements à énergie solaire sont encore trop coûteux, explique le conseiller de la chambre d'agriculture. Des pistes sont actuellement à l'étude pour solliciter un soutien financier pour la filière auprès des pouvoirs publics. Pour l'heure, une étude circule auprès de chaque exploitant pour recenser les situations individuelles.

Sébastien Duperay