Alimentation
Fabriquer ses aliments à la ferme

MLM
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Au Gaec Mont des anges à Montanges, Lorie Petellat et Michael Perrot ont fait le pari de la fabrication d’aliments à la ferme. Ajoutée à un pâturage tournant dynamique et à des choix agronomiques spécifiques, ils espèrent améliorer leurs chances d’atteindre l’autonomie alimentaire, malgré les canicules. 

Fabriquer ses aliments à la ferme
Lorie Petellat et Michael Perrot ont fait installer deux cellules pour fabriquer leur alimentation sur place, à partir de maïs acheté, seigle, triticale, tourteau et méteil. Le tout pour une capacité de 85 tonnes. Photo/MLM

Lorie Petellat et Michael Perrot élèvent 65 vaches laitières montbéliardes et 70 génisses et leur suite sur la commune de Montanges dans le Haut-Bugey. Installés depuis huit ans, hors-cadre familial, en AOP Comté et Bleu de Gex, leur production s’élève à 470 000 litres de lait/an. L’hiver dernier, ils ont décidé d’investir dans deux cellules pour remplacer leur vieux moulin et ainsi pouvoir fabriquer leurs aliments directement sur place. Elles sont reliées à quatre silos, deux de 30 tonnes pour stocker le maïs acheté et le seigle et triticale produits sur la ferme, un de 15 tonnes pour les tourteaux et un de 10 tonnes pour le méteil. Le tout pour une capacité totale de 85 tonnes. Ils se sont chargés du montage et de l’installation électrique (triphasé) eux-mêmes, le père de Lorie étant électricien. Coût de l’investissement, 49 000 € dont 10 000 € de subvention du Conseil départemental pour un coût de production à la tonne du seigle et du triticale de 120 € en moyenne. Mais si le retour sur investissement est assez long, dix ans environ, l’autoconsommation peut-être un pari à faire. Un achat de cette envergure permet non seulement de stocker sur exploitation le surplus qui peut être écoulé lors d’années comme celle-ci, mais permet également de réduire la facture à l’heure où le cours des tourteaux s’est envolé. Au quotidien, la céréale est séchée à l’aide d’un ventilateur. Le minéral, stocké dans une trémie, est intégré au mélangeur de manière automatique. Pour les broyeurs, tout est sur mesure. Si besoin, l’éleveur peut également intervenir pour ajouter d’autres ingrédients tels que le chlorure de magnésium ou l’argile. Le seigle équivalant à l’orge en vitesse de dégradation, pour un mélange seigle/triticale, il convient de ne pas dépasser 1,2 kg/repas ou 3,6 kg/jour. Il est toujours possible de compléter avec du maïs/pulpe. Les concentrés de produits sont envoyés directement dans le distributeur automatique (DAC). 


Une vingtaine d’exploitants se sont rendus sur l’exploitation du Gaec du Mont des Anges le 15 septembre, dans le cadre d’une après-midi organisée par Acsel Conseil Élevage. Photo/MLM

Favoriser la repousse   
 
Rendements garantis, encore faut-il assurer la production pour que le jeu en vaille la chandelle. De ce côté, les sécheresses successives donnent du fil à retordre aux agriculteurs. S’il manque encore 30 tonnes de fourrages au couple pour passer l’hiver, Lorie Petellat et Michael Perrot ont limité la casse en adoptant une gestion de pâturage améliorant leurs chances d’avoir une bonne repousse. Sur leurs 195 ha de SAU, ils consacrent 30 ha aux alpages, 3-4 ha à la culture du sorgho, 8 ha aux céréales et 6-7 ha à la luzerne. Le tout est réparti sur 45 parcelles de 0,5 à 0,8 ha pour favoriser la pratique du pâturage tournant dynamique (pour une rotation de 12 h à 24 h selon la qualité de la repousse). Les deux exploitants ont dû rentrer leur troupeau au 12 juillet, mais grâce à cette méthode les prairies ont rapidement reverdi à l’arrivée des pluies. Ils ont donc pu ressortir les vaches début septembre, après un court intervalle au moment des pluies du 15 août. Et l’éleveur de préciser : « On a laissé du stock sur pied avant de les rentrer parce qu’elles faisaient beaucoup de dégâts. On les a ressorties cinq, six jours avant les pluies du 15 août parce que ça avait repoussé et puis dernièrement en septembre. C’est pour ça qu’il y a encore à manger. Pour l’instant, je ne suis pas pressé de les rentrer, même si c’est pour les faire pâturer que deux à trois heures/jour. On les a sorties au 20 février et s’il faut les rentrer au 15 décembre, on le fera. » La nuit, elles sont rentrées en bâtiment, nourries au sorgho et légèrement complétées en foin (à peine 2 kg/vache). Pour les prairies, les éleveurs ont fait le choix de « laisser tant que c’est joli ». À titre d’exemple, la luzerne a déjà cinq ans, et la chicorée a été plantée en 2014. Pour l’engrais, le couple se limite à 10 tonnes de lisier sur les prairies, 50 m3/an. Pour ce qui est de la fauche, Lorie et Michael font en général le choix de ne pas trop tarder et privilégier la qualité à la quantité. Pour ses couverts, le couple opte pour le sorgho et tournesol, mélangés à des lentilles fourragères, millet, chia, sarrasin, vesces et trèfle. « On essaye plein de choses avec le sorgho, même si les résultats ne sont pas toujours là », admet Lorie Petellat. Les deux exploitants travaillent en semi-direct, plus adapté à leurs sols caillouteux, avec apport de glyphosate (1 l/ha). La plupart du temps, le sorgho est ensilé et servi au vert, les vaches ayant du mal à voir le fil délimitant la parcelle en cas de pâturage.