POLITIQUE
Zoom sur la politique agricole départementale

Patricia Flochon
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Pour sa première session plénière de l’année, le Département recevait le Docteur Jean-Yves Grall, directeur de l’ARS Auvergne Rhône-Alpes, afin de débattre des enjeux liés à l’évolution de la démographie médicale dans l’Ain. 

Zoom sur la politique agricole départementale
Jean Deguerry, président du Département et Jean-Yves Grall, directeur de l’Agence régionale de santé. PHOTO/ PF

Il revenait à Jean-Yves Flochon, vice-président délégué à l’agriculture, à la préservation de la biodiversité et des ressources et à l’environnement, de présenter lundi, en présence au sein de l’assemblée départementale du président de la Chambre d’agriculture, Michel Joux, et du président des Jeunes Agriculteurs, Justin Chatard, le rapport de la politique agricole et agroalimentaire pour l’année 2023 et notamment des propositions de subventions exceptionnelles à la fromagerie de la Vallée de l’Ain à Poncin (26 493 €) et à la coopérative des bergers réunis de l’Ain (Cobra) pour des études portant sur la création d’un abattoir multi espèces petits animaux à Bourg-en-Bresse dans la zone Cénord (25 228 €). Pour rappel, le chiffre d’affaires global de la ferme départementale est aujourd’hui évalué à 681 millions d'euros (M€) de revenus, un secteur économique majeur dans l’Ain, tant au niveau de l’emploi que l’entretien de l’espace. Et Jean-Yves Flochon de rappeler que l’Ain reste le 1er département producteur de porcs de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le 2ème pour les céréales avec 20 % de la production de la région, 3ème producteur de viande bovine, la 4ème surface agricole de la région Aura avec 240 000 ha. « Nous avions budgété l’an dernier 1,767 M€ pour notre politique de soutien à l’investissement et une fois n’est pas coutume, nous n’avons pas dépensé l’ensemble de nos crédits, les plans de Relance portés par l’État s’étant substitués à l’engagement du Département et de la Région ».

Les autres dossiers accompagnés

Parmi les dossiers importants d’accompagnement, le Département a accompagné en 2022 la filière viticole à hauteur de 100 000 € (dans le cadre du plan viticole Bugey initié par la Région), la fruitière à Comté du Valromey ainsi que le Centre de sélection de Béchanne. Quant aux orientations de l’année 2023, les axes sont de cinq ordres : bien vivre en tant qu’agriculteur, assurer la maîtrise de l’eau et la préservation des sols, intégrer les enjeux environnementaux tout en préservant la rentabilité, développer l’alimentation de proximité, favoriser le développement touristique à travers la promotion des produits locaux. Et Jean-Yves Flochon de préciser : « Suite aux difficultés quantifiées du renouvellement des générations en agriculture, l’objectif est de renforcer notre soutien au suivi des installations. La Chambre d’agriculture, via le syndicat des Jeunes Agriculteurs, porte une action forte pour que les premières années les jeunes agriculteurs puissent être accompagnés dans le cadre d’un suivi tant économique qu’au niveau du résultat d’exploitation. Nous proposons de bonifier notre soutien de 50 % pour le porter à 75 000 € cette année ». Une ligne supplémentaire est également adoptée en faveur de la Chambre d’agriculture à laquelle est confiée une mission ciblée pour favoriser l’émergence des projets d’investissements sur les exploitations agricoles. Une attention soutenue est également accordée au volet sanitaire : accompagnement du Groupement de défense sanitaire et du laboratoire départemental d’analyses (près d’1 M€ pour ce dernier). 

 

 

Transformation profonde du système de santé

Ainsi que le rappelait Jean Deguerry, le président du Département, « les chiffres sont sans appel. Nous sommes confrontés à des difficultés qui vont perdurer au moins jusqu’en 2030. Ici, 15 % des Aindinois n’ont pas de médecin traitant. Ici, Il y a 6,4 médecins généralistes pour 10 000 habitants alors que la moyenne nationale s’établit à 8,7. Ici, nous sommes le 15ème département de France le plus démuni de professionnels de santé, alors que notre population augmente de 6 000 nouveaux habitants par an ». Une situation qualifiée « d’alarmante », à laquelle le Département a répondu par l’ouverture l’an dernier d’une année Pass (Parcours d’accès spécifique santé) sur le campus de Bourg-en-Bresse (dont la promotion sera augmentée de 25 places supplémentaires à la rentrée prochaine). C’est aussi l’accueil croissant d’internes dans l’Ain (126 d’entre eux avaient bénéficié en 2022 d’aides boursières de la part du Département pour un montant de 304 000 €) ; l’ambition d’une Maison départementale des professionnels de santé qui aura vocation à accueillir dans des conditions satisfaisantes ces internes, des stagiaires ou encore des médecins remplaçants ; des cabines de téléconsultations ; ou encore l’ouverture des postes de médecins salariés avec une première consultation en octobre 2022 à Serrières-de-Briord… Le Docteur Grall a présenté les éléments principaux de stratégie en santé pour les années à venir : la démographie des professionnels que ce soit en ville, dans les établissements médico-sociaux, et aussi dans le secteur hospitalier ; l’accès aux urgences ; la prévention (dépistage, vaccination, prévention comportementale…) ; l’évolution de la prise en charge de maltraitances dans le secteur médico-social ; les capacités financières des opérateurs ; le travail en commun sur l’ensemble du territoire entre les services de l’État, les collectivités locales et l’ARS et notamment « muscler » le contrat local de santé. L’ARS lancera fin 2023 un projet régional de santé pour les cinq prochaines années (comprenant pas moins de 26 objectifs stratégiques). Selon le Docteur Grall, « nous avons un problème qualitatif et quantitatif des professionnels du secteur médico-social et notamment dans les Ehpad. Comment aller plus loin ? D’abord en formant plus de médecins, c’est en court, et plus d’infirmières. Autre sujet : l’adaptation des candidatures aux métiers. Je crois beaucoup à deux choses : d’abord donner envie de venir travailler dans l’Ain ; c’est avoir un internat intéressant, des conditions de travail adaptées et des conditions d’hébergement correctes. Les efforts que vous faites sont un élément important ». Sur le sujet des anesthésistes intérimaires, le directeur de l’ARS affiche une position sans appel : « Je trouve scandaleux le chantage des médecins qui font de l’intérim à des tarifs de 3 000 € par jour ! Il est temps d’arrêter tout ça parce que c’est une course à l’échalote qui n’en finit pas ». Enfin, le directeur de l’ARS dit plaider « pour un fonctionnement dans le médico-social beaucoup plus décentralisé, pour une vision très loco-locale entre le Département et l’ARS afin d’avoir la main sur beaucoup plus de dossiers et des leviers pour faire du cas par cas intelligent sur la proximité. »