COUVERTS VEGETAUX /
Un sol nu coûte plus cher qu'un sol couvert

Intégrer la pratique des couverts végétaux dans son système d’assolement, c’est investir dans la fertilité des sols et dans la production future tout en préservant l’environnement.
Un sol nu coûte plus cher qu'un sol couvert

La deuxième édition du concours de couverts végétaux organisé par la chambre d’agriculture de l’Ain s’achève. Dix agriculteurs ont participé. Pour Laurence Garnier, chargée de mission environnement « c’est important de valoriser cette pratique agro-écologique de culture. Elle permet la biodiversité, assure de la nourriture pour les pollinisateurs et sert de refuge pour les petits animaux. L’intérêt est très large. Ne pas couvrir son sol contribue à augmenter l’érosion. Un couvert permet de fixer la terre, limite les mauvaises herbes, principalement l’ambroisie en l’étouffant ».
La pratique des couverts végétaux est obligatoire en zones vulnérables sur le Val de Saône, la plaine de l’Ain, la Dombes et la vallée de l’Ain. Plantés après les moissons, les mélanges sont variés. Chaque espèce a son rôle propre. La Chambre d’agriculture accompagne les agriculteurs dans les techniques de mélanges les mieux adaptés à leurs exploitations.
Pour l’élevage, ils sont une source de revenus en donnant de bon fourrage pour les génisses. Et un bon moyen de protéger les sols contre l’érosion et l’échauffement des surfaces et la lutte contre le lessivage de l’azote. Les avantages des couverts végétaux ne sont plus à prouver.
Leur efficacité sera encore plus marquée si on les détruit au bon moment et surtout de la bonne manière. Sous l’effet du réchauffement climatique, le froid n’est plus si efficace pour les détruire. D’où l’intérêt d’un rouleau destructeur qui non seulement plie la végétation mais aussi la blesse. L’automne est là pour favoriser sa décomposition par les
organismes du sol.

Cela à un coût

Il faut compter environ 50 euros/ha desemence et de 30 à 50 euros/ha pour la destruction. Si elle s’insère parfaitement dans une stratégie de lutte contre les adventices sans chimie, la destruction du couvert végétal a bien un coût. Le retour sur investissement suivra sur le long terme tout dépend du climat. Le choix des couverts végétaux doit être raisonné comme pour une culture principale. Ce n’est pas une culture de vente mais d’entre deux. Pour Laurence Garnier, « l’agriculteur qui se lance dans l’investissement doit compter 4 à 5 ans pour trouver le mélange parfait ».

Yolande Carron

 

TEMOIGNAGE /


Faire des essais pour réussir au mieux

 

Alexis Clugnet est le gagnant du concours de couverts végétaux 2020. Ce jeune agriculteur, installé à Misérieux en zone vulnérable, depuis deux ans a repris l’exploitation de son oncle tout en étant double actif. Il est ingénieur commercial dans les semences. Le couvert végétal, c’est « une croyance familiale » explique Alexis. « Mon oncle en semait depuis 13 ans déjà. Je le poussais à faire de vrais mélanges ». Céréalier, il cultive du maïs, du blé, tournesol et colza et consacre 20 à 25 ha pour les couverts.
L’environnement d’abord
Ce choix environnemental et agronomique Alexis reconnaît qu’il a un coût. « Cela demande du temps et de l’argent. Je dirai que sur le court terme c’est même négatif. Il faut réfléchir sur l’avenir. C’est seulement la deuxième année qu’on peut améliorer le rendement du maïs. J’ai le souvenir de l’année 2011 ou j’avais sélectionné un mélange d’avoine, ves, ges et trèfle et cela avait bien fonctionné. J’avais gagné 12 quintaux de plus par rapport à l’année précédente. Le maïs était vert de chez vert, bien régulier et surtout j’avais réduit la quantité d’azote. Il faut faire des essais pour réussir au mieux car on ne peut plus compter sur les années climatiques »
La destruction
« Faut plus compter sur le gel pour les détruire » s’esclaffe Alexis. Il le fait avec un outil à disque et envisage de s’équiper plus professionnellement avec un voisin. Ensuite il ne sème pas en semi direct donc il gratte toute de même un peu la terre. « Le nombre de passages n’est pas plus important que sur un sol sans couvert. Le but étant de ne pas trop labourer et profiter au maximum des racines et de l’activité biologique, éviter de perturber les vers de terre ».
Alexis a moissonné en fin de semaine dernière. Il va préparer ses parcelles. « Nous le faisons à deux : un qui déchaume et l’autre qui sème. C’est important de le faire après le 14 juillet. Je ne suis pas partisan de semer vers la fin août car on a rarement des orages et je n’ai pas d’irrigation ».
Bons pour les abeilles
Cette année un apiculture a mis ses ruches dans le colza. Il était très satisfait des couverts végétaux. En plus d’être une pratique agro-écologique de culture. Elle permet la bio diversité.

Y.C.
 
Le top 5 de l’édition 2019

1ers ex eaquo : Alexis Clugnet (Misérieux) et Arnaud Grand (gaec du Mont blanc - st germain sur renom)
3-  Morgan Truchon (Earl des Chaumes - Pizay)
4-  Jérôme Marguin (gaec du Bois semé - illiat)
5- David Maréchal (Courmangoux)
Notez dès à présent qu’une nouvelle édition est en préparation pour la rentrée ! n