2024, l’année de la reconstruction pour la pisciculture dombiste
Retour sur les assemblées générales du syndicat des étangs de la Dombes et de l’Apped (Association de promotion du poisson des étangs de la Dombes) qui se sont tenues conjointement le 17 mai à Chalamont. Après une année 2023 catastrophique, la filière a repris du souffle et l’année 2025 s’annonce sous les meilleurs auspices.

« 2024 restera dans les annales de l’Apped comme l’année de la reconstruction, celle où la filière piscicole de la Dombes a su rebondir après l’épreuve cataclysmique de 2023. Il fallait du courage, il fallait de l’énergie, et surtout il fallait retrouver la confiance. C’est chose faite. Portée par la solidarité de ses membres et l’engagement de ses partenaires, la filière a remis la machine en route, redonnant à la Dombes sa place de cœur battant de la pisciculture française ». Les mots de Pierre La Rocca, président de l’Apped (Association de promotion du poisson des étangs de la Dombes) traduisent le vent d’optimisme qui souffle de nouveau sur une filière mise à mal en 2023 par la sécheresse qui avait fait chuter la collecte de poissons à 333 tonnes, contre environ 1 000 tonnes en année normale.
« La Dombes a tremblé, mais la Dombes s’est relevée »
L’an dernier, le tonnage de poissons collectés s’est élevé à 692 tonnes, dont 54 % de carpes (soit 379 tonnes). Et Pierre La Rocca d’insister : « Oui, la Dombes a tremblé, mais la Dombes s’est relevée », précisant qu’aujourd’hui les étangs sont pleins, « gorgés d’une eau précieuse qui promet une période de croissance sous les meilleurs auspices ». La production a ainsi retrouvé des couleurs. Les écloseurs ont assuré l’éclosion de milliers d’alevins, garantissant l’empoissonnement des étangs et la continuité de la filière. Les pisciculteurs ont maintenu leur outil de production en état, et pratiqué intelligemment l’assec forcé. Collecteurs, transformateurs et l’ensemble des fournisseurs et partenaires (collectivités, restaurateurs) ont quant à eux redoublé d’efforts pour accompagner cette relance.
Sur les 692 tonnes, 31 % des poissons sont valorisés sur le marché de la consommation humaine (soit 195 tonnes) et 69 % sur le marché du repeuplement (soit 422 tonnes). La campagne 2024/2025 aura été atypique du fait d’une faible proportion de carpes dans la collecte (54 %) au profit des blancs (25 %) ; une proportion de blancs qui n’avait jamais été atteinte depuis 2014, année du lancement de l’observatoire de la filière. « Les pêches ont été globalement satisfaisantes partout où les poissons étaient en place. L’analyse des références techniques confirme ces retours. Les rendements nets, marges brutes et coefficients d’accroissement sont bons. A noter que les données proviennent principalement de producteurs professionnalisés », précise Jules Blanc, conseiller piscicole de l’Apped, ajoutant que « l’augmentation progressive du prix du poisson, combinée à de bons résultats techniques, permet une amélioration des marges ; 65 tonnes de poissons sont transformées par les ateliers adhérents à l’Apped, un point très positif ».
Renforcer la notoriété du Poisson de Dombes
Renforcer la notoriété du Poisson de Dombes, des produits alimentaires qui en sont issus, ainsi que la marque Cuir de Carpe de Dombes, demeure un objectif prioritaire pour la filière. L’Apped a ainsi multiplié les actions de promotion tant à l’échelle départementale, régionale, que nationale, à destination aussi bien du grand public que des professionnels. Et Pierre La Rocca d’énumérer : « Présence remarquée au Salon de l’agriculture, relais réguliers sur Internet et sur la page Facebook Poissons de Dombes, organisation d’événements grand public : jamais la Dombes n’aura autant fait parler d’elle ». Les « Journées Découverte » des 19 et 20 octobre à la Nizière auront été un temps fort, rassemblant familles, curieux et passionnés autour de démonstrations, d’animations « nature » et dégustations. « Cette visibilité nouvelle a permis de rappeler que la Dombes n’est pas seulement un territoire, mais une identité, un patrimoine vivant », se félicite le président de l’Apped.
Patricia Flochon
Chiffres clés de la filière Poissons de Dombes
148 propriétaires et exploitants d’étangs
516 étangs en production piscicole (5 304 ha cadastrés d’étangs)
5 collecteurs
2 écloseurs
3 transformateurs
7 restaurateurs
692 tonnes de poissons collectées en 2024, dont 54 % de carpes.
Un 4ème Livre Blanc dans les tuyaux
« La pisciculture, ancrée dans la tradition de la région de la Dombes, est une activité économique essentielle qui participe au maintien de la biodiversité locale et à l’économie aindinoise », rappelle Jean-Yves Flochon, vice-président du Conseil départemental de l’Ain, délégué à l’agriculture, à la préservation de la biodiversité et des ressources et à l’environnement. Pour rappel, depuis 2013 le Département, via ses Livres blancs, accompagne financièrement la filière. Un engagement qui a été renouvelé à hauteur de 811 000 € pour l’année 2024 (l’ensemble des subventions accordées représente 672 467 €, soit 83 % de l’enveloppe prévue). Les actions soutenues par les différents Livres blanc ont permis de moderniser les équipements, de maintenir et améliorer les étangs, de lutter contre les espèces indésirables, de professionnaliser la filière, promouvoir les produits de la Dombes, ou encore d’innover sur les techniques de pêche. Et Jean-Yves Flochon d’ajouter : « Grâce au Livre blanc et aux politiques volontaristes, le Département a été présent pour les collecteurs en difficulté suite à la sécheresse de 2023, redéployant ainsi la somme de 266 000 € », réaffirmant : « bien que sa situation financière soit contrainte, le Département renouvelle son attachement au territoire dombiste et sa forte implication dans la filière piscicole en programmant un 4ème Livre blanc pour 2026 ».
Un nouvel arrêté ministériel pour la régulation du cormoran, décryptage
Stéphane Mérieux, président du syndicat des étangs de la Dombes, l’a rappelé samedi lors de l’assemblée générale : un nouvel arrêté ministériel, publié le 24 février 2025, remplace celui du 26 novembre 2010. Il redéfinit le cadre national des dérogations à l’interdiction de destruction du grand cormoran, sur lequel s’appuieront les futurs arrêtés préfectoraux attendus à la rentrée 2025. « Initialement plus restrictif, ce projet d’arrêté a été fortement revu suite aux nombreux échanges menés avec les ministères, ainsi qu’à la mobilisation de nos élus locaux, députés et sénateurs, alerté par nos organisations. Grâce à cette action collective, plusieurs contraintes ont été supprimées et des évolutions positives ont été obtenues », précise le syndicat des étangs. Les principales évolutions : l’effarouchement est désormais limité à la même période que les tirs, soit de l’ouverture de la chasse au 30 juin (avec la possibilité de prolongation de tirs jusqu’au 31 juillet) ; dans l’Ain, les plafonds restent inchangés, avec + 10 % autorisables en cas de dépassement ; les armes rayées sont désormais autorisées sur les oiseaux immobiles ; les comptes rendus de déclarations restent obligatoires deux fois par an.