INSTALLATION
William Humbert, éleveur laitier dans l’âme
Jeune, passionné d’élevage et par son métier, William Humbert, installé il y a deux ans à Saint-André-sur-Vieux-Jonc, nous ouvre les portes de son exploitation. Rencontre.
Dans notre série « portraits de jeunes installés », nous allons à la rencontre cette semaine de William Humbert, éleveur laitier à Saint-André-sur-Vieux-Jonc. Installé le 1er janvier 2022, il est la quatrième génération d’éleveurs sur la ferme familiale, aujourd’hui le Gaec des Fraisières, associé avec son père, Gérard. Après un Bac STAV1 (au lycée Les Sardières de Bourg-en-Bresse), un BTS ACSE2 (Legta3 de Fontaines en Saône-et-Loire), puis l’obtention d’un CS (Certification de spécialisation) Conduite de l’élevage bovin lait (au centre d’élevage de Poisy, en alternance), il sera salarié de 2017 à 2021 avant de rejoindre l’exploitation familiale : « J’ai toujours voulu m’installer, depuis mon plus jeune âge. Mais je souhaitais auparavant avoir une expérience. Être salarié d’une Cuma m’a permis d’élargir mes connaissances et mes compétences. » Une installation somme toute « classique » (installation aidée avec DJA4), bien vécue, même si « la transformation de l’entreprise individuelle en Gaec, conjuguée avec l’installation, a engendré un suivi du dossier plus complexe. »
Père et fils sont aujourd’hui à la tête d’un cheptel de 75 mères de race Montbéliarde, pour une production d’environ 550 000 litres livrés à la Coopérative Bressor. Lors de l’installation de William, le Gaec a investi dans une nouvelle salle de traite : 2x8, des épis 50 degrés à sortie rapide permettant d’optimiser l’entrée et la sortie des vaches et donc de gagner du temps à la traite. Avec un projet d’agrandissement de la stabulation d’ici trois ans avec création de logettes matelas. « Les vaches sont sur aire paillée. Les matelas permettront d’avoir plus de souplesse et de dégager du temps de travail », explique l’éleveur.
Autonomie alimentaire et productivité
Polyvalent sur l’exploitation, William Humbert avoue apprécier tous les postes de travail, qu’il s’agisse de la traite, du suivi du troupeau ou encore des cultures. Sur une SAU de 160 ha, le binôme père – fils cultive céréales à paille, maïs et 4 ha de luzerne (autoconsommée en foin d’enrubannage). Situés en zone vulnérable, ils sont tenus d’implanter des couverts végétaux (en majorité récoltables, toujours dans une optique d’autonomie alimentaire). La ration des animaux se compose d’ensilage maïs et maïs épi, ensilage d’herbe, foin de luzerne, minéraux, carbonate de calcium, sel, tourteau de soja… L’exploitation, équipée d’une mélangeuse distributrice, adhère à la Cuma de Saint-André-sur-Vieux-Jonc, dont Gérard Humbert est administrateur, principalement pour le matériel de récolte (ensileuse, moissonneuse-batteuse).
L’amélioration génétique du troupeau est également une composante importante pour les éleveurs qui font appel à AGS (Ain Génétique Service) pour les inséminations artificielles. Certains veaux mâles ont déjà intégré la station de Ceyzériat, preuve du bon niveau du cheptel. « Notre objectif est d’avoir un troupeau homogène et complet, avec une productivité de lait assez élevée, mais sans dégrader les aplombs », précise William. Les veaux de lait mâles (abattus à 100 jours), croisés Charolais et Montbéliarde, et génisses de 30 mois, sont valorisés en circuit court. Une viande de qualité vendue en caissettes et steaks hachés, depuis une dizaine d’années à une clientèle locale fidèle.
Epanoui dans son métier et optimiste pour l’avenir
Epanoui dans son métier d’éleveur, William Humbert est adhérent depuis déjà cinq ans aux Jeunes Agriculteurs de son canton de Bourg-Villars. Un bon groupe, et une belle dynamique qu’il partage également avec sa bande copains chasseurs qu’il retrouve le week-end pour aller débusquer le sanglier. Quant à sa vision de l’avenir, elle se veut optimiste, même si les récentes mobilisations ont prouvé qu’il reste encore des avancées à obtenir : « Je soutiens le mouvement. En France, on a une loi EGAlim qui n’est pas suffisamment respectée, du moins facilement contournable par la grande distribution. Le mouvement a permis de faire prendre conscience de la réalité. » Et d’ajouter : « Nous avons la chance dans le lait que le prix payé au producteur a suivi l’augmentation des charges. Aujourd’hui je vis correctement de mon métier. Si le prix du lait se maintient, tout ira bien. Dans trois ans, au départ en retraite de mon mère, la suite sera assurée par l’arrivée de mon petit frère, Thibault, qui est aujourd’hui salarié de la Cuma de la commune. » Sa sœur aînée exerce quant à elle le métier d’inséminatrice au sein d’Ain Génétique Service.
1 Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant.
2 Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole.
3 Lycée d’enseignement général et technologique agricole.
4 Dotation jeune agriculteur.
Fiche d’identité de l’exploitation
Nom : Gaec des Fraisières
Lieu : Saint-André-sur-Vieux-Jonc
Associés : William Humbert et son père, Gérard
SAU : 160 ha (42 ha de céréales à paille : blé, orge ; 42 ha de maïs ; 76 ha de prairies permanentes et temporaires)
Cheptel : 75 mères montbéliardes avec la suite (150 animaux au total) ; génisses pour le renouvellement
Production laitière : 500 000 litres livrés à la coopérative laitière Bressor
Commercialisation de viande en caissettes et steaks hachés