En Croatie, l’hectare de terre vaut moins de 4 000 €, à Malte, plus de 230 000 €. Parmi les dix régions de l’Union européenne où le foncier est le moins cher, trois sont françaises avec la Bourgogne en tête.
La Dordogne et d’autres départements français sont des terres de conquêtes pour les éleveurs néerlandais. Lorsqu’ils ne peuvent pas reprendre des fermes familiales, ou tout simplement s’installer dans leur pays pour des raisons budgétaires, certains d’entre eux n’hésitent pas à faire carrière en France où les prix des terres libres sont bien inférieurs à ceux en vigueur dans leur pays. Selon Eurostat, un hectare vaut aux Pays-Bas 85 000 €1, soit l’équivalent de quatorze hectares en France (environ 6 100 €/ha). À l’échelle européenne, l’hectare se vend 10 600 € en moyenne. Mais le prix du foncier entre les Vingt-Sept pays varie de 1 à 60.
La France dépassée
En 2022, l’hectare de terre s’échangeait 3 700 € en Croatie et plus de 230 000 € à Malte, où le marché foncier est réduit à peau de chagrin. Hormis cette île méditerranéenne, ce sont les Pays-Bas qui remportent, comme chaque année, la palme des prix des terres les plus élevés de l’Union européenne. Chaque hectare vaut en moyenne vingt-trois hectares croates ! En France, le foncier se vend à peine plus cher qu’en Estonie (5 700 €) où le marché se tend un peu plus chaque année. Parmi les Vingt-Sept pays européens, seuls six commercent leurs terres moins chères qu’en France. Le statut du fermage et l’encadrement des loyers qui en découle évitent toute hausse excessive des prix. Sinon, l’investissement ne serait plus rentable. Ailleurs, percevoir des loyers plus élevés renchérit mécaniquement la valeur des terres détenues. Celle-ci évolue aussi en fonction de la conjoncture agricole, des montants des aides Pac versées, des taux d’intérêt et de la pression foncière. En conséquence, la France est chaque année dépassée par un ou deux pays européens où les prix du foncier s’envolent. Le dernier en date est la Bulgarie (7 300 €/ha ; + 1 300 € en un an et + 2 000 € en quatre ans). En Roumanie (8 050 €/ha), le prix de l’hectare de terre a été multiplié par quatre en cinq ans. En Pologne (12 700 €/ha), l’hectare de terre vaut dorénavant un hectare en Suède et en Tchéquie et dans quelques années, il vaudra un hectare en Grèce ! En fait, les terres les moins chères de l’Union européenne sont baltes (autour de 4 400 €/ha en Lettonie), slovaques (4 800 €) et croates. Mais dans ces pays, le prix du foncier progresse fortement chaque année. A contrario, l’hectare de terre vaut plus de 15 000 € dans cinq pays européens (Irlande, Pays-Bas, Luxembourg, le Danemark et la Slovénie).
Des écarts plus importants entre régions
Entre régions européennes, l’écart du prix des terres est de 1 à 80. À Malte, un hectare était vendu en moyenne 233 000 €/ha et en Bourgogne-Franche-Comté 2 950 €/ha. Hormis Malte, les régions où le foncier est le plus élevé sont les Îles Canaries (120 000 €/ha) et cinq régions néerlandaises (plus de 70 000 €/ha). Puis suivent quelques autres où l’hectare de terre vaut plus 20 000 €/ha. Parmi les dix régions européennes très bon marché, trois sont françaises (Pays de la Loire ; Auvergne-Rhône-Alpes et évidemment Franche-Comté-Bourgogne). La Nouvelle-Aquitaine est dans les vingt dernières régions européennes. En France, les prix des terres sont les plus chers en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 12 020 €. Dans trois régions françaises, les transactions foncières se font à des prix (< 4 800 €/ha) équivalents à ceux observés en Lettonie et en Lituanie et dans une partie de la Bulgarie. Dans quatre autres régions (Nouvelle Aquitaine, Grand-Est par exemple), la valeur de la terre équivaut à celle observée en Hongrie ou encore en Estonie (entre 4 800 €/ha et 7 100 €/ha). Seules les terres franciliennes et des Hauts-de-France se vendent au même prix qu’en Pologne !