FEUX
Incendies : des enjeux humains et matériels

En cet été exceptionnel, les incendies se propagent un peu partout en France, mettant en difficulté le quotidien des sapeurs-pompiers. Pas épargnée, la région Auvergne-Rhône-Alpes mobilise encore aujourd’hui de nombreux soldats du feu.

Incendies : des enjeux humains et matériels
Depuis deux mois, les sapeurs-pompiers sont mobilisés dans leur département et au secours d'autres zones touchées. ©Pixabay

Gironde, Gard, Ardèche, Drôme et même Bretagne… Ces départements, pour ne citer qu’eux, ont un point commun cette année : tous sont confrontés à une sécheresse excessive et à des incendies de grande ampleur. « Au niveau national, cela fait des années que l’on prévient le gouvernement que les feux de forêts allaient finir par remonter dans tout le pays. Avant, ils ne concernaient que le Sud. Aujourd’hui, on se rend bien compte que toute la France brûle », explique Patrick Roche, lieutenant sapeur-pompier et membre du conseil d’administration de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. « Récemment, nous avons eu un gros feu sur le département de la Drôme, où plus de 400 ha sont partis en fumée dans un secteur très compliqué du Diois. Nous avons reçu des renforts extra-départementaux, avec des collègues venus de Corse, des Bouches-du-Rhône, du Gard et de l’Ardèche », poursuit celui qui est également président de l’Union départementale des sapeurs-pompiers de la Drôme et qui dirigeait il y a peu l’instance régionale en Auvergne-Rhône-Alpes. Un exemple de feu provoqué par la foudre, même si d’autres sources peuvent être identifiées, d’origine criminelle ou accidentelle. « Il y a une grosse culture des citoyens à faire, de manière à les responsabiliser. Avec la sécheresse, la moindre étincelle peut déclencher un gros incendie. Pourtant, les trois-quarts pourraient être évités », regrette Patrick Roche.

L’épuisement des sapeurs-pompiers

Aujourd’hui plus que jamais, le facteur humain doit être pris en compte. Rappelons d’ailleurs que les agriculteurs constituent une part importante des effectifs de sapeurs-pompiers. « La saison des incendies a commencé au mois de juin, ce qui est beaucoup plus tôt que les autres années du fait de la situation météorologique. Aujourd’hui, les pompiers sont fatigués. Certains sont sur le terrain depuis près de deux mois, sur leur secteur mais aussi en renfort dans d’autres départements touchés. En parallèle, il faut aussi continuer d’assurer les interventions quotidiennes. Nous serons toujours présents sur le terrain parce que c'est notre rôle mais cela commence à devenir compliqué », rappelle Patrick Roche. Face à une situation complexe, l’ancien président de l’Union régionale des sapeurs-pompiers de Rhône-Alpes salue toutefois la demande du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, que les employeurs puissent libérer exceptionnellement leurs pompiers volontaires pour venir prêter main-forte aux hommes déjà présents sur le terrain. « Nous attendons également que les pompiers professionnels, tout juste diplômés, puissent rejoindre les différents services départementaux d’incendie et de secours », ajoute Patrick Roche, qui souhaiterait aussi que les pompiers suspendus pour non-vaccination contre le Covid soient réintégrés.

Un manque de matériel

Au-delà des besoins humains, les sapeurs-pompiers souffrent aujourd’hui d’un manque de matériel. « Nous avons en France des canadairs et des hélicoptères bombardiers d’eau, mais la flotte est trop faible. Nous sommes obligés de faire intervenir des canadairs venus d’Italie ou de Grèce pour nous venir en aide », prévient le lieutenant. D’autant qu’une saison aussi éprouvante que celle-ci met à rude épreuve le matériel des sapeurs-pompiers et de nombreux véhicules sont aujourd’hui abîmés voire hors d’usage. « Le coût va être important à la fin de la saison », conclut-il.

Amandine Priolet