Nouveau : venez chercher vos colis à la ferme !

Qui n'a pas eu à gérer la livraison d'un colis encombrant avec une plage horaire définie à la louche par le transporteur ? Il en résulte souvent une demi-journée de perdue dans le meilleur des cas.
Les fondateurs de la start-up lilloise Agrikolis, Cédric Guyot et Guillaume Belissent ont trouvé la solution. Ils proposent aux agriculteurs de faire de leur ferme des « points relais colis » pour faciliter la livraison d'achats volumineux sur internet et ainsi créer un lien entre la ville est le milieu rural. Les relais permettent le stockage temporaire et la mise à disposition des produits. Gérard et Marie Gauthier de Saint-Didier-sur-Formans ont été enthousiasmés par ce projet au point de laisser tomber leur activité de maraîchage. Leur ferme est le premier point relais colis en Auvergne-Rhône-Alpes. Bientôt un viticulteur de Romenay suivra l'exemple.
Assez des pommes de terre
« Je ne sais pas quelle mouche m'a piqué. J'ai passé des jours et des nuits, dépenser une énergie folle pour trouver une autre activité que celle de la production ». Gérard Gauthier, cultivait des pommes de terre. « Techniquement c'était difficile. Nous étions tributaires de la météo et avec les nouvelles normes environnementales cela devenait de plus en plus compliqué ». Pourtant, depuis 25 ans qu'il avait repris l'exploitation familiale il avait réussi à développer une belle clientèle. « Un problème de taupin a ruiné les cultures. C'est alors que j'ai cherché un complément de revenus car on ne vit plus de son travail en agriculture. Arrêter une activité c'est une chose et en trouver une autre c'est encore autre chose », confie Gérard.
Vu sur le net
Lors de ses nuits blanches passées sur l'ordinateur, Gérard tombe sur le site Agrikolis. « Leur siège était à Lille je les ai contactés. Ils cherchaient des exploitations pour livrer des colis volumineux de plus de 30 kg. Ils travaillent en partenariat avec Cdiscound. Pas de réponse pendant un an et depuis novembre tout s'est accéléré. Une équipe s'est déplacée afin de voir ci le lieu était accessible, propre, si nous remplissions les critères pour stocker du matériel. Nous avons eu 18
sur 20 ». L'entreprise Agrikolis a jugé que l'exploitation de la famille Gauthier avait un potentiel de 110 000 habitants. Villefranche, Trévoux, toute la partie Rhône, les bordures de la Saône représentent un bassin de population sur les 25 km aux environs. Sur les 30 millions de colis livrés chaque année en France, Agrikolis prévoit un chiffre d'affaires de 5% du volume. Leur objectif est d'attendre 400 points relais sur toute la France. Pour l'instant, l'activité est surtout développée dans le nord et la Bretagne.
Ça change tout
« Avant nous allions chercher le client pour 300 t de pomme de terre à écouler, maintenant c'est lui qui vient à nous. Psychologiquement je trouve cela bien plus confortable. Je suis content d'avoir trouvé quelque chose d'autre qui sort de la production et de ses contraintes. Le relationnel est différent avec les gens. C'est convivial. A la campagne, pas de souci pour stationner, les gens sont moins pressés. Je les aide à charger le colis dans leur camion. Ils sont très satisfaits ». Il faut dire que Gérard est équipé, lève palette, Manitou, Fenwick, rien ne manque pour le chargement qui se fait dans la bonne humeur. « Financièrement on s'y retrouve. D'ailleurs nous avons gardé notre salarié, il nous aide pour ça mais aussi pour les cultures. Car nous avons gardé 100 ha de céréales ».
Aller plus loin
Pour l'instant, 2 camions par semaine livrent à la ferme. Ce qui engendre un flux de 30 à 50 colis hebdomadaire. Dans l'exploitation familiale, l'écurie a été transformée en local pour déposer les colis. Elle est équipée d'un rideau métallique et bien sûr assurée contre le vol. Le couple prévoit de grosses périodes : juin juillet et de novembre à février. Gérard et Marie envisagent même l'avenir. Ils ont prévu de se débarrasser du matériel qui servait à la culture des pommes de terre. Une fois le hangar libéré il sera aménagé pour la réception et l'entrepôt des colis. « On mettra une alarme reliée à la gendarmerie » explique Gérard.
Ah ! voilà la livraison. Le camion arrive à reculons dans la cour. Marie se précipite pour vérifier qu'il est bien plombé et que le numéro correspond aux commandes. Cette semaine il y a eu un portique, un salon de jardin, 2 machines à laver, un vélo électrique. Elle inspecte les colis et met une réserve sur l'un des cartons car il est déchiré. Marie ne travaille plus dans l'exploitation mais dans un bureau. Cette nouvelle activité lui plaît. Si elle se développe, elle envisage de quitter son emploi pour aider Gérard. Le côté administratif c'est son affaire. Quant à lui il n'en revient encore pas, « j'ai fait pas mal de métiers dans ma vie mais je ne pensais pas faire celui-ci un jour... Décharger des machines à laver sur ma ferme ».
Yolande Carron
Agrikolis : comment ça marche ?