Distillation
Cuma de Cormoz : un siècle d’histoire

Margaux Legras-Maillet
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La Cuma de Cormoz a 100 ans. Retour sur l’histoire singulière de cette Cuma, de ses origines en tant que syndicat agricole créé le 29 juillet 1921, à son activité principale : la distillation, depuis les années 60.

Cuma de Cormoz : un siècle d’histoire
Dominique Pertuizet (en bas à gauche), Pierre-Emmanuel Favier, Cyril Janody, le président de la Cuma (en haut à droite) et Marcel Picot. (Photo d’archives).

De décembre à fin janvier, la Cuma de Cormoz assure la distillation des fruits d’une quarantaine de « clients », soit une moyenne d’environ 300 litres d’eau vie chaque hiver. Pourquoi le terme de clients ? Tout simplement car il n’est pas obligatoire d’adhérer à cette Cuma pour bénéficier du service proposé. « Nous sommes ouverts à tout le monde. La prestation est facturée 8,50 € TTC le litre, soit 4 € qui reviennent à la Cuma et 4,50 € aux douanes). Nous avons tous types de profils ; des retraités agricoles, mais aussi des jeunes, certains qui ont même 25 ans… Ils nous amènent leurs fruits, aussi bien des prunes, mirabelles, poires, cerises, pêches, ou encore des framboises et du raisin. À titre d’exemple, il faut dix kilos de prunes pour obtenir un litre de goutte », explique Dominique Pertuizet, en charge de toutes les étapes de la distillation qu’il réalise avec les deux alambics (d’origine) de la Cuma. Les origines de cette Cuma remontent à l’année 1921, avec la création d’un syndicat agricole qui avait pour vocation première d’être un groupement d’achat permettant aux agriculteurs syndiqués de bénéficier de prix intéressants, notamment sur les aliments pour l’élevage, tels que les tourteaux, arachides, coprah, mais aussi le maïs, blé, orge, seigle, engrais, charbon pour alimenter les batteuses à vapeur, et autres marchandises…

 
Plus de 1 100 adhérents en 1934

 
En 1922, le syndicat s’est affilié à l’Union Sud-Est des syndicats agricoles qui fédérait à l’époque pas moins de 825 syndicats pour 170 000 membres ; ainsi qu’à la coopérative agricole du Sud-Est. Et Dominique Pertuizet de préciser, documents à l’appui : « Au bout de la première année, le syndicat agricole de Cormoz comptait 162 membres ; nombre qui s’est élevé à 1 140 en 1934, sur le secteur de Cormoz, Varennes-Saint-Sauveur, Dommartin-lès-Cuiseaux, Condal, Saint-Amour, Beaupont, Domsure, Foissiat… En plus de permettre l’achat de marchandises à bas coût, le syndicat a investi dès la première année dans un trieur de céréales, mis à disposition gracieusement des sociétaires. Acheté 1 133 francs anciens, il a bénéficié d’une subvention de 453 francs de la part de d’Office agricole de l’Ain ». Et les investissements se succéderont : deux badigeonneurs de chaux Vermorel à dos pour blanchir et désinfecter poulaillers, loges à porcs et écuries ; deux alambics achetés en 1925 ; puis des trieurs (jusqu’à seize !), des cris forestiers, palans, pressoirs, voitures à bestiaux, et autres petits matériels. En parallèle, le syndicat poursuit son rôle de groupement d’achat avec la coopérative Sud-Est et étoffe son offre de marchandises, notamment des semences. 

 
Jusqu’à 13 000 litres de goutte dans les années 30

 
« L’année 1945 a été marquée par une ordonnance de séparation de la défense syndicale et la mutualisation des moyens de production, avec la création des Cuma. Le syndicat agricole de Cormoz a subsisté pour les besoins de notre défense professionnelle et la Cuma de Cormoz a été créée le 27 juillet 1947 », ajoute Dominique Pertuizet. Le parc de matériel s’étoffe un peu plus : tracteurs avec faucheuse, batteuse – lieuse, disques, rouleau Packer, voiture à bestiaux, pressoirs, broyeur de pommes, alambics… « Depuis les années 60, l’activité principale de la Cuma est centrée sur la distillation. La production d’alcool est montée jusqu’à 13 000 litres dans les années 30. Depuis une vingtaine d’années, le volume réalisé n’est plus comparable, mais l’activité est maintenue pour rendre service, en sachant qu’il n’y a plus d’obligation de privilège sous réserve de s’acquitter des taxes correspondantes ».

 Distillation : la tradition perdure à la Cuma de Cormoz depuis plus d’un siècle.

À ce jour, le rayon d’action de la Cuma correspond à dix-sept communes autour de Cormoz. Pierre-Emmanuel Favier, administrateur, et Cyril Janody, le président de la Cuma, de conclure : « Nous avons à cœur de maintenir cette activité, d’autant plus que l’on distille une eau de vie naturelle, sans additifs contrairement aux eaux de vie industrielles qui contiennent entre autres des arômes. C’est aussi la convivialité, le plaisir de se retrouver et surtout d’utiliser nos fruits ». 
 
Pour tous renseignements sur les jours de distillation, contacter Dominique Pertuizet, au 06 85 19 60 50.
 

Patricia Flochon