Post-covid : Retour à « la normale » pour les entreprises du bois

Le point sur la filière Bois de l'Ain « post-Covid », avec Philippe Poncin, président de Fibois01.
La crise liée au Covid-19 n'a pas épargné la filière bois ; filière déjà sévèrement touchée par des phénomènes de dépérissement observés depuis quelques années dans les massifs forestiers de l'Ain. Pourtant, selon Valérie Chevallon, directrice de Fibois01, « les raisons de rester optimiste existent : le travail en réseau, la synergie et la solidarité entre les différents maillons de la filière favorisent aujourd'hui la reprise de l'activité. La valorisation de nos essences et produits locaux, et le développement des circuits courts, prennent tout leur sens dans le contexte actuel et deviennent des enjeux majeurs. Renouvelable et abondant, le bois est plus que jamais un matériau d'avenir ». Philippe Poncin, le président de Fibois01 et dirigeant de la scierie familiale du même nom, basée à Val-Revermont, revient pour nous sur trois points majeurs d'actualité.
Qu'en est-il de l'état sanitaire des forêts de l'Ain et en particulier du problème des scolytes sur l'épicéa ?
Philippe Poncin : « L'état de la forêt au niveau de nos approvisionnements nous conditionne et nous frappe durement. La présence de scolytes se traduit déjà par un pourcentage important de bois qui sèche. En pratique, les bois sèchent sur pied, mais il faut les exploiter au plus vite car ils sont difficilement utilisables pour la charpente ; donc ce sont des bois qui terminent soit en bois de palettes soit en bois d'emballage. On se reporte donc sur le sapin. Mais dans les bois bostrychés, on ne fait pas pour autant du « zéro pourcent » pour la charpente. Il faut donc rester très vigilant ! ».
Quelles solutions donc, et existe-t-il des aides pour soutenir les propriétaires forestiers touchés ?
P.P. : « La solution reste de couper et de trouver d'autres débouchés. Si on laisse le bois sur pied, dès que l'on a une ou deux attaques de scolytes la nappe s'agrandit très vite. C'est une perte sèche, sans compensations financières ! L'autre piste est de travailler avec des techniciens pour trouver des essences de bois qui résistent mieux. Le sapin par exemple, est moins sensible à cette sinistralité ».
Comment se portent les entreprises de la filière dans cette période d'après-Covid ?
P.P. : « C'est très disparate d'un secteur d'activité à l'autre. On a subi des baisses de chiffre d'affaires pendant le confinement en mars – avril, et à partir de mai les plus grosses entreprises ont repris le travail. Globalement, depuis le mois de juin nous avons repris une activité tout à fait normale. Dans mon entreprise, nous travaillons du résineux à 95 % pour la charpente, plus un peu de Douglas, du mélèze et du pin ; entre 13 000 et 14 000 m3 consommés annuellement. Pendant la crise tout notre personnel (13 salariés) a accepté de travailler dans le respect des règles. Un travail important de communication se poursuit pour promouvoir l'utilisation du bois local dans la construction auprès de nos élus qui sont des donneurs d'ordres. En France, entre 15 et 20 % des maisons d'habitation se font en ossature bois. On ne peut que progresser... D'où cet important travail de sensibilisation auprès des élus et des architectes ».
Patricia Flochon
Aides au reboisement : des opportunités à saisir
Le quatrième Livre Blanc établi pour la période 2020-2023 (déjà dix ans d’actions en faveur de la filière bois de l’Ain !) par le Département, octroie un certain nombre d’aides visant notamment à « construire une ressource forestière pour l’avenir ». A la clé, des aides financières pour la plantation, entretien de plantations, complément de régénération naturelle, dégagement de semis en futaie irrégulière… Des aides pouvant aller jusqu’à 60 % des investissements engagés ! Un dispositif qui se veut simple, léger et efficace.
Tous les détails à retrouver sur https://www.fibois01.org/download/1/file//livre-blanc-filiere-foret-bois-2020-2023-des-territoires-ain.pdf (pages 20 & 21).
Chiffres clés de la filière
204 000 ha de forêt, dont 67 % de forêts privées (35 % de la surface du département), dont 190 000 en production
355 400 m3 récoltés en 2017
Débouchés : Bois d’œuvre : 244 300 m3, bois énergie : 67 700 m3, bois industrie : 43 400 m3
L’Ain, deuxième département AuRa pour la récolte de feuillus
24 scieries dans l’Ain, dont 19 exercent également une activité d’exploitation forestière : 350 219 m3 de volume scié, 362 300 tonnes de produits connexes de scieries.
L’Ain est à la première place au niveau régional pour le sciage de sapin / épicéa
Bois énergie : 53 chaufferies publiques, 70 chaufferies collectives privées, 750 chaufferies individuelles
Bois construction : 40 entreprises dans l’Ain spécialisées sur les 371 d’Auvergne Rhône-Alpes.
La vie de bûcheron dévoilée « grandeur nature » cet été
Expérience unique à vivre, le rendez-vous de l’été : « Vis ma vie de bûcheron » propose des balades ludiques et éducatives accompagnées par des professionnels qui vous expliqueront tout l’intérêt d’une gestion durable des forêts, la nécessité de l’exploitation forestière pour répondre aux enjeux de développement durable, et le rôle des métiers de gestionnaire forestier, sylviculteur, bûcheron ou encore débardeur. En Auvergne Rhône-Alpes, ce ne sont pas moins de 54 visites de chantiers forestiers qui sont programmées pour cet été ! Une première dans l’Ain, avec deux dates clés à retenir : le jeudi 27 août près de Bourg-en-Bresse et le vendredi 28 août près du plateau d’Hauteville. Au programme : des démonstrations de martelage, tronçonnage, abattage, ébranchage, débardage… Les lieux de rendez-vous seront dévoilés après inscription (obligatoire du fait du nombre limité de participants).
Toutes les modalités à retrouver sur : www.vismaviedebucheron.org
Formations… et débouchés assurés dans les métiers du bois !
Pour tous renseignements : [email protected] / 06 80 03 42 13