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Les Assises de l’eau se concluent dans la discorde

Le gouvernement a présenté le 1er juillet sa feuille de route concluant la seconde phase des Assises de l’eau, consacrée à l’adaptation au réchauffement climatique. La FNSEA appelle le gouvernement à aller vers « plus de concret » sur le stockage de l’eau.
Les Assises de l’eau  se concluent dans la discorde

Une diminution des prélèvements d'eau de « 10 % en cinq ans » et de « 25 % en quinze ans ». C'est l'objectif ambitieux affiché dans la feuille de route du gouvernement, concluant la seconde phase des Assises de l'eau, consacrée à l'adaptation de la gestion de l'eau au réchauffement climatique. Le mot d'ordre est la « sobriété » de la consommation, face à la raréfaction annoncée de la ressource. Le gouvernement confirme la « généralisation des projets de territoire » (annoncée en mai), pour gérer la ressource localement en évaluant les « besoins et économies possibles » pour chaque utilisateur de l'eau. Cette méthode sera particulièrement utilisée pour la mise en place de nouvelles infrastructures de stockage de l'eau au niveau local. Celles-ci devront être « utiles et durables ». La FNSEA salue cette mention au stockage de l'eau. « C'est un point positif de reconnaître que le changement climatique nécessite plus de stockage », se félicite Luc Servant, le président de la chambre régionale de Charente-Maritime, et membre du comité de pilotage. « Mais il n'y a pas d'ambition chiffrée, clairement affichée en la matière », déplore-t-il.

Des plans d'actions pour 1 000 captages prioritaires

La question de la qualité de l'eau est aussi traitée. Le gouvernement annonce des « plans d'action spécifiques » pour « 1 000 captages prioritaires » d'ici 2021, contre 500 aujourd'hui. Pour au moins 350 d'entre eux, des « engagements seront pris avec la profession agricole » pour « réduire les pollutions de l'eau ».
Les collectivités disposeront d'un droit de préemption pour acheter des terres agricoles situées « sur des zones de captage d'eau potable ». Des paiements pour services environnementaux (PSE) pourront être expérimentés « dès 2020 », financés par les Agences de l'eau à hauteur de 150 M€, comme le prévoyait le Plan biodiversité. « Vingt territoires » seront concernés par cette expérimentation, indique la feuille de route.

Inquiétudes autour le budget des Agences de l'eau

Jean Launay, coordinateur des Assises de l'eau, a interpellé le ministre de la Transition écologique François de Rugy sur le « plafond mordant » du budget des agences de l'eau, mis en place par le PLF 2019. Ce mécanisme permet à l'État de ponctionner systématiquement le budget des agences de l'eau, au-delà de 2,1 milliards d'euros. « C'est pénalisant, la question de sa suppression doit être posée », a-t-il déclaré. Une position partagée par « l'ensemble des membres du comité de pilotage ». Depuis plusieurs mois, les agences de l'eau s'inquiètent de la baisse de leurs ressources, alors que leurs missions se multiplient.

F.C
Sécheresse / Le ministère de l’Agriculture a déclenché la cause de force majeure pour aider les éleveurs touchés par la sécheresse dans 24 départements français.

Utilisation possible des jachères dans 24 départements

À la suite de « déficits importants de pousse des prairies [...] avec des conséquences importantes pour l’activité d’élevage », le ministère de l’Agriculture a annoncé le 1er juillet, dans un communiqué de presse, mettre en œuvre « la clause de force majeure pour aider les éleveurs touchés par la sécheresse ». Cette disposition concernera 24 départements dont neuf en Auvergne-Rhône-Alpes (Ain, Allier, Ardèche, Drome, Isère, Loire, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, Rhône). « Dans ces départements, les éleveurs dont les disponibilités fourragères sont directement affectées par la sécheresse et qui auront fauché ou fait pâturer leurs jachères déclarées en tant que surfaces d’intérêt écologiques (SIE), pourront bénéficier d’une reconnaissance de circonstances exceptionnelles », explique le ministère.
Les jachères concernées conserveront ainsi leur caractère SIE. Pour bénéficier de cette clause de force majeure, les éleveurs doivent envoyer un courrier à leur DDT justifiant de la nécessité du fauchage ou pâturage. Dans une note de conjoncture du 1er juillet, Agreste note, au niveau national, une « production cumulée des prairies permanentes dans la norme » mais avec de très fortes disparités entre les régions. Si la façade Ouest et le Grand-Est sont globalement excédentaires, l’Auvergne-Rhône-Alpes est, elle, déficitaire. Et « même si la production cumulée d’herbe reste normale en Paca et Occitanie, ces régions présentent localement des disparités » avec 67 % des régions fourragères déficitaires en Paca et 42 % en Occitanie. « Les conditions climatiques de ce premier semestre et notamment le cumul de précipitations, déficitaire de 18 % en moyenne, n’ont jusque-là pas eu de conséquence sur la pousse d’herbe au niveau national, observe le service de statistique et de la prospective. Toutefois, les prémices d’une situation plus délicate sont déjà visibles dans certaines régions de la moitié Sud. »  
A.J