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Elvea Rhône-Alpes : « Nous poursuivons notre mission de proximité et de qualité »

Filière élevage / L’association d’éleveurs Elvea Rhône-Alpes a tenu son assemblée générale le jeudi 25 septembre dans le Roannais, à Vougy (Loire). La partie statutaire a été suivie d’interventions techniques, sanitaires et économiques, en particulier en lien avec la conduite des broutards.

Par Lucie Grolleau-Frécon
Elvea Rhône-Alpes : « Nous poursuivons notre mission de proximité et de qualité »
© LGF-PdlL
Frédéric Pontonnier (co-président d’Elvea Rhône-Alpes), Virginie Motta (directrice), Laurent Meunier (co-président) et Vincent Martinon (trésorier).

Un engagement collectif sans faille, des signaux économiques encourageants pour les éleveurs et une vigilance accrue face aux enjeux sanitaires caractérisent l’année 2024 pour les responsables d’Elvea Rhône-Alpes. Lors de l’assemblée générale de l’association d’éleveurs, jeudi 25 septembre à Vougy, Frédéric Pontonnier, co-président avec Laurent Meunier, a assuré que « plus que jamais, notre structure reste mobilisée et proche de ses adhérents, prête à accompagner chacun dans son activité et à défendre notre filière. C’est ensemble, avec la même énergie et la même solidarité que nous continuerons à avancer et à valoriser le travail des adhérents ». Plus concrètement, Elvea Rhône-Alpes, en collaboration avec la Fédération des commerçants en bestiaux, « s’est pleinement investie dans le projet régional d’aide à la recapitalisation des troupeaux allaitants, a-t-il précisé Ce dossier, essentiel pour l’avenir de notre filière, n’aurait pu aboutir sans l’implication de chaque membre du bureau, du conseil d’administration et de notre équipe salariée ». Dans un contexte de décapitalisation, la Région Auvergne-Rhône-Alpes s’est engagée à verser une aide aux éleveurs augmentant le nombre de vaches de leur troupeau. L’objectif étant de soutenir les naissances afin de maintenir deux activités de la filière : l’engraissement et l’export. Les informations sur les dates d’appel à candidature sont à retrouver sur le site internet de la Région.Les responsables d’Elvea se sont également réjouis « de la bonne tenue des cours. Ils offrent une perspective optimiste pour la pérennité de nos élevages et confirment la valeur de notre production ». Cependant, « le contexte sanitaire reste complexe ». Après la FCO (Fièvre catarrhale ovine), qui a sévi en 2024 en Auvergne-Rhône-Alpes et qui est toujours active dans l’Ouest de la France, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) constitue « un nouveau défi majeur pour les éleveurs ».Dans leur rapport moral, les co-présidents ont garanti qu’« Elvea Rhône-Alpes reste et restera aux côtés de ses adhérents et de ses partenaires. Nous poursuivons notre mission de proximité et de qualité, qu’ils s’agissent d’accompagnements administratif, technique, ou encore de soutien collectif ».

Services aux éleveursElvea met à disposition de ses adhérents un logiciel de gestion du troupeau, Oribase. L’association les accompagne aussi au montage de dossiers : plan de filière bovin viande, Dexel, plans d’épandage et de fumure, Cap2ER, DUER (document unique d’évaluation des risques). Un conseil technico-économique est également fourni : gestion de l’alimentation, calcul du coût de production de l’atelier bovin viande, diagnostic global d’exploitation. Les éleveurs qui le souhaitent peuvent bénéficier d’un accompagnement sur des aspects administratifs : déclaration Pac, autorisation d’exploiter, enregistrement des épandages ou encore aide ponctuelle d’urgence en cas de contrôle par les autorités. L’association a l’agrément Plan sanitaire d’élevage. Les adhérents qui le souhaitent peuvent obtenir des conseils préventifs sur le parasitisme et la vaccination de leur cheptel. La présentation des comptes par le trésorier, Vincent Martinon, et l’adoption du montant des cotisations et des prestations a été l’occasion de signaler que les jeunes installés bénéficient d’un tarif préférentiel : 30 % de réduction sur la cotisation la première année (20 % pour un Gaec) et chèque cadeau de 150 euros à faire valoir sur une prestation.

Des broutards lourds et qui rapportent

La réunion s’est terminée par des interventions techniques sur l’élevage des broutards. David Cuvillier, vétérinaire au laboratoire Zoetis, a apporté sa vision sur le sanitaire. Pour lui, l’enjeu principal est la morbidité des animaux, qui fait perdre insidieusement de l’argent. « Les pathologies doivent être évitées. La prévention doit être considérée comme de l’investissement. Les impacts de chaque action doivent être mesurés. » Préparation au vêlage des mères, prise de colostrum du veau, déparasitage ou encore prévention contre les maladies respiratoires ont été abordés. La parole a ensuite été laissée à Stéphane Brisson, responsable de l’équipe élevage de la chambre d’agriculture de la Loire, sur le thème « Des broutards qui pèsent et qui rapportent ». Il a démontré que la maîtrise de la reproduction des femelles (un veau par vache et par an) est essentielle pour atteindre ces objectifs. D’autres critères sont à viser : moins de 7 % de mortalité des veaux et poids de vente des broutards entre 400 et 450 kg vif entre 9 et 12 mois d’âge. D’après son étude, « l’alourdissement des broutards est payant jusqu’à 450 kg ». Au cours de la réunion, un hommage a été rendu à Vincent Moncorgé (trésorier) et Pascal Poyet (membre du conseil d’administration et ancien président), « partis beaucoup trop tôt ». « Ils étaient des membres actifs de notre association, ont témoigné Laurent Meunier et Frédéric Pontonnier. Leur engagement et leur présence resteront dans nos mémoires et dans l’histoire de notre organisation. »

Michel Fénéon : « Les Italiens apprécient toujours les broutards français »

L’export des bovins français vers l’Italie s’est réellement développé dans les années 1960-1970 avec les broutards, les systèmes d’élevage des deux pays étant complémentaires. « Les Italiens n’ont pas de cheptel souche et ils ont toujours eu un intérêt certain pour les performances d’engraissement des mâles français », a affirmé Michel Fénéon, membre du bureau de la FFCB (Fédération française des commerçants en bestiaux).Les volumes d’animaux commercialisés n’ont eu de cesse d’augmenter jusqu’au début des années 2000, jusqu’à atteindre presque 1 million de têtes par an. « Les Italiens ont acheté beaucoup de veaux dans les années 1990, jusqu’à 250 000. Puis la Pologne a pris le marché. Avec la crise de la vache folle, les Italiens ont arrêté d’acheter des veaux laitiers pour se concentrer sur les broutards. C’est ainsi que la France a atteint les 950 000 vendus en Italie en 2003. »En parallèle de l’évolution du marché, la France s’est adaptée à la demande des Italiens en augmentant le nombre de vaches allaitantes pour faire naître des broutards. Depuis le début des années 2000, les Italiens achètent de plus en plus de femelles, qui atteignent désormais 30 % des volumes. « Leur carcasse est moins lourde que celle des mâles, ce qui est apprécié. »Depuis une dizaine d’années, le cheptel allaitant français s’érode (- 14 % de vaches en 8 ans) et les exportations diminuent (- 6 % de broutards exportés entre 2024 et 2025 sur la période de janvier à juillet). La consommation a également tendance à baisser en Italie. Néanmoins, « les volumes demeurent conséquents, autour de 850 000 broutards exportés ces dernières années ». Michel Fénéon a confirmé que « la synergie entre les deux pays était bonne. Les Français préparent de mieux en mieux les animaux pour l’engraissement et les Italiens apprécient toujours autant les bovins français. Ils ont d’ailleurs peur d’en manquer ».Dans ce contexte, les cours des broutards et des laitonnes sont en hausse. La demande des abattoirs français en jeunes bovins augmente également, venant concurrencer le marché italien.

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