ADMINISTRATION
« J’ai pu exprimer ce que je ressentais »

Margaux Balfin
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Les permanences promises par la préfète se mettent en place dans le département et rencontrent déjà un franc succès. A tel point que la représentante de l'État a déjà annoncé leur prolongation d’une semaine à Bourg-en-Bresse pour honorer l’ensemble des rendez-vous pris par les professionnels. 

« J’ai pu exprimer ce que je ressentais »
Promises par la préfète de l’Ain Chantal Mauchet, les permanences agricoles multi-administrations se mettent en place dans les sous-préfectures comme ici à Bourg-en-Bresse le 11 mars dernier. Photo/MB

Des créneaux de trente minutes par professionnel. Des structures du monde agricole présentes (Chambre d'agriculture, DDPP, DGFIP, DDT et préfecture). Une configuration bien rodée au demeurant un peu intimidante mais qui a le mérite d’assoir plusieurs interlocuteurs autour de la table pour échanger. Problème de trésorerie, baisse d'activité, poids des normes sanitaires et règlementaires... à chacun sa problématique, à tous cependant, le besoin commun de trouver une oreille attentive. 

Mickaël Morel est l’un d’entre eux. Installé à Saint-Julien-sur-Reyssouze et maire de Jayat, il élève quelque 500 charolaises et 1 800 porcs dont 1 200 en porc gras et le reste en post-sevrage. Ce lundi, il était l’un des exploitants à s’être rendu à la préfecture de Bourg-en-Bresse pour exprimer ses difficultés quotidiennes. Sur la liste des doléances de l’agriculteur, une baisse d’activité conjoncturelle en porcs, liée à la quasi-impossibilité de trouver des porcelets depuis la crise porcine il y a deux ans, mais aussi des normes jugées aussi « absurdes » que d’imposer à un éleveur d’éclairer ses lampes chauffantes douze heures par jour alors que les fenêtres du bâtiment ne peuvent plus être fermées. « J’ai pu exprimer ce que je ressentais », se réjouit l’agriculteur. S’il sait que ses problèmes ne seront pas tous résolus ce jour-là, il estime qu’après les mouvements agricoles des derniers mois, ces permanences vont « dans le bon sens ». « Il faut y aller, on ne peut pas toujours se plaindre. Auparavant, on n’avait personne qui appeler, alors on en parlait entre nous, on se montait le bourrichon ensemble », ajoute-t-il par ailleurs. 

Un sentiment d’avoir été écouté partagé par un autre éleveur qui a souhaité rester anonyme : « Ça n'existait pas avant, on ne pouvait pas s'exprimer comme ça ». Venu pour une problématique de financements sur sa ferme, il sait lui aussi que ses besoins ne trouveront pas de réponse devant l’instance : « Tout va dépendre de ce que le gouvernement annoncera », et du bon vouloir de sa banque. S'il n'était toujours pas certain le matin de se rendre à son rendez-vous, l’éleveur se dit tout de même content d'avoir pu témoigner de son quotidien. En plus de demander un accompagnement sur les nouvelles normes sanitaires et administratives qui lui incombent, l’éleveur s’est vu orienter vers la cellule Réagir du département. Et Sophie Badet de la Chambre d’agriculture de résumer : « Cela nous permet aussi de faire remonter certaines choses et d'avoir le ressenti général de la profession. »

Face au succès rencontré par ces permanences, les services de l’État, en lien avec la Chambre d’agriculture, réfléchit actuellement à leur pérennisation sous une autre forme. En attendant, d’autres créneaux sont à disposition des agriculteurs dans les sous-préfectures, dans la limite des places disponibles : 

-        Sous-préfecture de Belley : mardi 12 mars après-midi (04 79 81 01 09 / [email protected]) ;

-         Sous-préfecture de Nantua : mercredi 13 mars en matinée (04 74 75 20 66 / [email protected]);

-        Sous-préfecture de Gex : vendredis 8 et 15 mars après-midi (04 50 41 51 51 / [email protected]).