CORVIDÉS
À Lurcy, la mairie se prend le bec avec ses corbeaux freux

Margaux Balfin
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Avec un nombre croissant de corbeaux freux sur son territoire, la mairie de Lurcy évoque un « problème de salubrité publique » et pourrait bien faire appel aux lieutenants de louvèterie si les battues réalisées par les sociétés de chasse ne suffisent pas. 

À Lurcy, la mairie se prend le bec avec ses corbeaux freux
L’année dernière, quelques 600 corbeaux freux ont été abattus par les chasseurs et lieutenant de louvèterie dans la commune de Lurcy selon l’édile du village. Photo/ Photo d’illustration - MB

« Cela fait plusieurs années que cela va en s’aggravant avec une multiplication de corbeaux chaque année, même si l’année il y en a eu pas mal d’éliminés grâce aux chasseurs aux lieutenants de louvèterie. Cela n’a pas été suffisant », relate Nathalie Bisignano, édile du village de Lurcy, situé au Sud de Montmerle-sur-Saône. Malgré plusieurs battues organisées ces dernières, la maire de la commune s’est adressée à la préfecture de l’Ain pour chercher d’autres solutions. 

Un problème de santé publique 

Dans un courrier daté du 22 février dernier, elle évoque un « problème de salubrité publique ». Historiquement présent dans le parc du château d’Amareins à Francheleins, ils se sont aujourd’hui déplacés vers le cœur du village, explique Nathalie Bisignano. « Des gens m’ont demandé de venir voir chez eux le problème. Certaines personnes ne peuvent absolument plus profiter de leurs extérieurs, leurs terrasses sont couvertes de fientes et le bruit est insoutenable et lorsque les poulaillers ne sont pas fermés sur le dessus, ils s’attaquent aux poussins et les plaintes vont croissantes », détaille l’élue. Il y a quelques années, la mairie a même fait appel à des fauconniers pour tenter de régler le problème, sans succès. Trop nombreux, les corbeaux ont empêché leur intervention. « Une intervention de louvetiers a eu lieu l’année dernière suite à des demandes conjointes d’agriculteurs et du propriétaire du château d’Amareins mais leur action, bien qu’efficace, n’a pas été suffisante en termes de nombre d’interventions », regrette également la maire dans le courrier adressé à la préfecture.

Les chasseurs et lieutenants de louvèterie mobilisés

Dans sa réponse, datée du 28 mars dernier, la DDT rappelle que dans l’Ain le corbeau freux est classé espèce susceptible d’occasionner des dégâts (ESOD) en application de l’arrêté ministériel du 3 août 2023 : « Ce classement qui résulte de la mobilisation des acteurs locaux pour documenter le caractère significatif des atteintes causées par l’espèce à la santé publique, d’une part, et aux activités agricoles, d’autre part, emporte des moyens supplémentaires en matière de régulation des populations de corbeaux freux ». Par moyens supplémentaires, entendez une destruction par tir, accordée à titre individuel par le préfet, lorsqu’une autre solution satisfaisante n’existe à des périodes de l’année bien précises. À savoir : entre la date de clôture générale de la chasse et le 31 mars ; du 1er avril au 10 juin dans certains cas ; et du 11 juin au 31 juillet pour prévenir des dommages importants aux activités agricoles. 

Le courrier de la DDT précise par ailleurs que les sociétés de chasse de Messimy-sur-Saône et de Lurcy ont obtenu une autorisation de destructions à tir de corbeaux freux pour la période allant du 1er avril au 31 juillet 2024. Et de conclure : « Si malgré l’implication des chasseurs locaux, les populations de corbeaux freux ne parvenaient pas à être ramenées à un niveau acceptable au regard des nuisances occasionnées (…), le lieutenant de louvèterie territorialement compétent pourra alors être missionné pour apporter son appui à la régulation de l’espèce sur votre territoire. » Si elle ne voit pas plus de solution que déjà tentées à réception du courrier, Nathalie Bisignano n’exclut pas de recourir à une intervention d’un lieutenant de louvèterie. La maire du village s’est fixée la limite de trois battues pour faire état du nombre d’oiseaux abattus et prendre une décision.