PRÉDATION
« Il s’est approché de la maison, il était sous nos fenêtres »

Ludivine Degenève
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À la suite des deux attaques, supposées de loup, survenues fin août et début septembre, Éric Goyet, éleveur de brebis à Aranc s’inquiète à la fois pour son cheptel, mais aussi pour sa famille, le loup ayant été aperçu à quelques mètres seulement de chez lui. 

« Il s’est approché de la maison, il était sous nos fenêtres »
Éric Goyet et sa compagne Aurélie au côté de leurs agneaux PHOTO/ LD

« Le loup est quand même venu devant la maison ». Éric Goyet est éleveur de brebis à Aranc depuis de nombreuses années maintenant. « Ça va faire 20 ans l’année prochaine », confesse-t-il. Mais depuis peu, c’est le stress qui anime l’éleveur et sa famille, prenant le pas sur la passion. En effet, dans la nuit du 23 au 24 août, et du 3 et 4 septembre, le loup s’est attaqué à ses brebis, faisant sept mortes pour la première attaque, et deux pour la seconde. « C’était un carnage », se remémore Éric Goyet, qui pensait à ce moment-là vendre son cheptel. Et la deuxième attaque aura été tout aussi traumatisante. « En ouvrant la fenêtre, on a vu la brebis morte devant la maison », confie-t-il.
Cette situation n’est pas restée sans conséquence, provoquant une angoisse quotidienne pour lui et sa compagne Aurélie. « Il s’est approché de la maison, il était sous nos fenêtres. On n’est pas rassuré pour les enfants », explique le couple.
 
« Elles ont mis dix jours pour s’en remettre »
 
Parents de deux petits garçons et de trois grandes filles, Éric Goyet et sa compagne ont décidé d’expliquer la situation uniquement à leurs ainées, de sorte à ne pas faire peur aux plus petits. « Notre fille qui prend le bus le matin pour aller au collège pense régulièrement au loup, rappelle Aurélie. C’est de l’appréhension. Les jours de brouillard, les enfants ne sortent pas ». Pour les garçons, un parent ou une sœur est toujours avec eux quand ils jouent dehors, avec interdiction de s’éloigner de la maison.
Mais Éric Goyet est aussi stressé pour son cheptel. « On ne sait pas ce qu’on va retrouver le lendemain, explique-t-il. Je n’ose plus les sortir [les brebis NDLR]. « Même les sortir la journée on a peur », ajoute l’éleveuse.
Pour rappel, suite à la première attaque, Éric Goyet avait décidé de rentrer les brebis une semaine, leur stress étant à leur paroxysme. « Elles ont mis dix jours pour s’en remettre », rappelle l’éleveur. La deuxième attaque a eu lieu la première nuit de leur sortie, à à peine 30 mètres de la maison. Voilà pourquoi certaines bêtes sont encore craintives. « Pour le moment on ne sait pas comment on va faire », s’inquiète Aurélie.
 
« On nous rajoute du travail en plus » 
 
Au-delà de l’angoisse par rapport aux bêtes et pour ses enfants, Éric Goyet rappelle tout le travail qui se rajoute à sa vie déjà bien remplie. Compter les brebis, suivre les autopsies, les papiers, les appels de la DDT… l’éleveur n’en voyait plus le bout. « On n’a déjà pas beaucoup de temps, on nous rajoute du travail en plus », relève-t-il.
Mais aujourd’hui la principale cause de stress d’Éric et de sa compagne, ce sont les génisses qui vont bientôt vêler. « Je vais les rentrer pour les protéger, explique l’éleveur. Parce que là ce n’est pas pareil. Un veau ce n’est pas la même somme qu’une brebis. »
Suite à la deuxième attaque, vers mi-septembre, le troupeau de génisses « avait un comportement bizarre, décrit Aurélie. Elles se sont sauvées chez le voisin, elles ont sauté la clôture électrique. On ne sait pas ce qu’elles ont vu, mais elles n’ont pas le même comportement. » Si aujourd’hui les animaux semblent moins effrayés, la dernière fois que le loup a été photographié, c’était il y a une semaine, juste derrière la ferme d’Éric Goyet, de quoi maintenir ce climat d’angoisse, déjà trop présent sur l’ensemble de la région.