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Collectivités

Maires : une fin de mandat sur fond de crise politique

Retour sur l’assemblée générale de l’association des maires et des présidents d’intercommunalités de l’Ain qui s’est tenue le 10 octobre à Bourg-en-Bresse. Sécurité, finances publiques, engagement, transition écologique…étaient au centre des débats.

Maires : une fin de mandat sur fond de crise politique
Jean-François Vigier (à gauche), vice-président de l’Association des maires de France, et Christophe Greffet, secrétaire général de l’AMF de l’Ain. ©Patricia Flochon

En cette dernière année de mandat – les élections municipales auront lieu les 15 et 22 mars 2026 – l’assemblée générale de l’association départementale des maires et des présidents d’intercommunalités de l’Ain prenait une tonalité particulière. Jean-Yves Flochon, son président, évoque « un mandat qui a commencé de la pire des façons avec la crise sanitaire (le covid, NDLR) et va se terminer sur fond de crise politique et d’inaction qui a lieu d’inquiéter », ajoutant que « la tragédie gouvernementale de cette semaine prêterait à sourire si les choses n’étaient pas plus sérieuses ». Et Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse et président de Grand Bourg Agglomération, d’enfoncer le clou : « Quel que soit le gouvernement, nous ne serons pas épargnés, que ce soit l’année prochaine ou l’année suivante. La situation actuelle donne non seulement le sentiment d’une sorte de vacance du pouvoir, que tout vacille. Les acteurs économiques ont besoin de sentir que sur le terrain, les maires sont capables de travailler ensemble, de trouver des compromis et une stabilité ». 

Jean Deguerry, président du Département de l’Ain, et porte-parole des Départements de France, avoue quant à lui « une forme de sidération » sur ce qu’il qualifie de « déclassement de notre pays et de notre vie politique », ajoutant : « notre modèle d’organisation territoriale est totalement à repenser. Nous avons besoin d’un Etat fort pour tout ce qui concerne le régalien, mais nous avons surtout besoin d’élus de terrain, engagés au quotidien. Le mandat local reste à mes yeux le plus beaux des mandats ».

« Le mandat local reste à mes yeux le plus beau des mandats »

Et le président du Département de poursuivre : « Ces quatre dernières années, les départements ont eu des dépenses imposées de six milliards d’euros, sans compensation. Le Département n’est pas une banque, ni un guichet de subventions automatiques. L’époque où il pouvait agir seul est révolue. Dans ce moment de fragilité nationale, la force des territoires demeure notre meilleur atout ». Stéphanie Pernod-Beaudon, 1ère vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, déléguée à l’économie, rappellera que les aides de la Région octroyées aux communes représentent un budget d’environ 80 M€ chaque année, tout en rappelant : « On a une vraie urgence de responsabilité, et qui mieux que les maires l’exerce ? ».

Sur les sujets d’actualité, et les vœux des maires, relayés comme de coutume en assemblée statutaire, par le secrétaire général de l’AMF01, Christophe Greffet, ce dernier débutera par un constat suivant, lucide mais sans pour autant fataliste : « Nous ne cessons c’est vrai de gérer à longueur de journée des sujets de personnel et de réglementation, d’investissement et de financement, d’usagers exigeant des droits mais ignorants leurs devoirs », ajoutant dans la foulée : « il n’en demeure pas moins qu’en dépit des limites et des contraintes de la fonction, nous demeurons ces optimistes nés, voire dopaminés ; à la fois pragmatiques et confiants dans notre capacité à faire face tels des MacGyver qui toujours sauvent la mise ».

Transition écologique : un défi pour les finances des collectivités

Parmi les thématiques abordées : le réchauffement climatique et les moyens à mobiliser pour y faire face ; la motivation à briguer ou reconduire un mandat de maire et la notion d’engagement ; la confiance des citoyens en leurs élus ; ou encore la sécurité et la tranquillité publique.

Invité d’honneur, Jean-François Vigier, maire de Bures-sur-Yvette dans l’Essonne, et vice-président de l’Association des maires de France, s’est fait fort de rappeler « qu’entre 2020 et 2030, ce sont douze milliards d’euros par an que les collectivités doivent investir pour la transition écologique. Je termine mon 3ème mandat, et mes concitoyens vont me demander ce que j’ai fait en la matière. Nos concitoyens ont des attentes très fortes en matière d’actions que nous menons. Inondations, effondrements de terrain, etc., notre responsabilité est totalement engagée, nous élus locaux ». Evoquant le 10ème anniversaire des Accords de Paris – moment clé dans l’histoire des négociations climatiques mondiales – il ajoute : « L’Etat a établi une stratégie en trois piliers sur la base d’un choix de réchauffement de 4°C : une stratégie française « bas carbone », un plan qui envoie plus de 50 mesures à mettre en œuvre dans les territoires… Mais avant même de faire les travaux, les besoins en études vont représenter des milliards d’euros. Nous regrettons ces prises de positions sans travailler avec nous ».

Les maires conservent la confiance des citoyens

Selon Christophe Greffet, une étude récente du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et de l’AMF confirme la très large confiance des citoyens dans leurs maires (69 %) ; 73 % des français estiment même dans ce mandat que leur municipalité a accompli un bon travail, et 12 % le jugent même excellent. « Ce qui en revanche nous invite à réfléchir, c’est cette proportion écrasante de français, 83 %, qui demande la transparence des débats en amont des décisions », précise Christophe Greffet, expliquant qu’au palmarès des attentes exprimées par les électeurs de 2026, figurent pour 43 % d’entre eux la sécurité et la tranquillité publique. Vient ensuite pour 38 % des sondés la préservation de l’environnement, et enfin, le développement et le maintien des services de proximité. « Dit autrement, nos concitoyens attendent de nous que l’on préserve un cadre communal apaisé qui conjugue tranquillité, services et économie de proximité. Peut-être tout simplement les ingrédients d’un territoire heureux, loin de l’idée qui voudrait qu’en France « le malheur est public et le bonheur est privé » », dira-t-il en guise de conclusion.

Patricia Flochon