Immersion en Dombes, ses étangs, ses oiseaux…

Maurice Benmergui est un homme qui compte en Dombes. Chargé de mission à l'ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage), cet ornithologue passionné est aussi bien connu pour ses talents de photographe animalier. Auteur de plusieurs ouvrages dont « La Dombes, d'hommes et d'oiseaux », l'homme est intarissable sur cette Dombes dont il connaît tous les recoins et tous les enjeux liés au maintien de sa biodiversité. Durant toute une soirée, il proposera de découvrir dans un style à la fois philosophique et technique les interactions entre l'humain et la biodiversité qui ont selon lui « destins totalement liés ». Il s'attachera dans un premier temps à décrire les mécanismes de glaciation et les migrations qui s'en sont suivies et l'influence de l'homme au fil des siècles sur le développement d'écosystèmes favorables à la faune. « La Gaule a longtemps été couverte de forêts. L'homme a défriché, s'est sédentarisé et à cultivé. Cette partie de l'exposé me paraît nécessaire pour expliquer que l'on a colonisé notre région à une période relativement récente et que cela a été en tous points bénéfique pour la faune », souligne-t-il. Autre étape importante : la reconstruction de l'Europe et les Trente Glorieuses avec à la clé la restructuration de l'agriculture et les nombreuses interactions hommes - milieux qui s'en suivent.
« Conserver la pisciculture »
Au fil des années, l'écologie de l'étang a beaucoup changé. « La pisciculture a tout intérêt à être conservée. Des espèces ont disparu, comme les canards de surface, des oiseaux essentiellement prairiaux qui ne pouvaient plus nicher dans leur habitat naturel. Aujourd'hui on dénombre environ 260 espèces d'oiseaux connues sur la Dombes, dont environ 140 d'espèces nicheuses en majorité protégées mais quelques dizaines restent chassables. Il y a beaucoup moins de gibier d'eau que par le passé car l'étang dombiste n'est plus en capacité de favoriser sa reproduction. Le manque d'azote explique beaucoup de choses mais pas tout... », ajoute Maurice Benmergui. Le dernier point abordé lors de cette conférence portera sur le problème de la gestion de l'eau et des enjeux pour les années à venir. Et de conclure : « Nous avons une Dombes qui est partie de très haut en matière de production de diversité et qui est aujourd'hui passée en dessous de la Brenne, de la Sologne et du Forez. Beaucoup de choses ont été préconisées depuis des années, mais ça ne marche pas et ça peut coûter très cher. Ce sont par exemple des programmes, des mesures agri environnementales, mais qui restent ponctuels. On n'est pas capable en France pour l'instant de saisir la mesure de l'échelle à laquelle il faut travailler l'évolution de nos pratiques. Au rythme où la nature se détruit, j'ai peu d'espoir de voir s'inverser la tendance. Chacun est responsable et on ne peut pas coller tout ça sur le dos du monde agricole ! Il faut vraiment que l'on ait un sursaut collectif. Les choses évoluent mais encore faut-il que les solutions proposées (technologie, techniques alternatives...) soient viables ».
Patricia Flochon
Le 21 septembre à 20 h.
Renseignements et inscriptions :
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06 70 89 49 33.