INNOVATION
Des drones pour piloter sa fertilisation azotée

Patricia Flochon
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La startup lyonnaise exo.expert ambitionne de devenir le fleuron de l’AgriTech en France. Elle propose une solution pour réduire les investissements grâce au survol de parcelles avec un drone en liaison avec l’application sur IPAD pour évaluer les besoins réels en engrais azoté. Explications et témoignage d’utilisateur.

Des drones pour piloter sa fertilisation azotée
Le survol de parcelles est réalisé avec un drone en liaison avec l’application sur IPAD pour évaluer les besoins réels en engrais azoté. PHOTO/PF

Grâce à la modulation de la fertilisation, les agriculteurs réalisent des économies et réduisent leur consommation d’intrants. La startup lyonnaise exo.expert (issue de la cellule innovation de Groupama Rhône-Alpes Auvergne) a développé une application de cartographie des parcelles, connectée à un drone. À la clé, une offre de modulation de l’engrais azoté, aussi bien pour le colza que pour le blé. Un outil précieux dans un contexte d’envolée des prix de l’engrais azoté du fait du conflit entre la Russie et l’Ukraine. En pratique, l’application permet en quelques minutes de survoler une parcelle et de faire des mesures ; de créer des cartes en quelques minutes, sans connexion internet, directement sur le terrain. De nouvelles solutions pour « mieux fertiliser, mieux cultiver, et moins consommer d’engrais » ; pour éviter de gaspiller, sachant que les parcelles ont des besoins d’apports différents. Au final, les mesures obtenues grâce au drone permettent de cartographier les cultures, évaluer leur potentiel et de calculer leur biomasse. Des données utiles pour optimiser la conduite de l’exploitation, pour connaître la juste dose à apporter au bon endroit.
 
Une économie moyenne de 40 €/ha…
 
Un service auquel a souscrit François Marguin, exploitant à l’Abergement-Clémenciat, en Gaec familial avec ses parents. Une exploitation polyculture élevage (lait, volailles label et céréales) sur une SAU de 189 ha, dont 40 ha de blé, 16 ha d’orge, 10 de colza, 55 de maïs grain…, prairies permanentes et temporaires. Il témoigne. « Nous avons opté pour le service de modulation de fertilisation sur colza. C’est la deuxième campagne cette année. Il y a quelques années nous avions essayé l’imagerie par satellite, mais on était plus ou moins satisfait, également le drone avec la société Airinov, mais celle-ci a cessé son activité. L’avantage avec le drone, c’est que l’on peut choisir la date d’intervention, et qu’il passe au plus près de nos parcelles, alors que le satellite est programmé qu’il y ait des nuages ou non ». Triple bénéfice à la clé : ajuster l’apport d’azote en fonction du besoin réel des plantes, et donc de réaliser des économies d’engrais, ce qui est bon aussi pour l’environnement, et avoir accès à un service précis grâce au drone, qui s’adapte au matériel (épandeur connecté). « L’an dernier, ça s’est très bien passé, donc nous avons reconduit. La société exo.expert réalise un vol d’entrée d’hiver, début novembre, et un vol sortie d’hiver en janvier – février. Nous avons ainsi toutes les zones avec la quantité de biomasse à l’hectare. À la sortie de l’hiver la société calcule et nous communique les quantités d’azote nécessaires à apporter. Le but étant d’adapter la fertilisation à la biomasse. C’est d’autant plus intéressant que nous avons un épandeur capable de lire une carte de modulation », ajoute François Marguin. Une application qui permet, selon exo.expert, de réaliser une économie moyenne de 40 €/ha (prix du service déduit). Une économie réelle encore difficile à estimer pour l’exploitant : « D’une année sur l’autre, les résultats sont différents. L’an passé nous avons eu de petits colzas entrée d’hiver, qui ont moins absorbé d’azote, donc on en a mis un peu plus au printemps. Il y a aussi l’objectif de rendement à prendre en compte. Le problème, pour établir un chiffrage, est qu’il faudrait faire une zone sans et une zone avec. Mais je suis satisfait et j’ai confiance dans ce système ». Selon Timothée Craig, directeur commercial chez exo.expert, environ 6 000 ha de colza bénéficient déjà de ce service dans toute la France, dont environ 1 000 ha en Rhône-Alpes. Une jeune société en plein développement, dont le responsable, Alan Usseglio Viretta, traduit son ambition par un constat encourageant : « Pour notre premier exercice fiscal de 22 mois qui se clôt fin août 2023, nous prévoyons un chiffre d’affaires de 400 000 € pour atteindre, après trois exercices, le chiffre d’affaires de 2,5 M€. Les investissements de Groupama et le prêt BPI vont nous permettre de développer de nouvelles offres, de recruter et de mettre en place de nouveaux services ».