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Plantes invasives

Ambroisie trifide : la connaître pour mieux la gérer

Suite aux dernières prospections orchestrées par la Fredon les 8 et 9 juillet, la présence de l’Ambroisie trifide est confirmée à Peyzieux-sur-Saône. Retour sur les points de vigilance et moyens de lutte pour enrayer la dissémination de cette adventice, fléau des cultures.

Ambroisie trifide : la connaître pour mieux la gérer
Une plante dont la hauteur dépasse facilement 2 à 3 mètres à la floraison et peut atteindre jusqu’à 5 mètres. ©Fredon01

Plante annuelle originaire d’Amérique du Nord, l’ambroisie trifide (Ambrosia trifida) gagne progressivement du terrain en France. Menace émergente pour l’agriculture, elle s’installe dans les cultures de maïs, soja ou tournesol. Pouvant dépasser quatre mètres de haut, elle concurrence directement les cultures, avec pour conséquences directes des pertes de rendement, la contamination des récoltes et des surcoûts de gestion. En outre, son pollen, hautement allergène, pose également un problème de santé publique. Face à cette adventice envahissante, la vigilance et l’action collective sont désormais indispensables. 

En région Auvergne-Rhône-Alpes, la Fredon organise chaque année des chantiers de prospection et d’arrachage de l’ambroisie trifide sur les communes impactées. « Cette ambroisie géante n’a été, pour l’instant, que très ponctuellement détectée en région Aura. Suite à la découverte d’une infestation très préoccupante sur deux communes du département de l’Ain depuis 2021, (Peyzieux-sur-Saône et Saint-Julien-sur-Reyssouze), Fredon AURA est mandatée pour réaliser un programme de prospection et de gestion spécifique », explique Benjamin Gelmini, son responsable technique. Dans l’Ain, les dernières prospections, en date des 8 et 9 juillet, ont mobilisé 21 participants sur la commune de Peyzieux-sur-Saône. La Fredon intervient pour aider les agriculteurs à prospecter et les conseille pour la gestion de la trifide.

Impacts agronomiques et conséquences économiques

Sur le site de l’Observatoire des ambroisies – piloté depuis 2017 par Fredon France – on retrouve une foultitude d’informations liées à la plante, qu’il s’agisse des risques pour la santé humaine, un descriptif détaillé de l’adventice, sa localisation (où la trouver en France), des leviers d’action pour une lutte efficace, ou encore des données précises relatives aux risques pour l’agriculture. Sur ce dernier volet, les conclusions de l’observatoire nous apprennent que « même à de faibles densités (une ambroisie trifide tous les 25 m²) des pertes de rendements sont observées (à minima 5%) ». De plus, au-delà des pertes directes de rendement, les agriculteurs font face à des coûts d’exploitation accrus (travaux du sol, désherbage spécifique mécanique ou chimique ou manuel) ; mais également à des dépréciations de récoltes collectées du fait de la présence d’humidité (fragments végétaux) et de graines d’ambroisie trifide (nécessitant des tris spécifiques). Les agriculteurs concernés sont également impactés économiquement par des choix de cultures sous-optimaux impactant l’équilibre financier des exploitations.

La reconnaître très tôt pour mieux la maîtriser

Selon la Fredon, l’intervention est plus efficace lorsqu’elle se situe entre la levée et le stade 6 feuilles, lorsque le système racinaire est encore peu ancré. Les interventions mécaniques ou chimiques sont alors plus efficaces. Passé ce stade, le développement rapide de la biomasse et la hauteur atteinte rendent la plante difficile à contrôler sans dommages pour la culture. D’où l’importance cruciale d’une reconnaissance précoce au champ. Point de vigilance : coupée, cette ambroisie a une forte capacité de repousse et peut, sous la contrainte humaine, devenir difficile à reconnaître en raison d’une grande capacité d’adaptation (petite taille à la floraison et feuilles principalement unilobées). https://www.youtube.com/watch?v=nCwXcq7bxdM 

Lien pour la signaler : https://signalement-ambroisie.atlasante.fr/apropos/pr-sentation 

(Sources : Fredon France – Observatoire des ambroisies).

Patricia Flochon

Reconnaître l’ambroisie trifide

Reconnaître l’ambroisie trifide
La présence d’ambroisie trifide confirmée à Peyzieux-sur-Saône, lors de la prospection réalisée les 8 et 9 juillet. ©Fredon01

L’ambroisie trifide se distingue dès la levée par ses cotylédons très larges, ovales, charnus, bien plus imposants que ceux de la plupart des adventices communes. Les premières feuilles sont généralement opposées, palmées, profondément lobées, souvent à trois lobes et présentent une marge dentée caractéristique. Ainsi, les feuilles peuvent mesurer de 4 à 15 cm et sont vertes des deux côtés. À mesure que la plante croît, elle développe une tige robuste, creuse, striée de rouge, recouverte d’un léger duvet. Elle fleurit en été et produit en fin de cycle jusqu’à 200 akènes par pied. Une part importante (jusqu’à 50 %) peut rester viable plus de vingt années dans le sol. Sa hauteur dépasse facilement 2 à 3 mètres à la floraison et peut atteindre jusqu’à 5 mètres, avec une inflorescence en épis terminaux, verts pâles à jaune, où les fleurs mâles libèrent un pollen extrêmement allergisant. Ce port érigé et sa morphologie foliaire peuvent faire confondre l’ambroisie trifide avec le tournesol jeune. On confond parfois l’ambroisie trifide avec l’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia), sa cousine plus répandue. Toutefois, la taille imposante de la trifide, le nombre réduit de divisions foliaires, et la texture épaisse de la feuille permettent de la différencier. La vigilance est particulièrement requise dans les cultures de printemps (soja, tournesol, sorgho), au sein desquelles elle peut se cacher jusqu’à un stade avancé.   

(Source : Observatoire des ambroisies).