TECHNIQUE
Essais maïs : agriculteurs, collectivité et Cuma partenaires

Patricia Flochon
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Porté par Grand Bourg Agglomération, un essai portant sur le désherbage mécanique du maïs, avec le soutien technique de Cuma, vise à accompagner les agriculteurs dans l’évolution de leurs pratiques. Enjeux : la préservation de l’eau et efficience agronomique. Explications.

Essais maïs : agriculteurs, collectivité et Cuma partenaires
Des essais réalisés avec des matériels de Cuma partenaires. Photo/ PF

Sur le secteur du bassin d'alimentation et des captages de Lent, un essai maïs (avec et sans) produits phytosanitaires est en cours de réalisation et de suivi. La restitution des premiers résultats a eu lieu voici quelques jours, en présence de Jonathan Gindre, vice-président de Grand Bourg Agglomération, délégué à l’eau et à l’énergie. Rappel du contexte par Émilie Chaumont, chargée de mission Eau, agriculture et territoires à Grand Bourg Agglomération : « Dans un objectif de limitation des risques de pollution des eaux destinées à la consommation humaine, et à l’initiative d’un agriculteur du secteur (GAEC Holstein-Gabet), Grand Bourg Agglomération et ses partenaires techniques (la FDCuma, AlterAgro Conseil et la Chambre d’agriculture) ont souhaité mettre en place un essai « désherbage mécanique des maïs ». Objectif de l’essai : déterminer les itinéraires techniques possibles (en tenant compte des contraintes parcellaires), les matériels à mobiliser, les principales règles de décisions et l’importance du suivi très régulier de la parcelle dans ce type de pratiques, le coût des différents itinéraires techniques mis en place, et le temps de travail associé à chaque itinéraire. Ces essais permettent de se projeter et d’envisager quelles pourraient être les conditions à réunir pour mettre en œuvre des solutions alternatives au désherbage chimique du maïs sur une zone sensible telle qu’une aire d’alimentation de captage en eau potable ». Et Nicolas Boinon, directeur de la FDCuma de préciser : « Les deux parcelles d'essai appartiennent au Gaec Holstein Gabet et sont suivies par Fréderic Martin, également président de la Cuma de Servas-Lent. Nous avons pu bénéficier de différents matériels appartenant à des Cuma (semoir à maïs 8 rangs de la Cuma de Dompierre-sur-Veyle, écrouteuse 3 mètres de la Cuma de Condeissiat, conduite des matériels assurés par les tracteurs et chauffeurs de la Cuma de Servas-Lent et binage assuré par Étienne Fauvet avec son tracteur et sa bineuse Monosem six rangs autoguidée par caméra ».
 
Des résultats significatifs
 
La préparation et le suivi de l’essai se sont déroulés de début avril jusque fin juin. À partir du semis, au 11 mai, un suivi très régulier, quotidien les premières semaines puis plus espacé, a permis de déterminer l’outil à passer, le moment opportun pour le passer en tenant compte à la fois de l’humidité du sol, du stade des mauvaises herbes et du stade du maïs. Selon Émilie Chaumont, « l’itinéraire prévisionnel devait allier des passages de herse étrille « à l’aveugle », c’est-à-dire lorsque les mauvaises herbes ne sont pas encore visibles en surface mais qu’elles forment déjà un filament blanc dans le sol, et de bineuse. Les conditions météorologiques n’ont pas été réunies et il a donc fallu modifier la stratégie initiale et trouver un autre outil disponible à proximité du lieu de l’essai : la houe rotative de 3 mètres a été prêtée par la Cuma de Condeissiat et ses passages effectués par la Cuma de Servas – Lent. L’itinéraire s’est alors transformé en une combinaison de passages de houe rotative et de bineuse (bineuse six rangs avec guidage caméra prêtée et passée par l’Earl Réna-Plaine).  La houe a été très bénéfique puisqu’elle a permis d’écrouter et d’aérer le sol sans oublier une efficacité significative sur les levées de mauvaises herbes. Les passages de bineuse ont été très efficaces sur les adventices présentes entre les rangs de maïs. Au final, trois à quatre itinéraires ont été testés. On retient qu’ils ont tous eu une efficacité suffisante sur les mauvaises herbes. La parcelle était assez propre lors du dernier comptage le 30 juin. Certains passages d’outils ont en revanche eu plus d’impact sur les pieds de maïs. Il faudrait pouvoir aller jusqu’à la récolte pour déterminer si les différents passages auront un impact sur le rendement ». La mise en œuvre et le suivi de l’essai par les partenaires ont été coordonnés et financés par Grand Bourg Agglomération dans le cadre du programme d’actions agricoles mises en œuvre sur l’Aire d’Alimentation des Captages de Péronnas – Lent. Jonathan Gindre a fait part de sa satisfaction quant aux premiers résultats obtenus : « Il est intéressant de voir comment travailler ensemble et trouver des pistes pour préserver la qualité de l’eau. Avec cet essai, et l’évolution des pratiques, il s’agit d’avoir une action de fond et montrer que l’on sait travailler ensemble en local ».