FILIERE LAITIERE
L’OP Guilloteau et la coopérative la Vallée de l’Ange se préparent à fusionner

Le bras de fer continue entre l’Organisation de producteurs Guilloteau et le groupe Agrial pour obtenir un prix du lait en cohérence avec les charges d’exploitation. En attendant une issue à ce dialogue de sourds, la coopérative la Vallée de l’Ange et l’OP s’apprêtent à fusionner dans les prochains mois. Explications.
L’OP Guilloteau et la coopérative la Vallée de l’Ange  se préparent à fusionner

C'est à Pusignan, dans le Rhône, que s'est tenue le 22 janvier dernier l'assemblée générale de l'OP Guilloteau. L'Organisation de producteurs, présidée par Richard Forest, regroupe aujourd'hui 88 points de collecte (dans l'Ain, le Rhône et la Loire), pour une production de quelque 34,6 millions de litres (en baisse de 6 % par rapport à 2018). En point d'orgue de cette assemblée générale, l'intégration de l'OP au sein de la coopérative de la Vallée de l'Ange, avec un double enjeu : conserver le capital détenu au sein de la SA Fromagerie Guilloteau et l'évolution de la structure en OP commerciale. Pour mémoire, l'OP est née en 2015 de la fusion de trois syndicats locaux (sur le Pilat, la Dombes et le Valromey). Un an plus tard, malgré une offre de rachat de la SA Guilloteau par les producteurs, ces derniers se faisaient damer le pion par Eurial, la branche lait du groupe Agrial qui proposera une surenchère de 13 M€ pour sa reprise.

Une nouvelle entité pour peser dans les négociations

« La question qui est posée aujourd'hui, est de savoir si vous adhérez au projet d'intégrer la coopérative de la Vallée de l'Ange, ce qui vous permettra notamment de bénéficier des fonds propres de la
coop », interrogeait son président, Michel Pivard à l'assemblée des producteurs de l'OP présents. La Vallée de l'Ange, qui regroupe pour l'heure quatre exploitations, pour 2,46 millions de litres collectés en 2019, présente un résultat financier positif de près de
11 000 € et environ 300 000 € de réserve. Une proposition acceptée par 34 producteurs sur les 36 votants (deux votes
« blancs »). Une assemblée générale extraordinaire est prévue au printemps prochain afin d'acter l'extension de la zone géographique, de procéder à la mise à jour des statuts et du règlement intérieur, et redéfinir (à la baisse) le seuil minimum du capital social. « L'objectif est d'avoir une entité qui gère un seul contrat avec Agrial », précisent Michel Pivard et Richard Forest.

Médiation avec Agrial toujours au point mort

Le prix de base payé aux producteurs reste pour l'heure inchangé : 336 € les 1000 litres en janvier 2020 (contre 336,29 € en 2019 ; 358 € toutes qualités confondues). La médiation engagée afin de trouver un accord sur un prix du lait qui prenne en compte les coûts de production reste pour l'instant au point mort. « Agrial veut rajouter sa filiale Eurial comme intermédiaire pour contourner la loi Egalim. La question posée auprès du médiateur il y quelques mois était la suivante : Fromagerie Guilloteau SA n'ayant pas cessé son activité de transformation de lait, ni cédé son activité, peut-elle cesser de s'approvisionner directement auprès de ses producteurs historiques par simple dénonciation de son contrat et obliger les producteurs à changer d'acheteurs, Eurial nous étant proposé comme signataire du contrat, afin de se soustraire à la loi et minimiser le prix d'achat du lait ?! », explique Michel Pivard. Et d'ajouter :
« Si l'entreprise ne veut pas toucher à son résultat, il est tout à fait possible d'aller « chercher » un peu de recettes supplémentaires sur le prix de vente des fromages, facile à justifier au regard des Etats généraux de l'alimentation car l'objectif est de rémunérer correctement les producteurs. Pour 10 000 tonnes de fromages, vendus au consommateur entre 11 et 13 € le kilo, il faut 40 millions de litres de lait. Si l'on attend 40 €/1000 litres cela représente 1,6 M€ pour 10 000 soit 16 centimes d'euro par kilo de fromage ou 4 cts d'euros par Pavé d'Affinois de 250 gr... Nous ne doutons pas que le consommateur soit prêt à mettre ce montant pour soutenir les producteurs ! Le prix du lait n'est donc pas un problème pour l'entreprise Guilloteau, mais bien un problème politique pour le groupe Eurial qui cherche à avoir de la matière première, le lait, à bas prix ! ».

Patricia Flochon