ACCOMPAGNEMENT
« L’idée c’est de redonner de l’élan »

Margaux Balfin
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La vie d’agriculteur n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Assistante sociale à la MSA Ain-Rhône, Isabelle Vincent explique son rôle d’accompagnement dans les moments difficiles.  

« L’idée c’est de redonner de l’élan »
Isabelle Vincent, assistante sociale à la MSA Ain-Rhône. Photo/MB

« L’important c’est que les personnes ne se sentent pas seules face à leurs difficultés. Nous vivons dans un monde complexe et certains peuvent se sentir désemparés à des moments de leur vie ; notre rôle est de les aider à y voir plus clair pour reprendre pieds. Parfois le simple fait d’expliquer comment fonctionne la MSA, par exemple, permet de mieux comprendre les courriers, les relances et de trouver une issue à une situation enkystée…». Isabelle Vincent est assistante sociale à la MSA, l’une des 16 de la caisse Ain-Rhône, chacune est rattachée à un territoire défini. Toutes ont les mêmes missions et sont parfois référentes d’un domaine dans lequel elles sont plus spécialisées. « En ce qui me concerne, c’est celui de la santé », explique Isabelle Vincent. 
 
Un accompagnement proposé après un événement difficile 
 
Son métier, elle le définit comme un rôle « d’accueil, d’écoute, d’accompagnement, de remise en confiance pour permettre à des personnes de reprendre leur vie en main. L’idée ce n’est pas d’assister, mais de redonner de l’élan ». 
La semaine, Isabelle Vincent partage son temps entre rencontres avec les personnes à son bureau ou à leur domicile, rédaction de documents administratifs (rapports sociaux entre autres), moments collectifs et institutionnels avec le reste de l’équipe, et suivis d’accompagnements. Elle se charge notamment de faire le lien avec d’autres partenaires comme les travailleurs sociaux (des MSA voisines, du Conseil départemental ou d’autres organismes…), des médecins, des comptables, etc. L’assistant social travaille rarement seul, mais en équipe, avec les services de la MSA et des partenaires comme la Chambre d’agriculture (dispositif REAGIR) ou le Conseil départemental. « Tout dépend de la problématique et de l’accompagnement en cours », précise-t-elle. 
En règle générale, les personnes confrontées à une difficulté la contactent directement, soit parce qu’elles ont demandé à joindre une assistante sociale auprès de la caisse MSA, soit parce qu’elles ont été orientées par un membre de leur entourage, ou un partenaire. « Il arrive qu’un partenaire nous informe d’une situation, notamment lorsque nous sommes mises à disposition après un événement difficile. Par exemple lorsqu’un actif décède brutalement dans le cadre d’un accident de travail ou d’un suicide, ou lorsque survient un événement imprévu tel qu’un incendie, ou un aléa climatique d’importance comme la grêle ou le gel par exemple etc, ajoute l’assistante sociale. Il existe tout un panel d’événements qui peuvent entrainer une « mise à disposition ». Libre ensuite à la personne de se saisir ou non de la proposition de contact. 
 
Des situations plus ou moins complexes 
 
La durée de l’accompagnement varie selon la problématique, d’un simple rendez-vous pour clarification, à un suivi beaucoup plus poussé. « Par exemple, un salarié en structure d’insertion qui n’arrive pas à activer son droit à la prime d’activité, alors qu’il a déjà engagé des démarches avec sa structure, est une situation d’accès aux droits assez courante », note Isabelle Vincent. 
D’autres demandes sont en revanche plus complexes. « Je pense à un signalement via le dispositif REAGIR, suite à un problème sanitaire sur une exploitation, après accord des personnes concernées. J’ai pu prendre contact avec un collègue de la Chambre d’agriculture et nous avons proposé d’organiser une rencontre commune sur l’exploitation. Ça été l’occasion de nous rendre compte de difficultés économiques mais aussi de tensions entre les associés liées à des problèmes de santé. Nous avons ainsi pu traiter un problème de droits non activés, aborder la question de la santé qui va peut-être nécessiter une reconversion professionnelle ou un aménagement de poste. J’ai souvent rencontré ce genre de situations : on part d’un problème mais d’autres en découlent… L’important c’est de tirer le fil pour que quelque chose se mette en mouvement », admet-elle. Long, ce type d’accompagnement engage parfois pour la personne une période de remise en question, voire de deuil de son projet. Cela concerne autant les salariés que les exploitants agricoles, souligne Isabelle Vincent. L’assistante sociale reçoit d’ailleurs aussi des salariés pour des cas d’épuisement professionnel. 
 
 Des dispositifs d’aide au répit  
 
Depuis quelques années, elle rencontre également plus de problématiques de mal-être. « Le Covid et les confinements ont fait une marque dans ma carrière ; le numérique a pris rapidement beaucoup de place et j’ai dû adapter ma manière de travailler. Certaines personnes ont su mobiliser leurs ressources intérieures, voire se sont dépassées pour contenir leur malaise. Pour d’autres, cela a été plus difficile. J’ai pu rencontrer un exploitant qui a, par exemple, décidé de faire un break professionnel durant un an pour se consacrer uniquement à sa famille ». 
Pour faire face au nombre croissant de cas de mal-être, la MSA a développé plusieurs dispositifs d’aide au répit ces dernières années, notamment des journées de sortie. La dernière, organisée en juillet, pour un tour de péniche sur la Saône a réuni une soixantaine de personnes, principalement des exploitants agricoles, mais aussi des salariés, de l’Ain et du Rhône et leurs familles. La prochaine sera un spectacle à l’espace Ekinox à Bourg-en-Bresse juste avant Noël.