LOUP DANS L'AIN
FDSEA, JA et moutonniers demandent à être protégés et pouvoir se défendre

En 2019 le loup a frappé à plusieurs reprises dans le département.
 FDSEA, JA et moutonniers demandent à être protégés et pouvoir se défendre

En 2019 le loup a frappé à plusieurs reprises dans le département. Quatre sites ont subi des attaques: Armix le 12 mai (1 attaque, 1 victime); La Burbanche le 20 mai et 22 juin (2 attaques, 2 victimes) ; Lompnas du 29 mai au 3 juin (6 attaques, 12 victimes) et Hostiaz du 8 juin au 18 juin (5 attaques, 30 victimes)
43 ovins et 2 veaux ont été tués par un seul prédateur.
Suite à ces attaques, le préfet a mis en place en juin dernier la commission loup. Elle consiste à regrouper l'ensemble des acteurs du département afin de trouver des solutions et des mesures de protection face à l'apparition du prédateur.
Un nouvel arrêté départemental doit voir le jour (suite à l'arrêté interministériel du 28 novembre 2019) qui doit définir un zonage pour le département. La volonté de la profession agricole est de classer l'ensemble du département en cercle 3 qui correspond aux « zones possibles d'expansion géographique du Loup », sachant que les départements limitrophes (Jura et Haute-Savoie...) sont très impactés par la présence du loup.
Ce classement à titre préventif donnerait la possibilité aux éleveurs de bénéficier, sous condition, d'un financement pour se doter de chiens de protection.
Les quatre communes dans lesquelles les attaques ont été recensées et une dizaine de communes limitrophes pourraient être classées en cercle 2 (territoires où des actions de prévention sont nécessaires), ce qui ouvre la possibilité de financements pour des chiens de protection et des parcs électrifiés.
Cela concerne les 4 communes ayant subi les attaques plus une dizaine de communes environnantes représentant les mêmes caractéristiques topographiques ainsi que toutes les communes frontalières au Jura.

 

Emmanuel Blanc : « Je suis scandalisé par ce qu’a dit la Conf »

Pas content le pourtant très calme Emmanuel Blanc, président du syndicat « non politisé » des éleveurs de moutons de l’Ain. « La porte-parole de la Confédération paysanne de l’Ain, Alice Courouble, a tenu des propos totalement inappropriés en expliquant que les éleveurs allaient s’habituer à la présence du loup et que la présence de ce prédateur permettrait même de juguler les populations de sangliers. Je suis scandalisé qu’une représentante de la profession agricole tienne ce langage devant des représentants de l’administration et des associations environnementalistes qui siègent à la commission. C’est d’autant plus surprenant que cela va à l’inverse de la position nationale de la Conf’, qui, sur le dossier prédation, est en totale adéquation avec le discours de la Fédération Nationale Ovine. »

60 000 euros par loup et par an

En 2018, le coût du loup s’élevait à plus de 30 millions d’euros, comprenant :
- 3 440 000 € pour l’indemnisation des pertes
- 24 660 000 € pour la mise en place des moyens de protection
- 2 000 000 € au moins pour rémunérer les 40 agents de l’Etat affecté à plein temps au dossier
À ce coût financé par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable et par celui de l’Agriculture, une part non négligeable d’au moins 20 % est supportée par les éleveurs. Les moyens de protection ne sont subventionnés qu’à hauteur de 80 % pour la plupart et les pertes indirectes de l’éleveur (animaux disparus lors d’attaques, avortement de femelles gestantes en raison du stress provoqué par une attaque, …) sont indemnisées que partiellement voire pas du tout. On estime qu’il faut ajouter au moins 4 000 000 € financés par les éleveurs pour payer la part des moyens de protection non prise en charge par les aides d’Etat.
Pour une population autour de 500 loups adultes recensée en France, chaque loup coûte donc au bas mot autour de 60 000 € par an aux contribuables.
Source : http://www.leseleveursfaceauloup.fr/le-loup/le-cout-du-loup/

 

 

« Classer notre territoire en zone difficilement protégeable »

Le président du syndicat des éleveurs de moutons de l’Ain, Emmanuel Blanc, a résumé la position des éleveurs dans ce courrier adressé au préfet.
« (…) Comme convenu lors du Comité Départemental Loup qui s’est tenu le 31 janvier 2020, je viens, par cette lettre, vous confirmer la position des éleveurs de moutons de l’Ain concernant le projet d’Arrêté Préfectoral qui déterminera le zonage à venir suite aux constats de prédation en 2019.
Conformément à l’Arrêté Ministériel du 28 novembre 2019, nous sommes favorables au classement de l’ensemble du département de l’AIN en cercle 3.
En effet le département est situé géographiquement sur un front de colonisation rapproché du loup avec la proximité du massif des Alpes et les déambulations de ce prédateur risquent fortement de se répéter à l’avenir.
De plus, l’expérience a montré que ce dernier se disperse aisément en zone de montagne ainsi qu’en zone de plaine et qu’à titre préventif, afin de donner la possibilité à un maximum d’éleveurs de protéger leurs troupeaux, cette extension du zonage est la plus cohérente et judicieuse.
Conformément à ce même Arrêté, nous sommes favorable au classement en cercle 2 des 4  Communes concernées par ces constats de prédation du loup en 2019 ainsi que toutes les Communes limitrophes à celles-ci.
En effet, le risque imminent de voir se reproduire des situations telle que celle que l’on a connue en juin 2019 en terme de prédation sur troupeau ne se réduit pas à une simple délimitation administrative de Commune, mais elle concerne bien tout un territoire.
La logique serait de pouvoir classer en cercle 2 l’ensemble d’un massif vulnérable exposé au risque et déjà concerné par la prédation afin de donner les moyens aux éleveurs de se protéger et de se défendre dans des délais raisonnables.
De plus, j’attire votre attention, comme je l’ai déjà fait lors du Comité, sur le caractère dangereux en termes de Sécurité Publique que peut amener le déploiement de ces chiens « dit » de protection des troupeaux.
L’expérience, notamment sur des départements limitrophes au notre, montre que la cohabitation entre ces chiens et leur environnement proche, pose déjà de gros problèmes malgré une configuration des modes d’élevages plus adaptée à la protection (zones d’estives, transhumance...)
La configuration de notre massif jurassien dans notre département, avec les élevages qui s’y sont développés en s’adaptant à ses spécificités, est bien différente.
Les troupeaux pâturent des zones boisées (dit de « pré-bois »), ils sont conduits en allottement multiples selon le parcellaire disponible (il n’est pas rare de voir chez un même éleveur 5 ou 6 lots conduits séparément dispersés sur une grande zone géographique).
Ces zones pâturées sont la continuité (voir parfois enclavées) des villages, des hameaux, des multiples chemins communaux et sentiers divers où arpentent nos voisins, amis, nos propriétaires de ces mêmes pâturages ainsi que des touristes.
Or, compte-tenu des retours d’expériences, du peu de connaissances et références génétiques, comportementales des chiens de protections, l’incitation au déploiement de ces animaux présente un certain risque non maitrisable.
De plus, notre département est déjà fortement impacté par la présence du lynx. Les dégâts de prédation causés par ce prédateur varient de 50 à 150 victimes chaque année depuis plus de 30 ans maintenant et ont contribué efficacement à fragiliser la filière avec une érosion significative du nombre d’éleveurs de moutons et l’enfrichement de zones naturelles autrefois pâturées causant d’autres désagréments collatéraux d’Utilité Publique.   
C’est pour toutes ces raisons, afin de donner de réelles perceptives d’avenir aux éleveurs de notre département, que je sollicite vos services dans le but de pouvoir classer notre territoire en zone difficilement protégeable, en application des dispositions des articles 36 et 37 de l’arrêté du 19 février 2018. »