CHRISTIANE LAMBERT, PRESIDENTE DE LA FDSEA
« À chacun de vous de militer, y compris dans vos familles »

L’incendie volontaire de l’abattoir Gesler, à Hotonnes, le 28 septembre, a aussi embrasé les esprits. Si bien que la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert est venue jouer les pompiers, vendredi. Objectif : exhorter les troupes à relever la tête sans tomber dans les pièges de leurs adversaires.
« À chacun de vous de militer,  y compris  dans vos familles »

C'est devant un parterre de sympathisants de la FDSEA et JA à fleur de peau que la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert a longuement échangé, vendredi, à St-Martin-du-Mont, dans l'Ain.
Des agriculteurs « encore traumatisés » par l'attaque dont a été l'objet l'abattoir Gesler. Un outil capital pour les éleveurs locaux et une entreprise qui a tissé des liens d'amitié avec ses voisins de paysans. « En s'attaquant à Gesler, on s'attaque à la famille et à tout le milieu de l'élevage », répètent FDSEA et JA depuis deux semaines.
« Une attaque inadmissible, minutieusement préparée », s'est émue la patronne du principal syndicat agricole, qui a pu sentir la peur s'insinuer dans les esprits. « Hier c'était l'abattoir. Demain, ce sera peut-être un site de phytos ou carrément nos fermes... On ne peut pas tous les soirs se demander si on ne retrouvera pas nos vaches carbonisées le lendemain », résumaient plusieurs intervenants, prêts à en découdre.

Des discours qui impriment dans toutes les couches sociales

D'où l'urgence que la profession s'empare plus vite et plus fort du sujet. « Nous sommes la cible de gens anti-viande, anti-élevage, anti tout, qui disent n'importe quoi sur des sujets qu'ils ne connaissent absolument pas. Leurs idées font leur chemin dans la société. Il ne faut pas leur laisser le terrain libre. C'est à vous tous de militer et d'expliquer comment vous travaillez. Militez auprès de vos élus, de vos députés, mais aussi dans vos propres familles, dans les écoles, ou certaines associations comme L214 travaillent à promouvoir leurs idées en proposant des kits éducatifs... Ne croyez pas que les discours anti-viande ne touchent que les bobos parisiens. Ils impriment dans toutes les couches de la société. Chacun de vous a un rôle à jouer. Le premier, c'est de continuer à vous montrer solidaires, comme vous l'avez très courageusement fait, de la famille Gesler. J'ai été très impressionnée par la façon dont vous vous êtes serré les coudes. J'ai su que les éleveurs là-haut avaient sauvé les bêtes que les prétendus défenseurs des animaux auraient laissé bruler. J'ai même appris qu'une partie des salariés de Gesler allait être repris par des entreprises locales et des agriculteurs, par le biais d'Agri emploi. Voilà une belle illustration de notre solidarité rurale qui ailleurs, n'existe pas », a martelé la syndicaliste.

« Ne vous faites pas trouer la peau »

Attention, toutefois, à ne pas se laisser aveugler par la colère. « Même si vous étiez attaqués, de grâce, ne vous faîtes pas justice vous-mêmes. Vous êtes des parents, des enfants, des frères... Ne prenez pas le risque de vous faire trouer la peau par un taré ou de finir en prison comme c'est déjà arrivé. Ce n'est pas à nous de prendre les armes, mais à la sécurité publique d'assurer la tranquillité de nos fermes. »

Pas question non plus de dézinguer tout ce qui passe. « On travaille bien avec beaucoup d'associations. Y compris avec le WWF, la Fondation Brigitte Bardot... Il ne faut pas faire l'amalgame entre des associations militantes, qui ont leur légitimité, avec qui on peut dialoguer et ces groupuscules anti viande, dans lesquels il semble qu'on retrouve des gens d'origines très diverses : des zadistes, des black-blocks, des nuits debout... Des antitout qui piaillent pendant que nous on bosse. »

Comment protéger les agriculteurs ?

 

 

L'heure est à l'action, pour empêcher « des illuminés qui ont cette fois largement franchi la ligne rouge de dicter leur loi ».
Primo : que chacun défende et explique son métier, de la famille proche au plus haut sommet de l'état. « Dire et redire qu'on fait ce métier par passion, qu'on aime nos animaux, le travail qu'on accompli sur le bien-être de l'élevage à l'abattage, en passant par les transports et les bouchers.
Secundo, en faisant pression auprès des députés pour qu'ils cosignent une tribune bientôt rendue publique en faveur du choix de manger ce qu'on veut.
Tertio, en exigeant l'ouverture d'une enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces associations qui s'attaquent à l'agriculture. « J'aimerai savoir qui sont ces gens, comment fonctionnent ces associations et comment elles sont financées. Quand on voit que L214 aurait bénéficié de 3 millions d'euros de dons, on est en droit de demander d'où vient cet argent », a insisté Mme Lambert.
Et de conclure en insistant sur l'importance de rester unis. « Dans des moments comme cela, la profession doit se serrer les coudes plutôt que de se pointer du doigt. Les français sont avec nous. Ils aiment leurs agriculteurs. Ne nous laissons pas impressionner par des groupes qui font beaucoup de bruit mais ne représentent rien. »

Etienne Grosjean

Une étrange revendication

Vendredi 5 octobre, vers midi, l’incendie de l’abattoir Gesler, a été revendiqué sur le site https://nantes.indymedia.org.
Un texte signé Lune Blanche et Meute Noire, d’une déconcertante confusion.
On y lit, par exemple, les propos suivants : « Abattoirs, élevages, taules, sont autant de manières d’enfermer, de soumettre. En menant cette action, nous avons été accompagnés par nos complices humains et non-humains qui n’étaient pas présents parce qu’enfermés ou menacés de l’être. En exprimant notre colère nous vous portions dans nos cœurs.
Et nous haïssons ce monde qui nous force à choisir entre tuer des vaches par notre passivité ou à risquer de les tuer par nos actes de sabotage. En effet, lors de l’attaque de cet abattoir, nous avions conscience que des vaches y étaient enfermées, et bien que nous avons essayé de limiter les risques pour elles, nos actes ont pu les stresser ou les faire souffrir. Mais nous ne voulons pas oublier que si nos actes peuvent faire du mal, notre indifférence, elle, tue avec certitude.
Cette action s’inscrit dans la série d’attaque « stop spécisme » mais il nous paraît important de préciser que notre but ici est de replacer l’antispécisme dans une optique de conflictualité permanente avec toutes les autorités. » Si la revendication est bien réelle, rien ne prouve, pour l’heure, que ceux qui l’ont publiée sont bien les incendiaires.

 

 

Action... réactions

Depuis l’incendie de gesler, les réactions se sont multipliées

La région dégaine vite 

Comme relaté dans ces colonnes jeudi dernier, le président de région, Laurent Wauquiez, a été un des plus prompts à se manifester en se rendant sur les lieux du sinistre dès le dimanche en promettant le déblocage immédiat de 200 000 euros pour accélérer la reconstruction de l’outil.

Les députés en parlent à l’assemblée    

La député LREM Olga Givernet, est intervenue à l’assemblée nationale le mardi 2. Elle a demandé quels étaient les moyens mis en œuvre pour protéger éleveurs, abatteurs... Christophe Castaner, a répondu, en l’absence du ministre de l’agriculture. Il a condamné les actes violents perpétrés ces derniers mois « par des groupuscules » assuré que d’importants moyens étaient alloués à l’enquête et rappelé que des directives avaient été envoyées aux préfets de régions dès juillet pour renforcer la sécurité autour des sites de transformation et commercialisation de la filière viande.
Le 9 octobre, le député Damien Abad a interpellé le ministre de l’intérieur « par intérim ». Il a cité des messages d’insultes et des menaces reçues par la famille Gesler en marge de la récente revendication et demandé au ministre  « quand allez-vous dénoncer ce terrorisme alimentaire ? » Il a soutenu la proposition de la FNSEA d’ouvrir une commission d’enquête.
Réponse du 1er ministre : « les actes et menaces que vous avez cités ne sont pas des opinions, mais des actes scandaleux, inexcusables et criminels. » Et de promettre que tous les moyens mobilisables pour faire respecter la loi le seront.

La sénatrice Goy-Chavent dénonce un acte terroriste

La sénatrice Sylvie Goy-Chavent a exprimé à plusieurs reprises son soutien sans faille et s’est rendu sur place.

Bouchers, charcutiers, traiteurs... solidaires

C’est le message du président de la chambre des métiers et de l’artisanat de l’Ain, Vincent Gaud. « Les attaques des antispécistes passe mal chez nos artisans. Quand un boucher entend dire qu’il serait un artisan de la mort et qu’on compare cette profession à des nazis, ce n’est pas possible. C’est aux pouvoirs publics de faire le boulot pour protéger les entreprises et ne pas laisser ces groupuscules dire n’importe quoi et insulter les gens. »