DEBAT
Alternatives aux pesticides : « c’est possible et rémunérateur »

La Frapna organisait une table ronde sur les alternatives aux pesticides jeudi 28 mars à Foissiat. Agriculteurs et acteurs de la filière ont apporté leurs témoignages et partagé leurs expériences.
Alternatives aux pesticides : « c’est possible et rémunérateur »

Les pesticides, les solutions alternatives, les pratiques en agriculture... Autant de sujets sensibles sur lesquels les avis divergent et laissent souvent place à des débats animés. C'est pourtant avec sérénité et presque de façon policée, que la table ronde initiée sur ces questions par la Frapna s'est déroulée jeudi dernier à Foissiat.
Devant une soixantaine de personnes -agriculteurs, acteurs de la filière, membres d'associations ou issus de la société civile- cinq intervenants ont livré leur analyse sur l'usage des pesticides et les solutions pour les contourner.
Marc Peyronnard de France Nature Environnement a tout d'abord rappelé que : « l'agriculture est soumise aux changements climatiques et qu'elle est dans le même temps responsable pour partie de ces changements ». Pour ce maraîcher bio : « si on lutte contre le changement climatique par la biodiversité, c'est tout gagné pour l'agriculture ». « Les milieux naturels sont les plus productifs, a-t-il assuré. Il faut évidemment quelques années pour trouver un équilibre et réduire les intrants. Mais on y parvient ». Un constat partagé par Xavier Fromont, éleveur de vaches allaitantes en bio à Confrançon, pour qui « la conversion n'est pas très compliquée ». « C'est possible et rémunérateur ».

Franchir le pas

Reste que beaucoup d'agriculteurs n'osent pas franchir le pas. La crainte de perdre en rentabilité, le coût que la conversion, le retard du versement des aides, les inquiétudes liées à la future PAC... sont autant de freins à la conversion.
Xavier Fromont s'est pourtant montré rassurant. « Le fait de m'être sorti des pesticides, ça a déjà été un grand soulagement, pour ma santé déjà, a témoigné l'éleveur. Il y a évidemment une part de risque quand on s'en affranchit, mais des gens compétents nous accompagnent ». En ce sens, Laurence Garnier, chargé de mission à la chambre d'agriculture de l'Ain a présenté les leviers d'action mis en place localement, tout en rappelant les objectifs du plan écophyto. De son côté, Héloïse Grimbert du Syndicat de la Reyssouze a expliqué le travail et les partenariats instaurés avec les agriculteurs pour les accompagner dans des pratiques plus raisonnées.

Un public parfois dubitatif

Malgré les actions et les efforts entrepris par nombre d'acteurs de la filière, les agriculteurs subissent aujourd'hui un « agri bashing permanent », a dénoncé Gilles Brenon agriculteur à Saint-Martin-du-Mont, et vice-président de la chambre d'agriculture. « Notre objectif est de ne pas utiliser de pesticides quand nous n'en avons pas besoin. Nous sommes vigilants à ce qu'on utilise ». Cet éleveur porcin a insisté sur l'envie bien réelle selon lui, du monde agricole de s'inscrire le plus possible dans une agriculture raisonnable. Un discours qui n'a pas forcément convaincu l'auditoire. Certaines personnes ont émis des réserves sur la véritable volonté de tendre vers une agriculture plus saine tandis que d'autres ont pointé du doigt le manque d'ambition de la chambre d'agriculture à cet égard.