Maternités collectives, un système d’avenir
Avec ses maternités collectives, Cirhyo propose un modèle qui concilie rentabilité, bien-être animal et attractivité du métier d’éleveur.
L’adhésion à une maternité collective séduit de plus en plus d’éleveurs de porcs, qui sont chaque année plus nombreux à réfléchir à intégrer une unité collective de naissage. « La tendance est que de plus en plus d’éleveurs arrêtent les truies pour se spécialiser dans l’engraissement des porcs charcutiers pour l’abattage » explique Fanny Dumet, responsable Qualité – Communication chez Cirhyo. Et de préciser : « Prendre des parts dans une unité de naissage collectif de porcelets leur permet de garantir leur activité d’engraissement, sans avoir à assumer directement l’activité de naissage sur leur propre exploitation ». Autres avantages du système de naissage collectif : « mieux organiser le travail contraignant lié à l’activité de naissage, grâce à la mise en place d’équipes salariées spécialisées et autonomes ; et produire des porcelets à un prix compétitif pour les associés. La spécialisation d’une activité étant souvent synonyme de performance technique et économique ».
Comme de nombreuses filières agricoles, la production porcine doit aujourd’hui relever de nombreux défis. Qu’il s’agisse de l’attractivité et du renouvellement des générations d’éleveurs afin de maintenir une production française et locale de cette viande qui reste la 2ème la plus consommée en France, ; celui de la rénovation et de la modernisation du parc de bâtiments d’élevages, de manière à prendre en compte les besoins des éleveurs, les attentes sociétales et les dernières innovations ; ou encore le défi de la rentabilité économique et de la performance.
Maintenir et sécuriser la production
Les projets de rénovation des maternités collective de l’élevage de Bois Cochon à Foissiat (bâtiment de 270 places de maternité) et de l’élevage des Dombes à Saint-Paul-de-Varax (160 places de maternité et 375 places de nurserie) participent chacun à leur manière à répondre à ces enjeux d’avenir. A noter que quatorze maternités collectives ont déjà vu le jour sur l’ensemble de la coopérative Cirhyo, dont cinq dans l’Ain (quatre avec mise-bas en liberté).
« La maternité collective est spécifique à notre modèle coopératif. L’objectif, c’est de maintenir la production », ajoute Fanny Dumet. « En créant de nouveaux bâtiments pour la mise-bas des truies pour les élevages de Bois Cochon et des Dombes, les associés ont fait le choix de construire des maternités selon un système « liberté », permettant de limiter la durée de contention des truies allaitantes, et d’améliorer le bien-être de ces dernières. Les bâtiments se veulent également agréables pour les équipes et pour les animaux, en étant plus lumineux grâce à leurs nombreuses fenêtres. Ils disposent également de systèmes de régulation de la température de type cooling, permis par une ventilation centralisée, pour maintenir la fraicheur en été », explique-t-on chez Cirhyo. L’implication de la coopérative dans ces deux maternités permet de garder la souplesse nécessaire au bon fonctionnement des élevages, en gérant notamment les porcelets excédentaires pouvant être produits, en apportant son expertise technique, et en participant au financement des projets de rénovation.
Bien-être animal, performance technique et économique
Lors de la mise-bas, les éleveurs doivent faire face à la problématique d’écrasement de certains porcelets par leur mère (300 kg). Les systèmes de cases type « liberté » permettent à l’éleveur de retirer le système de contention dès que les porcelets sont suffisamment agiles, à sept jours d’âge. « Cela répond à une demande sociétale par rapport au bien-être animal. Le système protège les porcelets de l’écrasement et permet de pouvoir précocement libérer la truie. Les cases sont plus grandes que les traditionnelles. L’avantage d’avoir plus de place, c’est aussi d’avoir des truies plus productives. L’augmentation des performances étant liée non seulement à la génétique, mais aussi à l’utilisation de ces cases, qui comprennent des niches chauffées avec capot pour les porcelets pour éviter les pertes énergétiques », explique Fanny Dumet.
Autre intérêt du système : disposer d’une équipe de salariés spécialisés dans les maternités collectives. « Trouver des salariés déjà formés c’est quasi mission impossible. Nous les formons en interne. Et nous organisons des opérations de sensibilisation dans les écoles agricoles ». Quant aux porcelets excédentaires, elle ajoute : « Cirhyo sert de tampon. Tous les porcelets excédentaires seront récupérés par la coopérative pour les revendre à des éleveurs qui n’ont pas de parts dans la maternité ou les placer chez des éleveurs en manque de porcelets ». Et de conclure : « C’est un système qui a fait ses preuves. Nous sommes les seuls en France à fonctionner sur ce principe ».
Patricia Flochon
L’avis de l’éleveur
Pascal Allabouvette (Sarl Elevage du Bois Cochon, à Foissiat) témoigne de l’intérêt d’un tel système. « L’élevage comprend au total 1250 truies, dont 270 places de maternité. Je suis associé à Thierry Pochon sur plusieurs élevages, dont celui-ci, et notamment des élevages pour engraisser des porcelets, de 8 kg à 125 kg. Sur cette ferme, nous avons environ 38 000 porcelets. Cette nouvelle maternité va se substituer aux maternités existantes dont les bâtiments seront désaffectés. Les trois raisons qui nous ont motivés sont : le bien-être de nos salariés, le bien-être de nos animaux, et vis-à-vis de l’évolution de la société, c’est quelque chose qui va dans le bon sens. La mise bas en liberté n’est pas obligée par la loi, mais notre politique est de devancer cette éventuelle réglementation future ».
Concrètement, à 125 kg, les porcs sont commercialisés en totalité par la coopérative Cirhyo à l’abattoir des Crêts de Bourg-en-Bresse et à Lapalisse dans l’Allier. Et l’éleveur d’ajouter : « Une partie de ces animaux est vendue en vif entre 20 et 80 kg à des éleveurs de Rhône-Alpes. Je tiens à souligner que nos élevages sont transmissibles, des élevages de taille importante mais qui seront repris. C’est un beau métier, qui nous fait vivre normalement, et dont nous sommes très fiers ».
Un bâtiment innovant au service de l’efficacité et du confort
Billy Avignon, ingénieur projets chez Cirhyo, explique les points forts du bâtiment : « La conception des cases est issue d’une technologie danoise, mais nous avons fait appel à des entreprises françaises pour l’ensemble des bâtiments. Celui de l’Elevage du Bois Cochon comprend un grand couloir central très lumineux, avec puit de lumière central, de 90 mètres de long qui donne accès à toutes les maternités. Conçu avec des salles peu profondes pour optimiser la lumière et faciliter le travail. Un bâtiment autonome, avec sa propre chaudière, électricité et système d’alimentation. Ainsi qu’un système de cooling : refroidissement d’air pour l’été, qui permet de ne pas dépasser les 30 degrés. Les cases ont une superficie de 6,75 m² par truie, avec un « nid » spécifique aux porcelets avec une dalle chauffante dans laquelle on amène de l’eau chaude. Bénéfices : diminution du risque d’incendie, confort du porcelet, économies d’énergie ».
Cirhyo, une coopérative d’éleveurs au services des éleveurs
Cirhyo est présente sur plus de 30 départements du centre de la France. Les éleveurs de porc adhérant à Cirhyo élisent lors des assemblées générales un conseil d'administration, composé de 24 éleveurs adhérents, chargé de les représenter. Le conseil d'administration définit les grandes orientations, et travaille avec l'équipe de salariés pour garantir le bon fonctionnement de la coopérative.
Chiffres clés : 482 adhérents, 1 363 500 porcs commercialisés, 31 200 truies, 69 salariés. Trois sites : Montluçon (siège social), Appoigny (magasin), Bourg-en-Bresse (bureaux). Deux abattoirs partenaires : Lapalisse (12 000 porcs par semaine) et Fleury (11 500 porcs par semaine).