BOUES DE STATION D'ÉPURATION
Boues chaulées de la ville de Bourg : un troisième plan d’épandage dans les tuyaux

Patricia Flochon
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En 2023, plus de 7 300 tonnes de boues de la station d’épuration de la ville de Bourg-en-Bresse ont été épandues sur les parcelles de 44 exploitations agricoles. La révision du plan d’épandage et la construction d’une nouvelle plateforme de stockage entraîneront un bouleversement du calendrier des épandages, non sans conséquences économiques pour les Cuma. Explications. 

Boues chaulées de la ville de Bourg : un troisième plan d’épandage dans les tuyaux
Présidé par Morgan Merle (à droite), le syndicat a tenu son assemblée générale le syndicat 16 février dernier. ©PF

Chaque année, l’assemblée générale du syndicat des utilisateurs de boues chaulées de la ville de Bourg-en-Bresse dresse le bilan des épandages réalisés, présentation à l’appui de la qualité sanitaire des boues. Pour rappel, les boues de la station de traitement des eaux usées de Bourg-en-Bresse sont valorisées par épandage agricole depuis 1994 dans un cadre réglementaire. Le plan d’épandage actuel, mis à jour en 2004, a été révisé en 2023, déposé auprès des services de l’État dans le cadre d’une autorisation environnementale et fera l’objet d’une enquête publique courant 2004.
Des boues dont le transport et dépotage en bout de parcelles sont réalisés par la SAS Céretrans, puis reprises et épandues par les Cuma de Saint-Etienne-du-Bois « Le Chatelet », Saint-André-sur-Vieux-Jonc et Servas-Lent. Quatre chantiers d’épandage ont été réalisés en 2023 (en mars, avril, juillet-août et septembre), pour un total de 7 318 tonnes de boues brutes épandues (soit 2 373 tonnes de matière sèche) sur des parcelles de 44 exploitations agricoles (pour une surface totale de 598 ha). Près de 691 000 kg de chaux ont été apportés aux boues épandues. 
 
Le devenir des boues très « encadré » par la réglementation
 
Depuis 1994 ce sont quelque 152 900 tonnes de boues qui ont ainsi été épandues sur 12 394 ha. Trente années d’épandage agricole très encadré. Cette année encore, Christian Buatier, d’AGER Conseil, le certifie : « les boues de la station de la ville de Bourg sont des boues de qualité, qui répondent à la réglementation. » Présente à cette assemblée générale, Laureline Catel, responsable du service Environnement et Qualité à la direction du Grand cycle de l’eau de Grand Bourg Agglomération a rappelé que : « 70 % des boues sont épandues en France, soit directement, soit après avoir été compostées. On y ajoute de la chaux pour les hygiéniser. Elles présentent des intérêts agronomiques, environnementaux : réduction des engrais minéraux, recyclage de la matière, et stockage du carbone dans les sols, et des intérêts économiques : filière locale limitant le transport des boues, pas de coûts d’admission en plateforme de compostage ou en incinérateur, coût pris en charge par le producteur des boues. » Et de préciser : « De plus en plus de questions sont posées sur leur innocuité. La réglementation sera de plus en plus contraignante. Un nouveau décret devrait paraître dans les mois à venir qui va intégrer de nouveaux paramètres. Son application prendra effet 18 mois après l’entrée en vigueur des textes. »
 
Entrée en vigueur du troisième plan d’épandage prévue en mars 2025
 
En préambule de la présentation du futur plan d’épandage, Jonathan Gindre, vice-président à l’environnement, l’eau et l’énergie de Grand Bourg Agglomération a rappelé les vertus du partenariat entre la collectivité et la profession agricole : « C’est un système qui fonctionne bien, grâce à l’engagement des agriculteurs. Quarante-quatre exploitations agricoles engagées dans le dispositif sur 37 communes, cela montre qu’il y a une réelle dynamique que nous avons le souhait de pérenniser », tout en annonçant la volonté de GBA d’accroître le périmètre du plan d’épandage des boues qui évoluera, d’un potentiel de 3 300 ha épandables (plan d’épandage n°2 datant de 2005) à 3 800 ha épandables dans le plan d’épandage n°3 dont l’entrée en vigueur est prévue en mars 2025. En cours d’instruction, le dossier sera soumis à enquête publique à partir de l’été prochain. Le stockage des boues se poursuivra sur la plateforme historique basée sur le site de la Tienne à Viriat jusqu’en septembre 2024. 
 
Calendrier des épandages modifié 
 
Un projet de nouvelle plateforme de stockage, qui sera séparée des activités d’Organom, vient bouleverser le calendrier des épandages. En clair, ces derniers se dérouleront comme habituellement jusqu’en septembre prochain, mais seront suspendus au printemps 2025 et réduits aux étés 2025 et 2026. Selon Florian Chagnard, directeur-adjoint du Grand cycle de l’eau à GBA : « La nouvelle plateforme sera complètement clôturée. Il s’agira d’un bâtiment couvert d’une capacité de dix mois de stockage, avec un accès spécifique, un local technique, et une fosse de réception des lixiviats. Une couverture photovoltaïque est à l’étude. Un bâtiment couvert présente un double intérêt : générer moins de lixiviats et garantir la qualité des boues. » En marge des travaux de cette nouvelle plateforme, une partie des boues seront envoyées en composterie sur trois sites agréés (Châtillon-sur-Chalaronne, Ambronay et Chalon-sur-Saône). Morgan Merle, président du syndicat des utilisateurs de boues chaulées de la ville de Bourg-en-Bresse, n’a pas manqué de soulever un point important passé sous silence lors cette présentation par Grand Bourg Agglomération : « La réduction des épandages entraînera un manque à gagner pour les Cuma qui ont investi dans le matériel. L’Agglo n’a pas prévu de budget pour combler cette perte économique pour nos Cuma. » Un « oubli » confirmé par Jonathan Gindre, auquel la fédération départementale des Cuma ne manquera pas de réagir dans les semaines à venir au regard du service rendu à la collectivité par la profession agricole. À suivre.