PORTRAIT
Aurélien Beyeklian : ce travailleur humanitaire devenu viticulteur

Parcours étonnant pour ce journaliste, devenu salarié de la Croix Rouge en Asie du Sud Est, en Afrique. Doté d’une énergie et d’une curiosité insatiable, il repart de zéro pour promouvoir sa région, ses vins et le Cerdon en particulier.
Aurélien Beyeklian : ce travailleur humanitaire devenu viticulteur

« Désormais, c'est ici mon bureau » confie Aurélien Beyeklian en désignant ses rangées de vignes.
« Après avoir parcouru le monde avec ma famille (* voir par ailleurs), j'ai eu besoin de retrouver mes racines, mon pays, mes proches. Au sens littéral du terme, j'ai ressenti la nécessité d'aller au contact du sol, de travailler la terre ».
Burgien d'origine, Aurélien Beyeklian a décidé, il y a trois ans, à 40 ans, de se lancer dans une nouvelle activité.
« J'ai longtemps réfléchi pour trouver le moyen de faire rencontrer deux de mes passions : le vin et ma région. Le Cerdon, ce vin unique, si typique de notre Revermont et de notre Bugey symbolisait bien ces deux attachements ».

D'abord apprendre

Aurélien a commencé par des études à l'institut de la vigne et du vin à Dijon et en école de commerce. « J'ai réalisé un stage de six mois chez René Brendel à Journans pour apprendre à vinifier le Cerdon selon la méthode ancestrale. Car si l'on peut apprendre théoriquement le travail du vin et de la vigne, il n'y a que le contact avec le terrain, avec les hommes et leur expérience pour s'imprégner d'un savoir-faire ». En seconde année, à Mâcon Davayé, il s'est formé à l'agriculture bio et à la biodynamie. « Par éthique personnelle, par respect de l'environnement, pour préserver ma santé et pour faire des vins plus qualitatifs aussi » confie-t-il.
« J'ai pu approfondir cette méthode en travaillant en alternance au domaine de la Soufrandière à Vinzelle ».
A l'issue de ses deux ans d'étude, Aurélien Beyeklian a choisit de créer, petit à petit, un projet original en partant de rien. Il a commencé par reprendre des vignes à Gravelles pensant d'abord vendre son raisin. « Mais quand on passe des heures et des heures à travailler sur sa parcelle, on a bien envie de vinifier son raisin soi-même » déclare-t-il. Et, c'est ainsi que pas à pas, il a mis en place son local, la Cuverie, à Revonnas, il s'est équipé en matériel, pour accueillir sa récolte. « Je dois rendre hommage aux vignerons de Gravelles - St Martin du Mont, René Gallais, Gabin Grosbon, Marcel Périnnet et Roland Folliat qui m'ont réservé un accueil exceptionnel et m'ont fait bénéficier de leur expérience. Ils ont tous fait preuve d'une grande solidarité. Une communauté d'échanges, de partage. Des valeurs auxquelles, je suis très attaché et dont j'ai pu mesurer l'importance dans le cadre des missions humanitaires. C'est ainsi que je conçois mon activité, je ne veux pas faire du vin tout seul dans mon coin. Avec ce groupe de viticulteurs nous avons décidé de mettre en commun nos ressources, en s'entraidant et par le biais d'une Cuma ».

Transmettre sa passion

Dans son espace dégustation, la Cuverie à Revonnas, Aurélien Beyeklian accueille le public pour faire découvrir sa première cuvée : Un Cerdon composé majoritairement de Gamay pour le fruité et d'une touche de Poulsard pour affiner les arômes et apporter la note de fraîcheur qui fait la spécificité du Cerdon. Il élabore aussi un rouge, un assemblage Mondeuse et Gamay.
Dans le cadre chaleureux de la Cuverie, satisfaire l'un de ses penchants naturels, le partage et la transmission.
« Comme notre région, le Cerdon est un vin souvent méconnu qui demande à être présenté, redécouvert » confie-t-il. « Près du pressoir, à proximité des cuves, les visiteurs peuvent déguster le breuvage délicat tout en découvrant l'histoire de ce rosé effervescent unique ». Parallèlement à son activité de viticulteur, Aurélien Beyeklian dispense ses connaissances aux élèves du Lycée de Mâcon Davayé. Il projette aussi de mettre en place, à la Cuverie, des cours de dégustation.

Magdeleine Barralon

Un parcours atypique

Après des études d’histoire et une école de journalisme, Aurélien Béyéklian a exercé ce métier en free lance. Ses rêves le poussaient vers de nouveaux horizons, l’Amérique du Nord le fascinait, il décide alors d’émigrer au Canada, à Montréal plus précisément, où il travaille quelques années dans la communication. Durant son séjour, il va consacrer 6 mois à la traversée du pays en vélo. « J’avais besoin d’une pause, d’aller à la rencontre des gens, de réfléchir à ce que je voulais faire de ma vie. A l’époque, je disais avoir besoin de me sentir utile, de découvrir de nouvelles cultures, d’autres pays… » explique-t-il. « Beaucoup me conseillaient de travailler dans l’humanitaire. C’est ainsi que j’ai découvert l’existence de l’Institut Bioforce à Lyon qui prépare aux métiers de l’humanitaire. Après une formation de six mois, j’ai décidé de rejoindre la Croix Rouge, parce que cette association défend des valeurs qui me sont chères. C’était en 2005, juste après le tsunami en Thaïlande, je suis parti en Asie du Sud Est, en Indonésie et au Sri Lanka où, pendant 2 ans et demi j’ai pris part à la reconstruction. Une tâche éprouvante tant physiquement que psychologiquement ». Revenu en Europe, pour faire une pause, Aurélien Béyéklian suit une formation aux médecines tropicales à Liverpool, puis travaille au siège de la Croix-Rouge à Paris. En 2009, il repart, accompagné cette fois de son épouse et de sa première fille et enchaîne deux missions au Zimbabwe d’abord, puis ensuite au Cambodge. « Après le Cambodge, j’étais assez fatigué, mon épouse était enceinte de notre seconde fille. Nous avons décidé de rentrer en France et de nous installer dans notre région d’origine, le Revermont ».