INSTALLATION
Mieux s’informer pour lancer son exploitation maraîchère

Ludivine Degenève
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Afin de pouvoir conseiller des exploitants qui souhaitent s’installer en maraîchage bio, la Chambre d’agriculture a organisé, lundi 7 novembre, une matinée d’échanges au Gaec Flam’en Vert à Peyrieu. Au programme : témoignages, informations sur le parcours à l’installation et visite du Gaec.
 

Mieux s’informer pour lancer son exploitation maraîchère
De nombreuses personnes étaient présentes lors de cette matinée pour en apprendre plus sur le parcours à l’installation. PHOTO/LD

Témoigner, échanger, et former, tels sont les objectifs de la matinée maraîchage bio, organisée lundi 7 novembre au Gaec Flam’en Vert à Peyrieu. Lors de ce temps d’échanges, la Chambre d’agriculture en a profité pour expliquer plus en détails le parcours à l’installation. « Le Point accueil installation, c’est la porte d’entrée quand vous avez un projet, explique Flavie Leroux, conseillère à la Chambre d’agriculture de l’Ain. C’est la structure qui va vous accueillir pour la suite de votre projet. » Si une personne ne souhaite pas passer par cette étape, elle ne pourra pas bénéficier des aides de la Région. « Notre rôle c’est de vous accueillir et de vous présenter les premières démarches pour vous installer, et quand vous êtes prêts, vous lancer dans le parcours à l’installation », continue la conseillère. 
 
Des formations financées par Vivéa et le CPF 
 
Le parcours à l’installation se déroule en deux étapes. « On va d’abord travailler avec vous sur vos compétences et sur votre projet », débute Flavie Leroux. L’objectif est de rendre compte des compétences de la personne qui souhaite s’installer, et de faire un panel des formations obligatoires, ou non, qu’elle va devoir faire pour se professionnaliser. Pour des exploitants qui souhaitent s’installer en Gaec par exemple, il est obligatoire de faire la formation « s’installer à plusieurs » chaque fois qu’un nouvel associé intègre l’équipe. Cette étape a un nom : le plan de professionnalisation personnalisé (PPP). En d’autres termes, c’est « une évaluation de compétences », vulgarise la conseillère. Toutes les formations du PPP ne sont pas finançables de la même manière. L’apprentissage technique peut être payé par Vivéa, le fond de formation des agriculteurs. En revanche, pour tout ce qui est entreprenariat, comptabilité, ou relations humaines, il faudra passer par le compte personnel de formation (CPF). 
 
Faire un « stage reprise » pour être sûr de son choix
 
Vient ensuite la partie projet, qui débute par le chiffrage de l’exploitation, qui peut être effectué par n’importe quel organisme. L’idée est de travailler sur un diagnostic de l’exploitation. Enfin, vient le temps de la réalisation d’une étude de faisabilité. D’après Flavie Leroux, ces démarches prennent environ un an. 
Il est néanmoins conseillé de réaliser un « stage reprise » avant l’arrivée définitive du futur associé. Le cédant accueille en stage le potentiel repreneur. L’idée est de voir comment la personne peut prendre sa place dans l’exploitation, et ainsi garantir une bonne entente entre lui et le chef d’exploitation. D’une durée minimum de trois mois, il est cependant fortement conseillé de l’arrêter en cas de litiges, ou de changement d’orientation. « Si vous savez que vous n’allez pas vous installer ici, on arrête le stage. Le but, c’est de pouvoir s’installer dans la structure », continue Flavie Leroux. 
 
Le Gaec accueille un nouvel associé d’ici 2023
 
Et c’est d’ailleurs ce stage qu’a réalisé Jacques Ducarre, le futur associé du Gaec Flam’en Vert, une exploitation spécialisée dans le maraichage bio. « L’objectif avec un nouvel associé, c’est de faire un peu plus de légumes en hiver et moins arrêter les ventes », affirme Jonathan Vericel, chef d’exploitation, associé à Quentin Viollet. 
Jacques Ducarre est issu d’une reconversion professionnelle. Avec quinze ans de carrière d’ingénieur derrière lui, il a eu « envie de se reconvertir et de faire autre chose de sa vie. » Il a donc passé un bac pro horticole par correspondance. Après avoir réalisé plusieurs stages dans des exploitations maraîchères, avec le désir de travailler sur des petites structures non mécanisées, son choix est tout autre, puisqu’il s’est finalement tourné vers le Gaec Flam’en Vert. Jacques Ducarre a donc réalisé un stage de janvier à juin, à raison de deux jours par semaine. « On s’est retrouvé il y a quelques temps et ils voulaient un nouvel associé », explique-t-il. « L’idée, avec l’arrivée de Jacques c’est de sortir 40 000 € de chiffre d’affaires en plus sur l’année 2024 », continue Quentin Viollet. Pour monter correctement son dossier, le futur nouvel associé a suivi le parcours à l’installation organisé par la Chambre d’agriculture. Son objectif est de terminer son « stage reprise » et d’intégrer la structure à 100 % d’ici 2023. 

L’exploitation en quelques lignes

L’installation de Jonathan Vericel et de son associé de l’époque remonte à 2010, alors que M. Ferrand, âgé de 75 ans, décide de louer sa ferme. « On avait le projet de s’installer sur 9 ha, on a cherché pendant trois ans, avant de trouver une ferme ici », explique Jonathan Vericel. Mais ce n’est pas 9 ha mais 29 qui ont été proposés aux deux associés de l’époque. « Ça nous a permis de rétrocéder de la surface à d’autres jeunes qui s’installaient autour », continue le maraîcher. Aujourd’hui, lui et Quentin Viollet, son nouvel associé arrivé depuis 2020 sur l’exploitation possèdent 13 ha dont 6 ha cultivés en légumes. Toutes les ventes sont directes, via des paniers, un marché à Belley et la vente à la ferme. « On a choisi le circuit de production relativement court en temps et en investissement pour pouvoir passer beaucoup de temps à la production », ajoute Jonathan Vericel. Les deux associés ont même embauché deux salariés, présents sur l’exploitation sept mois par an, en CDD. 
Au Gaec Flam’en Vert, les agriculteurs mettent un point d’honneur dans la préservation de la nature. « On veut qu’il y ait un aspect environnemental. Avec mon associé de l’époque, on avait vraiment à cœur de montrer que c’était possible de faire de l’agriculture, que ce soit viable, et qui puisse générer de la biodiversité », précise le maraîcher. Voilà pourquoi les deux associés ne laissent jamais un terrain nu, mais préfère mettre des intercultures, des engrais verts, mais aussi des aménagements pour maximiser la faune et la flore des parcelles.