CHRISTIANE LAMBERT DEVANT LA FNP
« Ce que les producteurs attendent le plus, c’est le retour de prix ! »

Christiane Lambert, présidente de la FNSEA et éleveuse de porcs, était présente à l'assemblée générale de la FNP le 10 juin dernier à Bourg-en-Bresse. Elle n'a pas mâché ses mots quant à la crise sans précédents que traverse aujourd'hui la filière porcine. Retrouvez son intervention. 

« Ce que les producteurs attendent le plus, c’est le retour de prix ! »
Christiane Lambert comptait parmi les invités de la FNP vendredi 10 juin à Bourg-en-Bresse. Photo/Patricia Flochon

« L’assèchement de la valeur dans nos exploitations, c’est un drame pour notre pays. Voilà pourquoi nous défendons bec et ongles la loi alimentation et je m’inscris en faux de tous ceux qui disent que ça ne sert à rien. Jamais on n’a eu autant d’outils qu’aujourd’hui. Il faut les utiliser. Quand j’entends parler de contractualisation, le jambon est au cochon ce que le steak haché est au bovin, avec aujourd’hui une focalisation sur le jambon blanc qui rend plus difficile l’équilibre matière. Parmi les outils de la loi alimentation, il y a la contractualisation pluriannuelle avec la fixation de prix sur la base d’indicateurs de production, références Ifip, et avec non négociabilité de la matière première agricole. Et les contrats avec coûts de production sont de nature à rassurer le banquier...   
Pour l’instant, c’est la distribution qui nous fait souffrir ; qui invente des dispositifs de contournement de la loi alimentation. Ils imposent notamment des pénalités logistiques aux industriels alors que c’est interdit par la loi et ils ont facturé l’année dernière 250 M€ de pénalités logistiques. Ces réalités-là, il faut les connaître et c’est révoltant. S’il faut tenir sur ces sujets de contractualisation à l’aval, je pense qu’il faut aussi qu’on se pose la question de la contractualisation amont. En 2011 la FNSEA avait proposé une contractualisation entre filières végétales et filières animales pour essayer de lisser les effets de la volatilité dans notre approvisionnement de matière première principale ; 65 % de la dépense pour le porc, c’est l’alimentation animale. Quand ce poste là prend 35 % c’est très difficile. Il faut qu’on arrive à le faire aujourd’hui. Evidemment il faut un avantage pour l’un et pour l’autre. On travaille avec des économistes et c’est la volonté qui fera la différence. Concernant la nouvelle configuration de notre Gouvernement, on peut se satisfaire que le ministère de l’agriculture s’appelle aujourd’hui le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, c’était un souhait de la FNSEA. Enfin l’alimentation est stratégique. Il y a des leviers financiers aujourd’hui dont rarement l’agriculture avait bénéficié pour se moderniser, y compris pour les abattoirs. L’agriculture est à nouveau considérée, cela engage les pouvoirs publics et bien évidemment, quand il est question de planification économique, on doit s’inscrire et être force de proposition. Comme on est syndicalistes de solutions économiques, soyons un syndicat de solutions écologiques comme on a su le faire sur beaucoup de sujets. Tenons bon, et donnons confiance aux jeunes, donnons leur envie de s’installer. »

Propos reccueillis par Patricia Flochon