ALIMENTATION
Produits locaux : l’essor des PAT s’accélère

Porté par de nouveaux soutiens publics, le nombre de plans alimentaires territoriaux est passé de 197 à 403 entre décembre 2020 et mai 2022, selon le dernier recensement de l’Observatoire national. Tour d’horizon.

Produits locaux : l’essor des PAT s’accélère
Au 31 décembre 2020, l’observatoire dénombrait 197 PAT contre 403 PAT en mai 2022. ©DR

Sous l’impulsion des financements accordés dans le cadre de France Relance, le nombre de projets alimentaires territoriaux (PAT) a doublé en un an et demi, passant la barre des 400 d’après les derniers résultats de l’Observatoire national des PAT, présentés le 23 mai à l’occasion du forum annuel du réseau RnPAT. Ces observations feront l’objet d’une publication dans les mois à venir sur le site du réseau co-piloté par l’association Terres en villes et Chambres d’agriculture France (ex-
APCA). Au 31 décembre 2020, l’observatoire dénombrait 197 PAT contre 403 PAT en mai 2022. C’est plus que le chiffre officiel publié début avril par le ministère de l’Agriculture (373), car ce dernier ne compte que les PAT labellisés par l’État. Les régions les mieux pourvues sont Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie, avec respectivement 52 et 58 PAT. Entre janvier 2021 et mai 2022, le nombre de PAT a quadruplé en Auvergne-Rhône-Alpes et triplé en Bourgogne Franche-Comté et en Outre-mer.

Un double effet Covid et Plan de relance

Le nombre de PAT a augmenté sous l’effet de la crise Covid qui a « mis en avant la question de l’accessibilité de l’alimentation », explique Lisa Gerbal, chargée de mission à Terres en Villes. Le Plan de relance a incité les collectivités à se munir de ce dispositif : sur les 80 M€ consacrés aux PAT, 7,8 M€ ont été fléchés vers de nouveaux projets. L’analyse de l’Observatoire national des PAT porte sur deux périodes : la première va de la création du dispositif en 2014 à 2020 et la seconde de 2021 à aujourd’hui. « On constate que les trois plus importants types de porteurs n’ont pas changé », souligne Lisa Gerbal. Les communautés de communes restent le principal porteur de projet de PAT (84 %), viennent ensuite les intercommunalités urbaines et les territoires de projet. « Les PAT émergents semblent avoir intégré une vision plus transversale que ceux du premier cycle (2014-2020, ndlr), analyse la chargée de mission. Au-delà des actions de soutien à l’agriculture locale, les opérations vers les consommateurs et l’accessibilité à une alimentation durable apparaissent désormais indispensables dans la feuille de route d’un PAT ». L’observatoire note cependant « l’absence de couleur locale » dans les projets les plus récents. « Ces PAT émergents n’ont pas encore eu le temps de s’adapter aux spécificités de leurs territoires », souligne Lisa Gerbal.

Un « hôtel d’entreprises » alimentaires au Havre

Les plans alimentaires élaborés pendant la première période ont, eux, pris « une plus grande marge de manœuvre ». La ville de Rennes (Ille-et-Vilaine), qui a créé son PAT dès 2016, projette de lancer une « carte alimentation durable » sur le modèle d’une carte de fidélité et avec des avantages différents en fonction des revenus des familles. Quant à la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole (Seine-Maritime), elle a lancé le 15 avril un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour construire un « hôtel d’entreprises agroalimentaires », avec l’objectif de développer les circuits courts sur son territoire, l’un des buts poursuivis par son PAT dévoilé en 2017. L’ouverture du bâtiment est prévue pour fin 2023. Il sera loué à des producteurs, des porteurs de projet ou des start-up, suivant la demande. « Nous avons constaté que les agriculteurs avaient la volonté de valoriser leur production localement », a expliqué Charlotte de Soyres, chargée de projet alimentation pour la communauté urbaine. « Actuellement, la majeure partie de la production de notre territoire part à l’export ou à Rungis ». « Un investissement de 2 M€ est prévu », précise-t-elle. Biscuits, plats cuisinés, conserves… 
Le projet prévoit de pouvoir transformer tous types de produits agricoles et de la mer : céréales, protéines végétales, fruits et légumes, pommes de terre, lait, viandes, etc. L’appel à projets est ouvert jusqu’au 12 juillet.

J.G.