FILIÈRE BOIS ET FORÊT

Une plateforme Innovation et Territoire à Cormaranche-en-Bugey

À  la MFR (Maison familiale rurale) de Cormaranche-en-Bugey, on considère que « l’innovation n’est pas uniquement l’apanage des universités ou des grandes écoles ». D’où l’idée de créer une Plateforme Innovation et Territoire, projet initié il y a plus de sept ans, qui a enfin pu aboutir après avoir « traversé quelques zones de turbulences », comme le rappelait son directeur, Pierre Roux, lors de la pose officielle de la première planche jeudi dernier. Un appel d’offres qui a dû être relancé à plusieurs reprises pour faire baisser les coûts et aussi par manque de candidats, puis la Covid et des problématiques d’approvisionnement des entreprises qui ont fait passer le budget initial de 3 (millions d'euros) M€ à 5 M€ sur l’ensemble des quatre tranches prévues… au final les travaux ont enfin pu débuter, pour une livraison espérée d’ici 18 à 24 mois. Et Pierre Roux, d’expliquer : « La future Plateforme prend tout son sens car elle vient améliorer et renforcer le support de formation de notre public avec la création de plateaux techniques et de salles de classes supplémentaires, mais également avec la construction d’un laboratoire de langues et d’expérimentation sur le matériau Bois à destination des apprentis, des personnes en formation continue et en reconversion professionnelle ». Une structure qui permet désormais d’accueillir tous les profils d’apprenants, y compris les personnes en situation de handicap. Et d’ajouter : « Au-delà de la vocation pédagogique évidente, ce projet se veut innovant car il constituera une structure « support » ouverte aux professionnels et aux différents acteurs de la filière Bois du territoire, notamment avec le pôle de compétitivité Xylofutur, Fibois 01 et la mise en place de notre prochain atelier associatif ». 
 
Une plateforme ambitieuse

Avec cette plateforme, les objectifs sont multiples : intégrer l’innovation à tous les niveaux de formation ; permettre aux professionnels, partenaires et associations d’utiliser ces espaces afin de renforcer les projets collaboratifs (l’espace robotique et le laboratoire bois seront notamment ouverts aux entreprises) ; pouvoir répondre par de la recherche appliquée à des problématiques de la filière (comme par exemple utiliser le bois local dans des produits techniques) ; et être un levier de développement de l’économie locale (espaces et matériel pourraient être mis à disposition des associations/entreprises du territoire et même des citoyens pour créer un Fab Lab et ainsi être un véritable levier économique et social). Cette plateforme facilitera également la rencontre entre des jeunes étudiants de formations supérieures et des CAP/Brevet professionnel, ainsi que des projets collectifs techniques, avec comme objectif, entre autres, de renforcer le support pédagogique pour les formations techniques et supérieures (licence professionnelle et ingénieurs). Le budget global pour les deux premières tranches s’élève à 3 M€, subventionnés par la Région Auvergne-Rhône-Alpes (1,3 M€), le Département de l’Ain (300 000 €), Haut Bugey Agglomération (100 000 €), le fonds Opcalia, devenu AKTO (200 000 €), le Commissariat de Massif du Jura (110 000 €), le fonds Leader/ComCom Bugey Sud (150 000 €) et la fédération régionale des MFR (80 000 €).
 
Une école technique du bois 3.0
 
Unique en son genre, l’école technique du bois fait figure de référence, équipée d’un outil pédagogique unique en France : le simulateur de sciage et de conduite de chariot élévateur catégorie 9. Ici, à quelques mètres de la MFR, dans un cadre privilégié, une quarantaine de jeunes suivent une formation « pointue », du CAP (conducteur opérateur de scierie, mécanicien affûteur) au Bac Pro (technicien de scierie) … avec de véritables débouchés à la clé. L’extension des bâtiments est aujourd’hui terminée. Inaugurée en présence des élus et de la préfète, Cécile Bigot-Dekeyzer, c’est une vraie satisfaction pour son président, Cyril Ducret, qui souligne : « Après 30 ans d’existence, il nous fallait une nouvelle jeunesse et une nouvelle école 3.0. Un bâtiment construit en bois local issu de l’école. C’est donc un vrai circuit court. Un bâtiment fonctionnel, qui permet l’épanouissement de nos élèves. Nous avons voulu également un atelier de mécanique et de maintenance avec le dernier cri de la technique. Et le budget a été tenu, sans frais supplémentaires ». Soit 1,7 M€, avec une aide de la Région, du Département, Haut Bugey Agglomération, l’Europe, et la fondation Total. Et Jean-Christophe Charrier, son directeur, de rappeler la mise en place d’une nouvelle formation Maintenance industrielle, le projet d’utiliser la réalité virtuelle pour développer l’attractivité des métiers, et d’augmenter les effectifs de 40 à 60 élèves dans les années qui viennent.
 
 Patricia Flochon