ÉNERGIE
Biogaz : un plan européen financé en partie par la Pac

Dans le prolongement de ses annonces visant à réduire la dépendance de l'UE aux importations d'énergie fossile, russes en particulier, la Commission européenne a présenté un plan d'action comportant un volet sur le biogaz.

Biogaz : un plan européen financé en partie par la Pac
La Commission européenne prévoit un plan de développement du biométhane afin de porter la production de l'UE à 35 milliards de mètres cubes d'ici à 2030 (contre un objectif actuel de 17 milliards de m3) avec des financements, entre autres, de la Pac.

La Commission européenne a présenté le 18 mai son plan REPowerEU qui doit concrétiser l'objectif, annoncé début mars, de réduire rapidement la dépendance de l'UE à l'égard des combustibles fossiles russes en accélérant la transition verte. Parmi les dispositifs prévus : un plan de développement du biométhane afin de porter la production de l'UE à 35 milliards de mètres cubes d'ici à 2030 (contre un objectif actuel de 17 milliards de m3) avec des financements, entre autres, de la Pac. Pour augmenter la capacité de production de biogaz dans l'UE et promouvoir son utilisation, les besoins d'investissement sont estimés à 37 milliards d'euros sur la période par Bruxelles, qui propose donc que les États membres consacrent à ce plan, sous forme de transferts volontaires, quelque 7,5 milliards d'euros provenant du fonds européen agricole pour le développement rural, via le mécanisme de relance et de résilience. « Cela permettra de proposer des réformes et des investissements concrets au profit des agriculteurs qui peuvent contribuer à une production accrue de biométhane durable », souligne la Commission européenne.

Biogaz contre alimentation

Dans sa communication, la Commission européenne précise que « l'accent devrait être mis sur la production durable, en veillant à ce que le biométhane soit produit à partir de déchets organiques et de résidus forestiers et agricoles, afin d'éviter les incidences sur l'utilisation des sols et la sécurité alimentaire ». Pas de quoi rassurer l'eurodéputé démocrate-chrétien italien Herbert Dorfmann pour qui il serait « totalement inacceptable d'utiliser l'argent de la Pac pour REPowerEU ». Alors que « le monde entier est à la recherche urgente de nourriture, nous enlevons aux agriculteurs de l'UE 7,5 milliards pour stimuler le biométhane. L'alimentation d'abord, puis les aliments pour animaux et enfin la bioénergie », s'insurge le parlementaire. Selon une étude publiée quelques jours avant les annonces de la Commission par l'IFEU (Institut de recherche pour l'énergie et l'environnement d'Heidelberg en Allemagne) et financée par la Fondation européenne pour le climat, « il est à craindre » que pour atteindre le nouvel objectif fixé « une part importante doive être apportée par la biomasse cultivée (notamment le maïs), ce qui se traduirait par environ 5 % des terres arables de l'UE » soit 5,29 millions d'hectares. « Cela aurait des conséquences négatives considérables en raison des besoins en terres pour des économies marginales en termes d'émissions de gaz à effet de serre », conclut ce travail.

Stratégies nationales et photovoltaïque

Au-delà des aspects financiers, le plan de la Commission propose de s'attaquer aux principaux obstacles à l'augmentation de la production de biogaz dans l'UE en facilitant son intégration dans le marché intérieur, en mettant en place un « partenariat industriel » pour le biogaz ou encore en collaborant avec les États membres à l'élaboration de stratégies nationales en la matière. Parmi les autres axes de travail, la Commission veut encourager la coopération avec les pays voisins et en voie d'adhésion, travailler avec les autorités nationales et les compagnies de réseau de gaz pour réduire les coûts, promouvoir les nouvelles infrastructures ou encore combler les lacunes en matière d'innovation. Le plan REPowerEU vise aussi à développer l'énergie solaire avec un objectif de 320 GW de panneaux solaires photovoltaïques d'ici 2025, soit plus du double du niveau actuel, et près de 600 GW d'ici 2030. Pour l'atteindre, la Commission souhaite notamment rendre obligatoire l'installation de panneaux solaires sur les toits pour tous les nouveaux bâtiments publics et commerciaux d'une surface utile supérieure à 250 m2 d'ici 2026. Le plan prévoit également de doubler le taux de déploiement actuel des pompes à chaleur dans l'UE. Enfin la Commission adoptera, en 2023, un paquet législatif sur le verdissement du transport de marchandises.

A.G