VITICULTURE
Côtes-du-rhône : se réinventer pour faire face à la crise

Alors que la colère vigneronne ne fait que s’accentuer ces dernières semaines, Damien Gilles, le nouveau président du syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône, a présenté sa feuille de route 2023-2026 le 12 mars. Un outil aux axes ambitieux, pour espérer sortir la filière de la crise.

Côtes-du-rhône : se réinventer pour faire face à la crise
Damien Gilles, le nouveau président du syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône. ©Syndicat des CDR

« Nous nous trouvons dans une situation inédite, bouleversante et incompréhensible », a amorcé Damien Gilles. Ce début d’année a été un réel combat pour les vignerons. Après avoir distillé 223 000 hectolitres en rouge et rosé et limité les rendements pour un manque à produire du même niveau, d’importants mouvements ont été menés au cours des mois de janvier et de février. Malgré des atouts incontestables, la filière se trouve dans l’impasse : entre baisse drastique de la consommation, exigences gouvernementales, contexte géopolitique sous tension et aléas climatiques, le syndicat de l’appellation compte bien explorer toutes les pistes envisageables pour surmonter cette épreuve.

Innovation et diversification

Le président a rappelé les atouts de l’organisme de défense et de gestion (ODG) : « leader en GMS, très présente dans les cafés, hôtels, restaurants (CHR) avec un bon positionnement sur le marché (…), qui peut rebondir nationalement et à l’export ».  Mais le rouge ne sort pas indemne de ce constat : le « cœur de métier » de l’appellation subit la pire baisse de consommation, et laisse peu à peu sa place aux blancs et rosés. Si Damien Gilles a appelé à ne pas oublier cette couleur, il invite à innover : nouveaux cépages, nouvelles techniques de vinification, désalcoolisation totale ou partielle des vins, effervescence… « Nous ne devons rien nous interdire », a-t-il assuré.

L’heure est également au développement d’autres couleurs avec l’objectif d’ici à 2031 de doubler les volumes de production de vins blancs. Tout cela dans le but de regagner du terrain en répondant aux nouvelles attentes des consommateurs.

Accompagner et soutenir les exploitations

Damien Gilles connaît bien la dure réalité du terrain. « Ce qui me tient à cœur, c’est que l’on s’unisse », a-t-il indiqué. Sa feuille de route relate les outils d’accompagnement pour les vignerons, avec un renforcement de la fréquence des échanges et de remontées terrain. Récemment élu, il souhaite renforcer les formations des exploitants et des caves, et s’assurer d’une « juste rémunération des producteurs, avec un dispositif qui empêche la vente en dessous des coûts de production, que ce soit dans le cadre de la loi Égalim ou d’un autre dispositif », a-t-il déclaré. Sa feuille de route entend également simplifier le cahier des charges des côtes-du-rhône pour faciliter le travail des producteurs, avec des pistes de réflexion concernant l’encépagement, la hauteur de cordon, la longueur de rameau après écimage ou encore la densité de plantation via DEI.

Communication et détermination

Les attentes sociétales font partie du plan de sortie de crise de Damien Gilles. Sur les traces de son prédécesseur, il souhaite accentuer l’engagement de l’appellation sur la question environnementale. « Avec 54 % de la production certifiée HVE et AB, les côtes-du-rhône n’ont pas attendu la crise pour s’investir », a-t-il mentionné. L’ODG souhaite donc poursuivre ces efforts à l’aide de restructurations agroécologiques. Damien Gilles mise sur la communication, en France et à l’étranger. Après avoir perdu une commercialisation importante, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, le vigneron de 37 ans est déterminé : « nous avons de la place, nous allons reconquérir nos parts de marché », a-t-il assuré à son auditoire.

Charlotte Bayon