GUERRE EN UKRAINE
Sécurité alimentaire : des solutions immédiates et des réflexions pour l'avenir

Les propositions de la Commission européenne visant à débloquer les capacités de production agricole de l'UE pour faire face, à court terme, aux conséquences de la guerre en Ukraine ont reçu un accueil favorable des ministres de l'Agriculture de l'UE. À plus long terme, le débat est lancé.

Sécurité alimentaire : des solutions immédiates et des réflexions pour l'avenir
Le commissaire européen à l'Agriculture Janusz Wojciechowski et Julien Denormandie, président du Conseil agriculture. ©UE

Les ministres de l'Agriculture ont largement soutenu, lors de leur réunion du 7 avril à Luxembourg, les propositions de la Commission européenne pour assurer la sécurité alimentaire européenne face aux conséquences de l'invasion russe en Ukraine, et notamment la dérogation temporaire visant à autoriser la production de cultures sur des terres en jachère. « Il y a déjà des indications que cette dérogation sera utilisée, principalement pour la production de tournesol », a indiqué le commissaire européen à l'Agriculture Janusz Wojciechowski. « J'ai également entendu parler de vos demandes de prolongation de cette mesure jusqu'en 2023. Nous allons y réfléchir cet automne, en fonction de l'évolution de la situation et de la façon dont aura été utilisée la dérogation », a-t-il souligné.

Objectifs européens de production

Le ministre français Julien Denormandie, qui préside le Conseil agriculture, a saisi l'occasion pour proposer que l'UE se fixe à l'avenir des objectifs de production agricole « qui permettent d'approvisionner les citoyens européens dans des conditions satisfaisantes de prix et de sûreté et d'assurer le rôle de l'UE dans la sécurité alimentaire mondiale. Cela ne se fera probablement pas dans les prochaines semaines, mais c'est de notre responsabilité de nous poser cette question », affirme-t-il. Trouvons-nous normal de piloter des politiques publiques dont le but est de soutenir la production sans jamais nulle part se poser la question de nos objectifs en la matière ? » Il y a selon lui un « manque de bon sens » qui a d'ailleurs conduit à ce que l'Europe soit dépendante des importations de protéines végétales sud-américaines. En termes d'exportations, Julien Denormandie a rappelé que la Russie a mené depuis quelques années une géopolitique du blé et a forgé son influence à l'international sur ces ventes de céréales et de blé en particulier. « L'Europe doit se repositionner sur ce sujet », juge-t-il. Une position qui va à l'encontre de ce que demande la Coordination européenne Via Campesina dans une lettre envoyée le 11 avril aux diverses institutions européennes. L'organisation paysanne plaide pour un cadre politique solide afin de parvenir à la souveraineté alimentaire au niveau européen et mondial et d'être mieux préparé en cas de crise alimentaire. Pour cela, elle soutient la création de stocks alimentaires publics stratégiques au niveau de chaque État membre de l'UE, soutenue par un mécanisme de coordination européen. Via Campesina demande également que l'agriculture soit retirée des accords de libre-échange et que l'OMC ne soit plus le lieu pour parler des problèmes d'alimentation et d'agriculture.

A.G