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Découverte

Bergerie « Au rythme du troupeau » : le bonheur est dans l’alpage

Cette semaine nous vous faisons découvrir la bergerie « Au rythme du troupeau ».  Installés en 2012 sur le plateau de Retord, Pierre Blondiaux et Priscilla Ponthieux, élèvent brebis laitières et chèvres de races rustiques. Table d’hôtes paysanne, Rando’troupeau, accueil à la ferme… rencontre avec des passionnés de la montagne. 

Bergerie « Au rythme du troupeau » : le bonheur est dans l’alpage
Le couple propose des visites de la bergerie en hiver et rando’troupeau sur les alpages verdoyants du Plateau de Retord. ©Patricia Flochon

Elle est originaire de Normandie, lui de l’Yonne. C’est leur passion commune pour la montagne qui les a réunis. De leur rencontre lors de vacances en montagne, est née une belle histoire, tant familiale que professionnelle. Avant d’être éleveurs, Priscilla Ponthieux et Pierre Blondiaux auront multiplié les expériences en tant que salariés, les stages et formations dans le pastoralisme, en parcourant la France, avec toujours ce rêve de monter un projet pastoral bien à eux. Avant de se rencontrer, Pierre aura été paysagiste et élagueur grimpeur et Priscilla fleuriste à Rouans. « Notre rêve était de pouvoir vivre les quatre saisons en montagne. Pendant deux saisons nous avons travaillé pour un gîte d’étape dans les Hautes-Alpes. Après un BPREA polyculture élevage, j’ai orienté mes stages sur le pastoralisme. J’ai notamment effectué une année en Gironde en tant que berger avec 3 000 ovins et caprins. C’est là que j’ai eu le coup de cœur pour les races rustiques », explique-t-il. Sa compagne passe un BEP maraîchage bio. Ils auront été bergers dans les Pays Basque durant cinq ans. Après une première installation en entreprise individuelle de 2008 à 2012, ils décident de quitter la région pour trouver une ferme qui réponde à leur philosophie de vie et leur permette de produire du fromage d’alpage, et s’installent finalement dans l’Ain. Une ferme trouvée via le Répertoire Départ Installation (RDI). Et d’expliquer : « On recherchait du foncier pour nourrir les bêtes et des altitudes d’alpage avec des saisons marquées. Ce qui nous a plu ici, c’est un paysage ouvert, avec de  la clientèle. Nous avons pu nous installer sur la ferme grâce à Terre de Liens, en lien avec la Safer. Nous avons signé un bail rural environnemental. Terre de Liens est propriétaire des terrains, des bâtiments et de la maison d’habitation ». Le couple a quant à lui investi dans un laboratoire de fabrication de fromages et labo de découpe de la viande. 

Un troupeau mixte saisonné

La totalité du lait du troupeau (210 brebis laitières de race Manech tête noire et une quarantaine de chèvres laitières de race Pyrénéenne et croisées avec la race Rove) est transformé à la ferme en fromages et yaourts. « L’avantage d’avoir un troupeau mixte, c’est d’ouvrir la gamme de fromages, ça plaît aux gens. Ici nous avons un environnement prés-bois et la chèvre mange du ligneux, ce qui nous affranchit de toutes les tâches d’élagage et de broyage en lisière. Autre avantage : la chèvre est meneuse dans le troupeau. Ce sont elles qui dynamisent la garde. Le chevrotage a lieu un peu avant la naissance des agneaux, ce qui permet aussi d’élever nos agneaux avec du lait de chèvre et nous évite d’acheter du lait en poudre », précise Pierre Blondiaux. 

Les agneaux mâles sont abattus lorsqu’ils atteignent un poids entre 15 et 20 kg, à Bellegarde. Les agnelles sont gardées pour le renouvellement du troupeau. La sélection se faisant « au fil de l’alpage pour ne sélectionner que celles qui correspondent à nos critères ». La viande est valorisée en savoureux plats proposés à la table d’hôtes. Labellisée Accueil Paysan depuis cinq ans, la table « Au rythme du troupeau » régale toute l’année les amateurs de gigot d’agneau et de chevreau, cuisiné pendant près de sept heures et servi avec un succulent gratin dauphinois. Le couple aime également concocter des tourtes à la viande, et ravit sa clientèle l’été avec des grillades, chorizo, merguez, saucisses aux herbes. On peut aussi acheter et se régaler au Gaec des Bergonnes de saucissons à cuire, steaks hachés de brebis, caillettes d’agneau ou encore jambon persillé. « On veut éduquer les gens à l’environnement, mais aussi au goût », confie le couple qui a le projet d’investir l’an prochain dans un autoclave pour fabriquer et commercialiser des terrines. Les légumes produits sur la ferme, participent eux aussi à la ronde des saveurs.

La prairie fleurie du Plateau de Retord : « un joyau »

Située à 1 100 m d’altitude, sur le Plateau de Retord, l’exploitation s’étend sur 156 ha. Ici les avantages sont nombreux, ainsi que l’explique l’éleveur : « Le foncier est pratiquement d’un tenant. La ferme était déjà en bio. Et la prairie fleurie est un joyau, avec 35 à 40 % de légumineuses présentes naturellement dans nos prés. Une grande qualité de prairies et des prairies résilientes au changement climatique. Nous nous sommes engagés dans une démarche MAE (Mesure agro-environnementale) ». A la clé : un foin « de super qualité ». Une seule de coupe de foin est réalisée par an. Le couple fait appel à un ETA (Entrepreneur de travaux agricoles), aussi bien pour la fauche que l’épandage du compost. 

Les surfaces sont adaptées au système. Et Pierre d’ajouter : « On pratique le pâturage tournant, avec des clôtures électriques trois fils, des parcs de jour et des parcs de nuit. On fait des parcs d’un ha que l’on va déplacer tous les jours ». Depuis son installation en avril 2012, le couple a été épargné par les attaques de loup. Une bonne étoile qui ne les fait pas pour autant baisser la garde. Sur la ferme, les chiens de protection de race Cao de Gado Transmontano (cinq adultes et deux jeunes en formation) veillent à la sécurité des animaux. 

Patricia Flochon

Fiche d’identité de l’exploitation

Situation : Hotonnes – Les Bergonnes, à 1 100 m d’altitude

Exploitants : Pierre Blondiaux et Priscilla Ponthieux

Installation en avril 2012

SAU : 156 ha

Cheptel : 210 brebis laitières de race Manech tête noire et une quarantaine de chèvres laitières de race Pyrénéenne et croisées avec la race Rove

Production : fromages, yaourts, viande et charcuterie

Commercialisation : vente directe à la ferme, magasins locaux, marchés ; accueil paysan en table d’hôte (cuisine à partir des produits de la ferme).

Accueil à la ferme (scolaires, familles, Institut médico-éducatif), organisation de Rando’Troupeau. Sur réservation.