VITICULTURE
Gel, mildiou, grêle … la récolte s’annonce « très hétérogène »

Difficile à caler entre les impératifs liés aux aléas climatiques de ces dernières semaines, la traditionnelle réunion pré-vendanges du syndicat des vins du Bugey s’est tenue le 25 juillet dernier à Massignieu-de-Rives. La simplification administrative, tant attendue par les professionnels, s’est invitée au programme de la soirée, et comme pour la récolte, le compte n’y est pas. 

Gel, mildiou, grêle … la récolte s’annonce « très hétérogène »
Photo/MB

C’est une « année usante et stressante », économiquement, physiquement et psychologiquement. Après deux années compliquées, les viticulteurs du Bugey accusent le coup. Après le gel de la lune Rousse, la grêle a de frappé de plein fouet le vignoble les 11 et 12 juillet derniers. À cela s’ajoute une importante pression maladie de mildiou. Certes contrôlée dans certains secteurs, la progression du champignon a lourdement affecté le travail des viticulteurs cette année, forcés de traités à de multiples reprises. « C’est particulièrement compliqué en biodynamie », regrette Jean-Luc Guillon, président du syndicat des vins du Bugey. 

Dans ces conditions, difficile de prédire les volumes, la qualité, et encore moins le début des vendanges. « On va dire autour du 10 septembre. Ça va être très hétérogène, ajoute Jean-Luc Guillon. Des parcelles vont être très tardives et d’autres vont mûrir plus vite. » Pour les raisins rescapés, l’arrière-saison sera à coup sûre décisive. Exceptionnelle pour certains, la récolte sera inexistante pour d’autres. Dans ces conditions, l’ODG a dû s’adapter en ne demandant pas de rendements plafonds pour certaines appellations. Entre autres le Cerdon, touché par le gel de printemps, le Bugey rosé et les Roussette. Quant à la marge d’enrichissement autorisée, elle s’établit à 1,50 % du volume pour chaque appellation, à l’exception du Bugey / DCG Montagnieu R, de la Roussette du Bugey et de la Roussette du Bugey / DCG Montagnieu, Virieu-le-Grand pour lesquelles la marge autorisée est de 2 %. Par ailleurs, pour ceux qui seraient amenés à devoir acheter des grains et moûts ailleurs, Sandrine Bartolini-Bois, animatrice du syndicat, rappelle l’importance de demander une attestation de conformité au fournisseur : « Dans le cadre d’une appellation, cela permet de garantir que la production est bien inscrite à l’ODG et respecte bien le cahier des charges ».

Douanes : un nouveau document fustigé

Traditionnellement, la réunion pré-vendanges est aussi l’occasion de faire le point sur la réglementation en vigueur. Sans mauvais jeu de mot, il semblerait que cette fois-ci les douanes aient poussé le bouchon un peu trop loin. C’est en tout cas l’avis d’Éric Angelot. Le viticulteur émérite a fait honneur à son ancienne casquette de secrétaire général du syndicat des vins du Bugey, s’indignant de la dernière nouveauté administrative imposée par les douanes. Lors des vendanges, les viticulteurs devront tenir un carnet précisant pour chacun de leur transport, la provenance, la destination, la nature et le volume de leur cargaison. 

La crispation était déjà de mise en évoquant l’obligation pour les viticulteurs de déclarer trois relevés parcellaires différents (pour la Pac, les Douanes et la MSA), cette fois-ci la surcharge de travail ne passe pas. « On nous a vendu un choc des simplifications. Nous n’accepterons pas quelque chose qui n’est pas faisable. Nous refusons ce document ! », s’est emporté Éric Angelot. Le viticulteur a par ailleurs dénoncé le contrôle au volant d’un viticulteur l’année dernière. « Nous sommes des légalistes, mais nous faisons les choses qui ont une cohérence. J’ai donné les consignes, s’ils se font arrêter, je leur ai dit de ne pas s’arrêter et de m’amener la volante. J’assumerai, parce que laisser chauffer les raisins un quart d’heure en bord de route c’est clairement une atteinte à la qualité », a-t-il ajouté. 

De manière générale, « nous sommes déjà très souples, nous demandons qu’au moins vous déclariez dans des délais raisonnables », se sont défendus Patrice Grégoire et Brigitte Bourguignon.  Pour calmer le jeu, mais sans mot contredire, Jean-Luc Guillon a invité les services des douanes à renouveler les rencontres avec leur direction générale comme cela était de coutume auparavant. 

Margaux Balfin