FNP
Un congrès pour penser les évolutions de la filière porcine

L’Ain accueillera le congrès de la Fédération nationale porcine (FNP) les 9 et 10 juin prochains à Bourg-en-Bresse. Si l’événement se veut avant tout festif, il sera aussi l’occasion de revenir sur les évolutions qui incombent aujourd’hui à la filière porcine française pour s’adapter à la conjoncture et aux enjeux de souveraineté alimentaire.

Un congrès pour penser les évolutions de la filière porcine
François Valy, président de la Fédération nationale porcine (FNP).

Pour la première fois depuis plus de vingt ans, l’Ain accueillera l’assemblée générale de la FNP le 10 juin prochain à l’Espace Kennedy à Bourg-en-Bresse lors de son congrès national qui se tiendra sur deux jours. Le public pourra assister à une table ronde le 10 juin matin sur le thème de « la résilience de l’élevage de porc face aux enjeux de souveraineté alimentaire dans un monde ouvert ».    Elle fera intervenir Béatrice Eon de Chezelles, experte filière viande à la direction de l’agriculture au Crédit agricole à Paris ; Philippe Duriez, DG du groupe Aoste ; Philippe Goetzmann, indépendant en conseil en stratégie, par ailleurs issu de la grande distribution et qui a travaillé pendant plus de 25 ans chez Auchan ; et Carole Joliff, éleveuse de porcs en Bretagne et secrétaire générale de la FNP.

Le modèle d’élevage français en danger ?

Une table ronde qui devrait parler aux éleveurs alors que le contexte économique mondial est particulièrement concurrentiel pour le modèle d’élevage de porc français. « Notre élevage est souvent familial, à taille humaine, ce qui va souvent dans le sens de ce que souhaite le consommateur, mais les enjeux liés à la souveraineté alimentaire n’ont jamais été aussi vrais avec tout ce qui concerne la sécurité alimentaire ou encore la disponibilité des produits. L’économie du porc est a minima européenne, sinon internationale. Nous sommes de plus en plus confrontés à des modèles économiques avec des filières intégrées verticalement, comme le modèle de développement espagnol qui a le vent en poupe avec une efficacité économique redoutable. Comment fait-on pour nous situer dans ce contexte », souligne François Valy, président de la FNP. Un contexte d’autant plus inquiétant qu’il s’accompagne de difficultés structurelles et conjoncturelles pesantes financièrement pour les éleveurs. La moitié des exploitations seront à reprendre dans les cinq prochaines années, avec des reprises conséquentes sur le plan financier. « Comment assurer cette reprise de capital alors qu’aujourd’hui nous sommes obligés d’amortir nos investissements sur une vingtaine d’années ? Nous avons d’un côté la nécessité d’investir et d’amortir à long terme et de l’autre une réglementation qui évolue rapidement et qui nécessite des investissements conséquents à court terme ». Un double effet ciseau : d’une part entre la hausse du coût des charges et un prix du porc inférieur au coût de production ; de l’autre entre la nécessité d’échelonner ses investissements sur plusieurs décennies et celles de s’adapter à court terme.

La filière face à ses responsabilités

La filière doit s’adapter, oui mais comment ? C’est tout l’enjeu de cette table ronde, donner des pistes de réflexion, entre autres aux éleveurs. Car pour François Valy, l’État a fait le job, à la filière maintenant de prendre ses responsabilités : « C’est la première fois qu’on a un ministre de l’Agriculture qui s’est engagé aussi fortement et de manière aussi significative pour la filière porcine. Il y a eu le plan d’urgence (jusqu’à 15 000 € d’aide par exploitation), suivi d’une deuxième aide pour aider à couvrir l’effet ciseau, et le plan de résilience dans le cadre du conflit russo-ukrainien. C’est pour cette raison que cette table ronde prend tout son sens. L’État s’est engagé fortement mais il faut aussi que la filière se prenne en main et choisisse ses orientations en interne ! Et elles doivent inclure la totalité de la filière, de la production de l’alimentation à l’élevage en allant jusqu’à la grande distribution ». In fine, cela pose la question de la rentabilité et de la résilience de l’activité de l’élevage qui ne permet pas forcément d’absorber l’accumulation de changements. Aussi le président de la FNP espère voir les éleveurs nombreux à ce congrès.

L’assemblée générale et la table ronde du vendredi 10 juin entre 9 h 30 et 13 heures seront ouvertes à l’ensemble des éleveurs et professionnels de la filière. Un repas sera proposé par la suite. Inscriptions avant le 3 juin à l’adresse : [email protected]

Margaux Legras-Maillet