ELECTIONS MUNICIPALES
Attaqué sur son métier, Denis Terrier préfère jeter l’éponge

Préessenti pour conduire une liste, le premier adjoint, agriculteur, renonce.
Attaqué sur son métier, Denis Terrier préfère jeter l’éponge

Élu au conseil depuis 3 mandats, adjoint depuis deux, Denis Terrier envisageait, assez naturellement de conduire une liste pour prendre le relai de son maire sortant, Yves Bouilloux, qui ne se représentera pas.
« Dans une petite commune comme la nôtre, j'estime que le bien commun doit prévaloir, sans distinctions de nos opinions politiques. Je pensais conduire une liste pour travailler dans la continuité de ce qui avait été entrepris, sachant que de toutes façons, nous n'avons pas de grandes marges de manœuvre. »
Une candidature sans autres ambitions que de consacrer du temps à sa commune comme il l'a toujours fait.
Sauf qu'entre temps, une liste s'est constituée à son insu. Et que des propos blessants lui sont revenus aux oreilles. Pas tant à tire personnel que professionnel.
« J'ai proposé aux opposants que pour l'unité du village, on fasse liste commune. On m'a répondu que c'était impossible, parce que certains ne voulaient pas entendre parler de moi. »
Peu à peu, il comprend que c'est son statut d'éleveur de porcs et producteur de céréales qui attisait les griefs. « Le cliché du céréalier pollueur qui traiterait n'importe comment, qui gaspillerait l'eau et qui maltraiterait ses animaux », analyse-t-il, sans cacher sa déception.
« Je ne n'ai pas vu venir le coup. Je réalise que les gens n'ont pas confiance en nous et qu'il n'y a plus d'attachement à la terre et à l'agriculture dans nos campagnes. Les gens ne réalisent pas les efforts que nous faisons pour faire évoluer notre métier. »

« On va au-delà de la réglementation : a priori, ce n'est jamais assez »

Et de poursuivre : « Oui, nous soignons nos cultures et oui, nous avons investi dans l'irrigation pour sécuriser une partie de nos cultures. Certains trouvent ça inadmissible qu'un agriculteur puisse irriguer quand on interdit aux particuliers d'arroser leurs fleurs. Moi et mes fils faisons tout ce qui est possible pour ne pas gaspiller l'eau et gêner le moins possible nos concitoyens. On arrose la nuit, on vérifie l'hygrométrie, on utilise des buses anti dérive, on traite au plus bas volume possible, en général à moins d'un quart de la dose autorisée, on utilise le GPS, la technologie Farmstar pour amender au plus juste, les cartes de rendements... Tous les outils disponibles pour faire une agriculture de précision. Et quand on doit épandre le lisier, on enfuit le tout sous moins de 12h. Non seulement on respecte scrupuleusement toutes les réglementations, mais on va au-delà, par exemple en plantant des jachères mellifères, dans lesquelles un de mes opposants qui détruit les nids d'insectes aime se faire prendre en photo ! Mais a priori, ce n'est jamais assez. »
Sans compter les services rendus dans l'ombre, au quotidien. Qui pour l'aider à installer le sapin de Noël, qui pour tirer la voiture du fossé, qui pour passer un coup d'étrave quand la neige bloque le chemin, qui pour prêter le télesco à celui qui refait sa charpente.
« Je suis écœuré. J'ai toujours essayé de donner ce que je pouvais, sans rien attendre en retour, et là, je me retrouve injustement attaqué. Je demandais juste à être traité en homme responsable, plutôt que d'être jugé en raison de l'image que certains se font de mon métier. »
Trop touché pour chercher à se battre, Denis Terrier a fait le choix de se retirer de ses multiples engagements. Il continuera juste à s'investir pour la Mutuelle La Bressane, qu'il préside avec cœur et qu'il considère « comme une famille. »

Etienne Grosjean

Adrien Bourlez  : « Ce n’est pas acceptable »

Navré le président de la FDSEA de l’Ain, d’apprendre les déboires de son collègue. « C’est révélateur d’une forme d’incompréhension de notre métier par une partie de la société. La pression de l’opinion conduit à décourager des gens qui ne demandent qu’à servir l’intérêt général en les condamnant sur de simples préjugés. C’est inacceptable. D’autant plus que nous avons besoin d’agriculteurs dans les conseils municipaux et que les communes rurales ont besoin de leurs agriculteurs. Les agriculteurs sont une grande force pour ces territoires. Circuits courts, création de richesse, gestion des ressources naturelles, dynamisation des territoire, maintien des services… La liste de ce que nous pouvons apporter à une collectivité est immense ».