GÉNÉTIQUE
Un intérêt grandissant pour les lentilles et pois chiches

Charlotte Bayon
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Piloté par la chambre régionale d’agriculture, le projet Pepit LegSecAura a révélé ses conclusions après trois ans d’observation. Terres Inovia a partagé ses recommandations techniques pour la culture de lentilles et pois chiches.

 Un intérêt grandissant pour les lentilles et pois chiches
Avec 3 600 hectares de lentilles (en bio et en conventionnel) en 2021, la région Aura comptabilise 10 % de la sole française. Photo/Hari&co

Le projet multipartenaire Pepit LegsecAura vise à acquérir des références locales sur la conduite des légumes secs en région Auvergne-Rhône-Alpes, pour améliorer leur compétitivité. Ces dernières années, les agriculteurs ont été confrontés à des rendements hétérogènes en lentilles et pois chiches, et à des freins techniques et économiques, et notamment en 2020. Trente pour cent des parcelles n'ont pas été récoltées. Obtenir de nouvelles références était donc urgent.

Améliorer la sélection variétale
 
Claire Barbet-Massin, chargée d’étude en génétique et légumineuses à graines chez Terre Inovia, a mis en exergue la difficulté de sélection des variétés en légumes secs rencontrée par les sélectionneurs dans les croisements, qui sont très complexes. Le temps représente aussi une difficulté importante : l’accès à la ressource génétique nécessite de faire pousser les variétés pour en connaître ensuite les caractéristiques. Cela représente entre sept et dix ans. Entre 2020 et 2022, plusieurs essais ont été mis en place en région Aura, selon quatre axes : le choix des variétés, le travail du sol, le désherbage mécanique et l’association avec d’autres cultures. Des essais ont été conduits en plaine (Isère, Ain, Puy-de-Dôme) et en demi-montagne (Haute-Loire, Cantal) sur des parcelles en bio et en non bio. L’objectif : améliorer la compétitivité des légumineuses afin qu’elles s’adaptent aux différents contextes pédoclimatiques.
 Le projet a ainsi permis de décrypter les pratiques agricoles par le biais d’observatoires : 71 parcelles en lentille (dont 44 en bio) et 44 parcelles de pois chiche (dont 40 en bio). Cette étude a permis de faire un état des lieux des pratiques favorables, afin de définir des recommandations : date de semis, densité, variétés, plantes compagnes… pour créer un itinéraire technique précis destiné aux agriculteurs.
 
La culture du pois chiche en Aura
 
La culture de pois chiche est historiquement présente dans le Sud de la région, dans la Drôme et en Ardèche, et sur toute la vallée du Rhône jusque dans les plaines de l’Ain. Ces cultures ont varié au cours des dernières années, avec un triplement des surfaces de récolte en 2017 et 2018. Mais depuis 2022, elles connaissent de fortes baisses, jusqu’à 40 %. En Aura, les surfaces de culture de pois chiche représentent 4 % de la sole nationale avec 700 ha en 2021. C’est un protéagineux qui a pourtant de nombreux avantages notamment en agriculture biologique : c’est la légumineuse à graines la plus résistante au sec, elle ne demande aucune irrigation ni aucune fertilisation azotée. Le pois chiche est modérément sensible au froid mais craint les températures fraîches. Développer sa culture s’avère opportun en raison de la demande accrue du consommateur en protéines végétales, mais également en raison de la résilience de cette légumineuse aux changements climatiques.
 
La culture de la lentille en Aura
 
Avec 3 600 ha de lentilles (en bio et en conventionnel) en 2021, la région Aura comptabilise 10 % de la sole française. La culture de lentilles dans la région est majoritaire en Haute-Loire, notamment au Puy-en-Velay, sous AOP. La Haute-Loire comptabilise 216 ha tandis que l’Isère est également bonne productrice de lentilles avec 135 ha de culture. L’observatoire rapporte que la région produit majoritairement la lentille verte anicia (à 80 %), mais les lentilles blondes et corail font également des rendements honorables. Il apparaît donc possible que le territoire régional accueille des cultures de lentilles corail et blondes au même titre que les lentilles vertes. Cela ouvre des perspectives de diversification de gamme pour les producteurs en vente directe. Pour autant, même si elle résiste bien au froid, la lentille reste une culture très aléatoire, soumise aux conditions climatiques et aux bioagresseurs.
Pour approfondir ses recherches et développer de nouvelles variétés plus résilientes et offrant les meilleurs rendements, Terre Inovia s’inscrit dans le projet Belis qui a démarré le 1er octobre 2023, pour une durée de cinq ans. Il a pour but d’accroître la compétitivité de la sélection des légumineuses en Europe, en améliorant outils et méthodes à disposition des sélectionneurs, ainsi que les modes de gouvernance et l’organisation des filières en légumineuses.