AGROALIMENTAIRE
Coup de projecteur sur ces filières qui innovent

Organisé le 13 novembre dernier sur le site du technopôle Alimentec de Bourg-en-Bresse, le colloque Inno’Fil a parfaitement rempli ses objectifs : rapprocher les industriels de l’alimentaire, distributeurs, agriculteurs et acteurs institutionnels autour de démarches innovantes, témoignages à l’appui et présentation de nouvelles filières d’envergure régionale, voire nationale. Retour sur cette journée dédiée à l’innovation, la proximité, la santé et la qualité.
Coup de projecteur sur ces filières qui innovent

Un portrait de la France en 2025 (1), réalisé par le cabinet Blezat Consulting, le Credoc (2) et Deloitte Développement Durable, a été présenté en préambule du colloque Inno'Fil. De 67 millions en 2018, le nombre de consommateurs devrait passer à 70 millions en 2025, avec des demandes générationnelles différentes. Le nombre de ménages constitués de personnes seules devraient encore augmenter (34 % en 2012 ils seront 44 % en 2025) et la part de personnes de 65 ans et plus devrait atteindre 22 % en 2025. Suite à cette étude, seize fiches « tendances et impacts » ont été réalisées pour accompagner les entreprises et qui s'avèrent également très utiles pour les filières agricoles dans la mise en place de stratégies d'adaptation.

Patricia Flochon

Bleu-Blanc-Cœur : une alimentation « santé durable » du champ à l’assiette

Jean-Pierre Pasquet, éleveur laitier et co-président Bleu-Blanc-Cœur.

 

Jean-Pierre Pasquet, éleveur laitier et co-président Bleu-Blanc-Cœur avait fait le déplacement depuis sa Bretagne pour présenter l’association créée en 2000, qui regroupe aujourd’hui près de 7 000 producteurs, 1 400 produits et qui a été rejointe par 1 200 professionnels de la santé. « Nous avons pour vocation d’être leader de l’alimentation « santé durable » et de créer de la valeur ajoutée qui revienne au producteur. Ce que nous prônons : améliorer la santé de l’homme en repensant les modes de production, travailler en amont sur la filière pour proposer une alimentation la plus équilibrée possible avec une création de valeur sur la nutrition et l’environnement », explique-t-il. En bref : construire une chaîne alimentaire dédiée à la santé des animaux et des hommes. Les adhérents inscrits dans la démarche, qu’ils soient cultivateur, producteur, fabricant d’aliment du bétail, transformateur ou distributeur, ont l’obligation de respecter un cahier des charges qui induit non seulement une obligation de moyens (ration des animaux contrôlée et tracée) mais aussi de résultat (analyse sur les produits). « Cela donne à l’éleveur une fierté et un retour de son travail », ajoute Jean-Pierre Pasquet. Pour le lait par exemple, les éleveurs bénéficient d’une plus-value par rapport au prix de base de 15 à 20 €/1000 litres. BBC est aujourd’hui la seule démarche d’intérêt nutritionnel et environnemental reconnue en France, en Europe et aux Nations-Unies. L’association est contrôlée par un organisme tiers indépendant.

 

La maison Giraudet à la recherche de producteurs pour son projet de légumerie

Patrick Battendier, directeur général adjoint de la maison Giraudet.

 

Patrick Battendier, directeur général adjoint de la maison Giraudet, bien connue pour ses quenelles, sauces et soupes au goût inimitable, a présenté lors du colloque son projet de création d’une légumerie. L’entreprise, animée par une forte volonté de création et d’innovation, passe en effet aujourd’hui à la vitesse supérieure. Patrick Battendier explique : « aujourd’hui nous souhaiterions nous approvisionner en local. La difficulté est de trouver les producteurs en amont, en bio et en conventionnel. Un projet qui nous tient à cœur depuis plus de dix ans qui se confronte à deux freins majeurs : d’une part nous sommes encore considérés par les agriculteurs comme des industriels, bien que nous soyons des artisans de l’industrie agroalimentaire, d’où une certaine réticence de leur part pour s’engager avec nous ; et le fait qu’il nous faut trouver des maraîchers bio ; sur les 1 700 t de légumes que l’on travaille aujourd’hui, 300 t sont en bio.  Nous sommes prêts à commencer avec des conventionnels et évoluer avec eux et ceux qui sont en conversion ». L’appel est lancé ! Affaire à suivre (nous publierons avant les fêtes une page consacrée à la maison Giraudet ainsi qu’à son projet en termes de développement de filière courte et de création de valeur ajoutée pour les producteurs).

 

C’est qui le patron ? 76 millions de litres de lait déjà vendus !

 

L’aventure a débuté en 2016, à l’initiative, et grâce à la ténacité de Martial Darbon, président de la coopérative Bresse Val-de-Saône, en association avec Nicolas Chabanne, fondateur du collectif Les Gueules Cassées – La Marque du Consommateur (voir article paru dans notre édition du 27 septembre dernier et sur www.lainagricole.fr). Un lait vendu 99 cts au consommateur et qui rémunère au juste prix son producteur : 39 cts le litre. Aujourd’hui 300 exploitations laitières sont inscrites dans la démarche, sur douze départements. Le lait est distribué dans une vingtaine d’enseignes. « Il n’y a pas de commerce durable s’il n’est pas équitable. Un modèle qui est vraisemblablement amené à se développer et s’étendre demain. Cela permet de ramener une dynamique de qualité, avec une transparence du produit de base, du produit noble, vendu au consommateur », témoigne Martial Darbon.