SYNDICALISME
Jeudis de l’agriculture : 8ème édition à Foissiat

Patricia Flochon
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Le 8ème rendez-vous des Jeudis de l’agriculture s’est déroulé au Gaec de Chamandre à Foissiat. Au programme de cette matinée d’échanges : l’installation / transmission, les circuits courts et le consommer local, l’autonomie alimentaire, l’adaptation au changement climatique…

Jeudis de l’agriculture : 8ème édition à Foissiat
Dialogue constructif entre responsables de la FDSEA et des JA, élus, gendarmerie, agriculteurs du secteur… PHOTO/PF

Un an déjà que les Jeudis de l’agriculture étaient lancés. Des moments d’échanges pour débattre, entre agriculteurs, responsables et représentants des Jeunes Agriculteurs et de la FDSEA (à l’initiative de ces rencontres), mais aussi élus locaux, des problématiques et enjeux de territoires. Des réunions volontairement décentralisées pour permettre au plus grand nombre de s’exprimer. Le 17 novembre, c’est sur l’exploitation du Gaec de Chamandre à Foissiat, que se sont retrouvés une quarantaine de participants. Une exploitation laitière, sur laquelle s’est installé le 1er avril dernier Jordan Lombard, associé avec ses oncles Christian et Yves Germain, à la tête d’un cheptel de 120 vaches et d’un élevage de 4 300 volailles label Rouge, sur une SAU de 290 ha. À l’ordre du jour, plusieurs thématiques comme l’augmentation des charges, la pression foncière, l’adaptation au changement climatique, la Pac 2023, ou encore l’installation des jeunes en agriculture. Chef d’orchestre des débats, Gilles Brenon, le secrétaire général de la FDSEA et vice-président de la Chambre d’agriculture, était entouré de David Lafond, son homologue à la FDSEA, de Hugo Danancher et Cyril Janody des JA, Walter Martin, maire d’Attignat et conseiller général du canton, des représentants des forces de gendarmerie, etc. Sur le volet de l’élevage, Gilles Brenon rappellera « qu’il manque entre 6 000 et 7 000 bovins par semaine sur le marché. On constate une décapitalisation très importante. Sans oublier la sécheresse cette année, qui n’est pas sans conséquences sur les troupeaux : réduction de cheptels, etc. ». De manière plus globale, la profession se montre inquiète quant au renouvellement des génération. « Cela fait des années que l’on tire la sonnette d’alarme. Maintenant on est dans le constat. Malgré des dossiers d’installation relativement solides, on a du mal à trouver des jeunes ». 
 
L’installation au cœur des débats
 
Dans l’assistance, les réactions ne se font pas attendre. On évoque la difficulté pour un jeune de reprendre un capital souvent jugé « énorme » pour débuter dans le métier, mais aussi la bonne volonté du cédant… « Il faut sensibiliser les cédants. Un repreneur, que ce soit dans n’importe quel secteur, va regarder la rentabilité, sauf que le cédant n’est pas toujours sensible à ça et regarde son patrimoine ». Et Cyril Janody d’ajouter : « Reprendre une exploitation, c’est conséquent. Les fermes sont aujourd’hui majoritairement des Gaec. Il y a aussi le choc des générations. Certains, proches de la retraite, ne veulent plus faire de concessions, ont du mal à accepter les idées nouvelles. Il faut y travailler ». Pour David Lafont, « la base, c’est l’éducation. Quel message font passer les profs aux élèves ? Il faut avoir un discours positif. On peut trouver des solutions économiques qui sont rentables dans nos systèmes ». Prenant sa casquette de président national de Gaec et sociétés, Gilles Brenon ajoute : « Je me bats depuis des années pour la mise en place du droit à l’essai. Permettre à quelqu’un de venir essayer l’activité sur une exploitation en étant financé et formé aux relations humaines. L’entente, c’est primordial ». Après avoir évoqué les enjeux liés à l’autonomie alimentaire, dans un contexte de conflits mondiaux et de crise de l’énergie, Walter Martin soulignait la nécessité pour les politiques locaux et nationaux de « réagir et de favoriser le consommer local, notamment dans les cantines ». Vente directe, bio, agriculture raisonnée, conventionnelle…, Gilles Brenon insiste : « l’agriculture française est classée la plus durable de la planète. Il ne faut pas opposer les modèles. Nous avons besoin de toutes les formes d’agriculture, quelles qu’elles soient ». Autres sujets abordés en fin de matinée : la question de l’application des règles franco-françaises et des règles communautaires, la grippe aviaire, la tension sur le marché de l’œuf et les difficultés d’approvisionnement prévues jusqu’en 2023, mais aussi la gestion cynégétique, les dégâts de gibiers et de corvidés, et la nécessité de continuer à les déclarer pour défendre les intérêts de la profession.