APICULTURE
Un plan triennal de 2,7 millions d'euros pour l'apiculture

Un plan apicole a été signé lundi 15 octobre à Roche-la-Molière (Loire). Il permettra les investissements et l'accompagnement nécessaires pour faire face aux nombreuses contraintes que connaît la filière.
Un plan triennal de 2,7 millions d'euros pour l'apiculture

 

Signé pour les trois prochaines années, le plan de filière apicole de la Région Auvergne-Rhône-Alpes met sur la table 2,7 millions d'euros pour de l'investissement matériel et de l'accompagnement des apiculteurs. Lundi 15 octobre, les représentants de la Région, de la chambre régionale d'agriculture et de l'association pour le développement de l'apiculture en Auvergne-Rhône-Alpes (Ada Aura) étaient réunis sur le Gaec Miellerie des gorges de la Loire, à Roche-la-Molière (Loire) pour la signature du plan. « Nous avons souhaité que le plan se construise à travers la profession, a appuyé Jean-Pierre Taite, vice-président de la Région Aura, en charge de l'agriculture. Nous aurons la capacité à le faire évoluer si besoin. Rien n'est gravé dans le marbre. Nous serons à l'écoute de vos attentes », a-t-il précisé. Production à part entière, « l'apiculture est une activité économique où la maîtrise des charges et la valorisation des produits sont nécessaires », soulignait Gilbert Guignand, président de la chambre d'agriculture régionale. Piloté par cette dernière, le plan de filière devrait permettre de répondre aux différents défis, « pour que notre région reste la première région apicole française ». Pour Bruno Casset, président de l'Ada Aura, « le plan viendra soutenir les investissements mais aussi l'accompagnement technique », deux axes indissociables.

Des investissements conséquents

Des investissements, la filière en a effectivement besoin. Pour Robin Carel, qui a terminé son installation cette année, ce ne sont pas moins de 200 000 euros déboursés pour 200 ruches. Mais la filière doit aussi investir en cours d'activité, pour s'adapter, comme l'ont fait les trois associés de la Miellerie des gorges de la Loire. Pour leurs 1 000 ruches en production, ils ont dû investir dans des véhicules de transport, dans une machine qui permet l'extraction du miel après récolte (80 000 euros) mais aussi dans des balances connectées qui permettent le suivi des ruches à distance (production de miel). « Avec l'explosion des vols de ruches, nous avons dû acheter des balises GPS. » Un « budget conséquent » auquel toutes les exploitations ne peuvent pas abonder seules. D'autant que la filière devra faire face à un autre fléau : un petit coléoptère nommé Aethina Tumida, aux origines sud-africaines, qui devrait arriver en France et « qui va nécessiter de nouveaux investissements comme des chambres froides et un changement dans les modes de travail car nous n'aurons plus que 24 heures pour extraire le miel », a alerté Gilles Dehors, l'un des associés.

Des défis à relever

Cette menace vient s'ajouter aux problématiques sanitaires déjà présentes comme le varroa ou le frelon asiatique. Les intoxications des abeilles dues à des produits phytosanitaires sont également sources de pertes importantes pour certains apiculteurs. Mais sur ce point, « un travail important a été mené avec les agriculteurs, nous recherchons des solutions en intelligence collective », a précisé Adèle Bizieux, directrice de l'Ada Aura. Face à ces aléas, alors que le seuil de mortalité dit « normal » est de l'ordre de 10 %, il serait actuellement plutôt aux alentours de 30 %, « et parfois beaucoup plus pour certaines ruches », a précisé Laurent Joyet, conseiller apicole à la chambre d'agriculture régionale. Pour compenser les pertes, les apiculteurs sont donc amenés à augmenter leur nombre de ruches et donc le besoin en main-d'œuvre. L'augmentation du prix du carburant fait également bondir les coûts de production. « Nous n'avons pas d'aide comme dans d'autres filières. » Gilles Dehors et ses associés font plus de 100 000 kilomètres par an pour déplacer leurs ruches et effectuer la transhumance.

Anaïs Labrosse