AGRICULTURE BIO
L'Agence bio appelle à davantage de soutien pour confirmer la dynamique bio

L'Agence bio a dévoilé le 9 juillet ses chiffres annuels, qui montrent un maintien de la croissance à deux chiffres du bio, tant pour la production que pour la consommation. Le président de l'agence a rappelé à cette occasion son souhait que les services environnementaux du bio soient mieux reconnus par le futur Plan stratégique national (PSN).

L'Agence bio appelle à davantage de soutien pour confirmer la dynamique bio
Philippe Henry, président de l'Agence bio.

Climat, biodiversité : « Nous sommes devant une politique qui n'est franchement pas à la hauteur des enjeux, ni en France, ni en Europe », s'est agacé Philippe Henry, président de l'Agence bio le 9 juillet. À l'occasion de la publication des chiffres annuels de production et de consommation bio par son organisation, il s'est même dit « inquiet » du manque de prise en compte des services rendus par l'agriculture biologique dans la déclinaison française de la Pac, le Plan stratégique national (PSN). Comme il l'a rappelé, l'Agence bio avait envoyé une contribution au ministère dans le cadre de l'élaboration du PSN, en recommandant de créer un paiement pour services environnementaux (PSE) réservé à l'agriculture biologique, et de permettre aux agriculteurs bio de cumuler les différentes voies des écoschemes. Autant de propositions qui n'ont pas été retenues par le ministère, qui a cependant répondu à la troisième suggestion de l'agence : augmenter l'enveloppe dédiée aux conversions de 250 à 340 millions d'euros.

Plus de 50 000 exploitations bio en France

Malgré ces déceptions, la dynamique de la bio se confirme encore cette année. En comprenant les exploitations en conversion, la surface agricole utile (SAU) en bio a atteint 2,5 millions d’hectares (M ha) en 2020, soit une augmentation de 12 % par rapport à 2019. Et près de 670 000 ha de grandes cultures sont désormais certifiés. « Beaucoup de ces producteurs se tournent vers le bio par intérêt pour l'agronomie, parce qu'ils souhaitent tester des cultures comme le pois chiche », souligne Philippe Henry, rappelant que près de 46 % des surfaces de légumes secs en France sont certifiés bio. Avec 9,5 % de SAU en bio, la France demeure cependant loin de la cible de 15 % fixée par le Plan ambition bio présenté par le gouvernement en 2018, et encore plus de l'objectif de 25 % fixé pour 2030 par le Green deal. L'agence ne se félicite pas moins d'un cap « symbolique », alors que plus de 50 000 exploitations seraient désormais bio en France, « soit près de 12 % des exploitations agricoles françaises ». Celles-ci emploieraient 128 000 salariés, représentant 18 % de l'emploi agricole du pays. « On ne voit pas d'effet coronavirus sur les conversions », observe Philippe Henry, alors que les candidats auraient été aussi nombreux sur les quatre premiers mois de 2021 qu'en 2020. L'engouement pour le bio des consommateurs a suivi la progression des surfaces, avec un marché bio estimé à 13,2 milliards d'euros, en hausse de 10,4 % sur un an. L'épicerie, les fruits et les légumes représentent toujours la plus grosse part du marché, pesant respectivement 31 %, 17 % et 15 % du marché. « Le bio se mange à 96 % chez soi », a souligné la nouvelle directrice de l'agence Laure Verdeau. La période de pandémie, poursuit-elle, a confirmé cette tendance, tout en favorisant des croissances exceptionnelles en bière (+ 33 % sur un an) et en produits surgelés (+ 30 %).

Un « cocorico bio »

À l'inverse des « chiffres fantaisistes entendus sur les importations », a souligné la nouvelle directrice de l'agence Laure Verdeau, le taux d'importation dans le secteur reste stable à 33,2 %, et passe à 20 % en ne considérant pas les produits tropicaux. « Il y a des filières où nous cochons désormais la case sécurité alimentaire en bio », s'est félicitée Laure Verdeau, évoquant le vin (99 % d'approvisionnements français), les œufs (99 %), le lait et les produits laitiers (98 %), la viande 95 %). Et même les fruits et légumes, qui proviendraient à 78 % de France. Alors que certains ont pu alerter sur des risques de surproduction dans la filière œuf, ou même en grandes cultures, l'Agence bio s'est montrée rassurante en évoquant des décalages pouvant survenir pour de courtes périodes entre les cycles de conversion et de consommation. « Ces bruits nous remontent souvent de la part d'acteurs qui ne contractualisent pas », a souligné Laure Verdeau, invitant à analyser le marché à moyen terme, pour se détacher des mouvements « conjoncturels ». Alors que le nouveau règlement bio entrera en application en janvier 2022, l'Agence bio se projette d'ailleurs déjà vers le prochain cahier des charges européen. « Nous espérons rassembler les acteurs à l'origine de nouvelles logiques, comme la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) ou Biocoop, pour ouvrir le débat », confie Philippe Henry. Dans la lignée de ces expériences diverses, ou des labels mieux-disants comme Nature et progrès, son agence pourrait être amenée à travailler sur l'origine, la contractualisation ou encore la biodiversité. Un chantier qui pourrait officiellement s'ouvrir dès le mois de septembre, à l'occasion du Congrès mondial de la bio à Rennes.

IL