CULTURES
Lin : une culture prometteuse

Depuis 2012, la coopérative CApDiS développe avec ses producteurs partenaires la culture du lin. A la clé des bénéfices pour les troupeaux, aussi bien laitiers qu’allaitants, et l’objectif de mettre en place dans les années qui viennent une filière locale.
Lin : une culture prometteuse

Au Gaec des Chênes, Jean-Yves Buellet et ses deux fils Eddy et Dylan, sont à la tête d'un troupeau de 130 Montbéliardes. Sur une SAU de 304 ha (dont 120 ha de prairies), ils cultivent maïs, orge, blé, soja, triticale, pois, mais aussi... une dizaine d'hectares de lin. La première mise en culture remonte à l'année 2013. Cet été ils entament leur sixième récolte. Ils font partie de la dizaine d'éleveurs (allaitants et laitiers), ainsi qu'un céréalier, qui se fournissent en semences de lin auprès de la coopérative CApDiS, basée à Viriat. « Cela représente aujourd'hui une cinquantaine d'hectares, cultivés principalement autour de Bourg-en-Bresse, jusqu'à Montracol et Mantenay-Montlin. L'objectif étant de doubler cette surface. A l'heure actuelle une seule filière lin existe en France, développée par Bleu-Blanc-Cœur. Pour développer une filière dans l'Ain, il nous faudrait l'adhésion d'une laiterie, d'éleveurs producteurs... Nous travaillons avec nos graines afin d'obtenir la meilleure qualité d'huile et en retirer le maximum d'Omega 3 », explique Elodie Coulon, technico commerciale, chargée de l'équipe production animale à la coopérative.

 

Des vaches en meilleure santé

Ce qui a motivé la famille Buellet à se lancer, c'est principalement l'amélioration de la santé du troupeau. Car le lin, prisé pour la qualité de sa matière grasse (non saturée) présente de nombreux intérêts : une source d'énergie concentrée en début de lactation (énergie non acidogène), meilleure efficacité de la ration (améliore la perméabilité des parois du rumen pour de meilleurs échanges vers le sang puis vers la mamelle), améliore la résistance immunitaire et limite les réactions inflammatoires et améliore l'activité hormonale avec à la clé des chaleurs plus longues et plus intenses. « Nos vaches en consomment dix tonnes par an. On ajoute l'extrudé de lin dans la ration : un kilo par vache par jour. L'hiver, on monte jusqu'à 1,5 kg pour les reproductrices. Depuis on a constaté qu'elles étaient en meilleure santé. Les frais vétérinaires ont baissé. L'âge moyen du troupeau est de cinq ans avec 28 % de vaches qui ont quatre lactations et plus », explique Eddy Buellet. Autres avantages pour les éleveurs, et non des moindres : des économies de carburant (quatre passages de moins qu'en blé). « On attaque les semis par le lin en septembre. Cela améliore la structure du sol, c'est un bon précédent en blé.
On l'utilise aussi pour le paillage des animaux », ajoute Eddy.

Rémunération : 450 € la tonne

La coopérative rémunère ses agriculteurs partenaires à hauteur de 450 € la tonne. Les 50 ha donnent une centaine de tonnes de graines qui sont extrudées par Sofragrain (filiale de Terre d'Alliances) à Varambon. Il faut 500 gr de graines de lin pour obtenir un kilo d'extrudé. Extrudé qui rentre dans la composition d'un mélange commercialisé par la coopérative sous le nom « Bresse Omega Lin ». « Cette culture a trois finalités », résume Franck Bouguet, directeur de la coopérative CApDiS :
« Agronomique (assolement), zootechnique (bon état de santé général et des troupeaux qui vieillissent mieux) et bénéfices au travers de la chaîne alimentaire, avec une écoute toute particulière des besoins des laiteries et des fruitières qui sont amenées à se démarquer pour valoriser leurs produits ».

Patricia Flochon

Culture – Itinéraire technique

Le lin d’hiver peut être cultivé dans des sols à bon potentiel (terre limoneuse ou argilo-limoneuse), mais aussi en sol à potentiel plus limité (terre argileuse, argilo-caillouteuse ou sableuse). Cette culture n’est pas sensible aux limaces et gibiers comme les lapins.
Date de semis : du 20 au 25 septembre. Le semis doit être réalisé sur une parcelle parfaitement propre.
Préparation du sol : Superficielle ou si travail plus profond rappuyé généreusement. Le sol doit être bien structuré et très bien rappuyé au moment du semis. Profondeur du semis de deux centimètres et roulage juste après.
Dose de semis : environ 25 kg/ha.
Désherbage anti dicotylédones à réaliser en sortie d’hiver et désherbage anti graminées à faire de la mi-mars à fin mars avec des antigraminées foliaires.
Fumure azotée : besoin de cinq unités par quintal. Apport de 80 à 120 unités/ha en février – mars.
Fumure de fond (pour un rendement de 25 quintaux/ha) : besoins en potassium de 100 à 130 U/ha, phosphore : de 15 à 60 U/ha. Selon restitution en cas de broyage des pailles laissées au champ.
Fongicide : prévoir deux fongicides, à l’automne et au printemps.
Régulateur : une à deux applications.
Insecticide : lutte contre les thrips au printemps.
Récolte : aux alentours du 10 juillet.

 

(Source : CApDiS).