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Feux de forêts : le réseau de solidarité agricole, l’État et le SDIS signent une convention pour coordonner leur lutte

Margaux Balfin
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Après un accord de principe passé fin juin, le réseau de solidarité agricole, le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) et la préfecture de l’Ain ont signé une convention de partenariat pour coordonner la lutte contre les feux de forêts, le 19 juillet dernier au Gaec de Lucinges à Val Revermont. 

Feux de forêts :  le réseau de solidarité agricole, l’État et le SDIS signent une convention pour coordonner leur lutte
De g. à d. : Justin Chatard, président des JA de l’Ain, Michel Joux, président de la Chambre d’agriculture, Chantal Mauchet, préfète de l’Ain, Jean Deguerry, président du SDIS, Jonathan Janichon, président de la FDSEA, ont signé une convention de partenariat, au côté du colonel Pierre-Marie Grancolas. Photo/MB

« Le bon sens paysan il est là », insistait le président de la FDSEA et co-signataire, Jonathan Janichon. C’est désormais officiel. La signature a eu lieu vendredi dernier chez Ludovic Maréchal, agriculteur et adjudant au centre de secours de Val Revermont, arrosée par un temps quelque peu moqueur. Ce partenariat est une première du genre dans le département, imaginée après les feux de forêts qui ont eu lieu dans le Jura en 2022 et durant lesquels plusieurs agriculteurs de l’Ain avaient prêté main forte aux sapeurs-pompiers. 

« Les agriculteurs peuvent être des sentinelles mais en agissant n’importe comment on n’est pas efficace. Cette convention va donner de la coordination, y-compris dans la mise à disposition de nos matériels », soulignait Michel Joux, président de la Chambre d’agriculture, également cosignataire. Dans les faits, cette convention de solidarité met en place un réseau d’alerte sur les sept zones météo du département. En cas de feu de forêts, deux numéros sont disponibles pour identifier les moyens agricoles disponibles. « C’est rare que personne ne soit disponible. Peut-être pas dans la minute, mais dans l’heure oui », assure Ludovic Maréchal. 

Le matériel agricole : un véritable appui pour les pompiers

Matériels de déchaumage de récoltes (herse, crover crop, déchaumeur, etc…) pour lutter contre les feux de chaumes ; de broyage et tronçonnage pour dégager les chemins d’accès ; d’alimentation en eau des engins de secours (tonnes à eaux et à lisier) … sur place, les agriculteurs ont de quoi appuyer les sapeurs-pompiers. À titre d’exemple, alors qu’un camion-citerne a une capacité de 4 000 litres – quatre sont en général dépêchés sur les feux par les pompiers sous forme de colonne – une tonne à eau classique permet d’apporter en une seule fois 18 000 litres. « Nous gagnerons beaucoup de temps avec vous », se réjouissait de son côté le colonel Pierre-Marie Grandcolas. À noter que la FDCuma a également participé à l’écriture de la convention, laissant à chaque Cuma la liberté de décider de ses actions en la matière. 

Une fois sur place, les agriculteurs volontaires seront pris en compte par le Commandant en charge des opérations de secours (COS). Le principe de solidarité prévalant, les agriculteurs ne seront pas indemnisés. En revanche, une possibilité de remboursement des frais de carburant sera ouverte. En cas d’accident, la prise en charge des agriculteurs sera soumise au régime juridique de collaborateur occasionnel de service public. 

Grâce à ce partenariat, les sapeurs-pompiers pourront aussi compter sur les matériels agricoles disponibles du département, notamment des tonnes pour le transport de l’eau ou des déchaumeurs. Photo/MB  

Pour Michel Joux, ce partenariat est un signal fort envoyé à la profession agricole : « en signant une convention comme celle-ci, vous reconnaissez que l’agriculture est au centre des territoires ». Pour l’heure, 23 agriculteurs ont rejoint le réseau de solidarité, acceptant d’être contactés en cas de besoin. Parmi eux, six sont également sapeur-pompiers volontaires et deux l’ont été par le passé. Une présentation technique aura lieu avec le Sdis le 30 juillet prochain pour connaître les modalités d’une intervention (exclusivement réservée aux membres du réseau). Pour s’inscrire sur les listes, contacter Joelline Guth, de la FDSEA, au 04 74 45 47 24. 

Margaux Balfin