Bugey-Sud
Couverts végétaux : des essais probants sur les sols du Bugey
Retour sur les premiers résultats de l’année 2023 du programme « Sols du Bugey : mettons le couvert », présentés le 16 octobre sur une parcelle du Gaec Bel à Virignin.

Avec l’appui de partenaires*, la communauté de communes Bugey-Sud accompagne les agriculteurs sur de l’expérimentation et la production de références sur des couverts végétaux entre deux cultures. A la clé, de nombreux bénéfices environnementaux tel l’apport et stockage de carbone dans les sols, la protection des sols contre l’érosion et l’évaporation. Des intercultures favorables à la biodiversité et qui permettent un complément de fourrage.
Baptisé « Sols du Bugey : mettons le couvert », ce programme d’essais sur couverts végétaux en interculture – conçu suite à des rencontres avec les agriculteurs du territoire lors de l’hiver 2022 – permet d’analyser les itinéraires techniques, temps de travaux, qualités fourragères, résultats économiques au niveau de l’exploitation, gains environnementaux (suivi du carbone, de la microbiologie, de la porosité du sol…).
Cinq exploitations engagées pour 46 ha
Suite à des formations, le groupe d’agriculteurs engagés** a choisi des mélanges de graines fournies par la communauté de communes Bugey-Sud. Le mélange comprend du moha, sorgho, avoine brésilienne, pois fourrager, vesce commune, vesce catarina, vesce velue, seigle fourrager, trèfle incarnat, trèfle d’Alexandrie, féverole, phacélie, radis, fenugrec. Il a été implanté en semis direct ou simplifié rapidement après les récoltes de la céréale. Les premiers tests bêche ont été réalisés avant l’implantation des couverts ainsi que les mesures des reliquats azotés. Ainsi que des analyses de sols allant jusqu’à la microbiologie.
Le 16 octobre, un après-midi d’échanges (le deuxième du genre) était organisé sur l’une des parcelles du Gaec Bel, à Virignin, pour une présentation des premiers résultats par Rémi Berthet, conseiller en élevage, spécialisé fourrage, agronomie (ACSEL). Au programme, deux ateliers de travail. Le premier sur l’approche méthodologique, économique et technique sur les couverts à travers des outils gratuits pour mesurer la valeur fourragère et la restitution du couvert au sol ; et le second avec exposition des matériels de semis utilisés avec détail des coûts et des temps passés, explications à l’appui de Nicolas Boinon, directeur de la FDCuma (coûts issus du guide prix de revient et barème d’Entraid – APCA 2022, ajouté à cela une majoration de 16 %).
Méthodologie, références et analyses
Chez Patrick Bel, ont été utilisés déchaumeur puis semoir classique pour les couverts d’automne. Sylvain Fusillet, à Belley, avait opté quant à lui l’an dernier et cette année encore pour un semis à la volée (féverole derrière les maïs). Les valeurs obtenues sur les couverts sur les deux premières années d’essais sont probantes. Au Gaec Bel, le coût des semences est de 223,45 €/ha.
Et Rémi Berthet d’expliquer : « Le couvert relais a été implanté à l’été 2023, pâturé à l’automne 2023 et au printemps 2024, sur une surface de 4,12 ha. Les résultats : 1,7 tonne de matière sèche (T MS) par ha valorisée à l’automne et 0,9 tonne au printemps, soit un total de 2,6 tonnes par ha. Coût d’implantation (travail : déchaumeur, semoir, rouleau) : 144 €/ha. Coût total, semences comprises : 387,45 €/ha à l’automne. » Rémi Berthet a notamment utilisé la méthode MERCI (Méthode d’estimation des restitutions par les cultures intermédiaires), une méthode « de terrain » qui se veut facile d’utilisation et gratuite (en libre accès sur https://methode-merci.fr/). Une méthode qui a fait ses preuves et qui permet d’estimer les teneurs N, P, K et S et Mg de la majorité des espèces de cultures intermédiaires et des références obtenues par simulation avec le modèle de culture STICS de l’INRAE pour définir, après destruction, la quantité d’azote disponible pour la culture suivante dans différents contextes pédoclimatiques de France Métropolitaine.
En plus de cela, des analyses microbiologiques ont été réalisées par Novasol, bureau d’étude basé à Dijon, spécialisé dans l’analyse des sols.
Des agriculteurs convaincus
La valeur du fourrage pâturé à l’automne est de 21,4 % de MAT (Matière azotée totale). Un mélange très riche en azote donc. Avec 70 % de digestibilité. Et une unité fourragère viande de 0,76 (unité par kilo de matière sèche). Des résultats très encourageant pour l’éleveur, Patrick Bel, qui témoigne : « C’est la première fois que l’on implante des couverts élaborés. C’est la deuxième campagne dans le cadre de la démarche. Cela ne nous a rien coûté, uniquement le travail, et nous sommes indemnisés par la Communauté de communes. Nous avons utilisé notre propre matériel et le rouleau de la Cuma. Sur l’exploitation, on recherche une autonomie fourragère et de la protéine. Les résultats des essais sont très bons. D’où la décision cette année de semer une douzaine d’hectares de couvert relais. On voit une différence aussi sur les animaux avec une amélioration de l’engraissement. »
* Les partenaires techniques : la fédération départementale des Cuma de l’Ain, ACSEL Conseil Elevage, Nicolas Courtois, conseiller agricole indépendant au sein d’AC-Agro, et l’Afocg. Partenaires financiers : la CNR (subvention de 80 %) et la communauté de communes Bugey-Sud (20 %) sur un budget global de 170 000 € sur trois ans. CNR soutient ce projet dans le cadre de son appel à projets : « Ensemble, accompagnons la transition de l’agriculture en vallée du Rhône ».
** Gaec de la Grange Ronde à Contrevoz, Gaec Bel à Virignin, Gaec Fusillet à Belley, Gaec Black Angus à Champagne-en-Valromey, et Philippe Veyron à Brens.
Patricia Flochon