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DNC

David Chauve : « L’État doit être plus directif »

Le 19 septembre, un nouveau foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) était confirmé dans le Rhône. Un véritable coup de massue pour le monde agricole qui ne comprend pas le saut de 100 kilomètres qu’a pu faire la maladie depuis le dernier foyer détecté dans l’Ain fin août. La profession agricole attend de l’État qu’il apporte des réponses et prennent ses responsabilités.

David Chauve : « L’État doit être plus directif »
David Chauve, président de la FRSEA : « Il est urgent de donner des perspectives aux éleveurs et opérateurs économiques qui les entourent. Nous avons besoin de réponses ! »

Vendredi 19 septembre, les éleveurs et plus largement le monde agricole ont reçu un coup de massue. La nouvelle est tombée en milieu de matinée : un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) était confirmé dans le Rhône, sur la commune de Saint-Laurent-de-Chamousset à une cinquantaine de kilomètres de Lyon. La stupéfaction passée, la lutte s’est rapidement organisée et mise en place. Tous mouvements d’animaux ont immédiatement été interdits sur une nouvelle zone réglementée définie comprenant des communes de l’Ain, de l’Isère, de la Loire et du Rhône. Les 170 animaux de l’élevage contaminé ont été abattus. La campagne de vaccination concernant près de 370 000 bovins dans la nouvelle zone réglementée devait se mettre en place dès le milieu de cette semaine*. Les agriculteurs, ensemble, recensent les besoins en matériel et la solidarité, une fois de plus, joue son rôle.

Éviter la propagation

L’ambition de toute une profession et de leurs partenaires demeure, en effet, inchangée depuis l’apparition de la maladie en juin dernier, en Savoie, : tout mettre en œuvre pour éviter la propagation de la DNC. « Nous devons contenir la maladie et protéger notre élevage français. En premier lieu, le dépeuplement demeure malheureusement la seule voie possible pour y parvenir. Nous ne pouvons que saluer le courage et le dévouement de nos collègues dont le troupeau est touché par la maladie. Nous devons tous être solidaires. Respecter les zonages, les consignes de biosécurité et l’interdiction de mouvements des animaux est également primordial. Enfin, il faut vacciner », rappelle le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, David Chauve.

L’État doit prendre ses responsabilités

Si la stratégie de lutte, reconnue par les experts scientifiques et qui repose sur le triptyque : dépeuplement, vaccination et biosécurité, semble en effet porter ses fruits, des questions restent toutefois en suspens pour la profession. Si pour tous, il est en indéniable que l’action de l’État a été au rendez-vous pour gérer l’urgence (indemnisation forfaitaire, campagne de vaccination…), le monde agricole en attend aujourd’hui davantage dans la gestion de la crise. « Le sanitaire est un sujet de l’État et il doit, en ce sens prendre, ses responsabilités. Aujourd’hui, nous n’avons pas la réponse expliquant pourquoi soudainement la maladie a fait un saut de 100 km. Il est impératif que l’État nous apporte les réponses, pour comprendre comment cela a été possible », souligne l’éleveur de Haute-Loire. Concernant la vaccination, David Chauve appelle le gouvernement à la rendre obligatoire. « L’État donne le ton sur la question du sanitaire. Il doit faire preuve de davantage de fermeté et être plus directif concernant la vaccination, mais également les mouvements d’animaux. Il doit être plus strict concernant la traçabilité. Ce n’est que comme cela que nous sortirons de cette crise », affirme le président de la FRSEA.

Indemniser les pertes indirectes

Si cette crise sanitaire est un fléau sur le plan humain, elle engendre également d’importantes conséquences financières sur les filières. Là encore, la profession en appelle à l’État. « Il est primordial que les pertes indirectes pour les éleveurs comme la perte de production, le manque à gagner sur les animaux retenus (veaux laitiers et broutards) ou encore la nécessité d’affourager soient indemnisées. Les pertes indirectes concernent également tous les maillons de la filière. Ces derniers doivent également être dédommagés », soutient le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes qui affirme qu’au niveau des zones concernées le travail de recensement est en cours. « Toutes ces demandes ont déjà été faites et tous les besoins ont déjà été remontés. Mais il semble que nous ne soyons pas encore entendus. Il est urgent de donner des perspectives aux éleveurs et opérateurs économiques qui les entourent. Nous avons besoin de réponses ! »

Marie-Cécile Seigle-Buyat

La profession agricole appelle l’État à rendre la vaccination contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), l’un des piliers de la lutte contre la maladie, obligatoire dans les zones réglementées.
Zonage

Deux périmètres sur le territoire français

Depuis la détection d'un cas dans le Rhône, une nouvelle zone réglementée a été mise en place. Des communes de Savoie, Haute-Savoie, de l’Ain, de l’Isère, du Jura, du Rhône et de la Loire sont concernées.

Deux périmètres sur le territoire français
Depuis la détection d'un cas dans le Rhône, une nouvelle zone réglementée a été mise en place.

En date du 23 septembre, 79 foyers ont été détectés en France, répartis dans quatre départements : Savoie (32 foyers répartis sur les communes d’Entrelacs, Hauteluce et Chindrieux), Haute-Savoie (44 foyers répartis sur les communes de Rumilly, Massingy, Marigny-Saint-Marcel, Faverges-Seythenex, Saint-Ferréol, Les Combes-Seythenex, Boussy, Val-de-Chaise, Moye et Giez), Ain (2 foyers répartis à Culoz et Injoux-Génissiat) et Rhône (1 foyer sur Saint-Laurent-de-Chamousset). Ces foyers concernent quarante-sept élevages.

Deux zones indépendantes

Une deuxième zone réglementée d’un rayon de 50 kilomètres est mise en place autour du nouveau foyer et instaure des mesures de prévention (surveillance vétérinaire renforcée), ainsi que des restrictions notamment sur le déplacement des bovins. Ces mesures visent à éviter que la maladie ne se diffuse dans d’autres élevages, en particulier au-delà de cette zone réglementée. Des communes de la Loire, du Rhône, de Savoie, de Haute-Savoie, de l’Ain, de l’Isère et du Jura sont concernées par des périmètres de restriction de 50 kilomètres autour du foyer. À noter : les deux zones réglementées sont régies de manière indépendante. Le nouveau foyer ne remet pas les compteurs à zéro pour la levée de la première zone réglementée. Pour rappel, la zone réglementée est levée si aucun nouveau cas n’est confirmé dans la zone.